une première mise en examen dans le « Qatargate »


Reynald Temarii, à Zurich (Suisse), le 18 novembre 2010.

C’est une première mise en cause qui pourrait en entraîner d’autres. Après sept ans d’enquête, une mise en examen a été prononcée par la justice française dans le dossier tentaculaire du « Qatargate », a appris Le Monde. Elle concerne le volet polynésien de l’information judiciaire ouverte, en 2019, pour « corruption, blanchiment, recel et escroquerie » par le Parquet national financier (PNF) sur l’attribution controversée, en 2010, de la Coupe du monde 2022 de football au Qatar.

Selon nos informations, les juges d’instruction Serge Tournaire et Virginie Tilmont ont signifié par courrier, lundi 22 mai, à l’ancien vice-président tahitien de la Fédération internationale de football association (FIFA) et ancien patron de la Confédération océanienne de football (OFC), Reynald Temarii, sa mise en examen dans ce dossier, pour « corruption passive ».

Initialement placé, en 2021, sous le statut de témoin assisté, M. Temarii, 55 ans, est soupçonné par les magistrats d’avoir passé, fin 2010, un pacte avec le milliardaire qatari Mohamed Ben Hammam, dit « MBH », alors vice-président de la FIFA et patron de la Confédération asiatique de football, « en contrepartie d’un soutien à la candidature du Qatar à l’organisation de la Coupe du monde 2022 ». Contacté, l’avocat de M. Temarii, Gilles Jourdainne, « a pris acte de l’avis de mise en examen, mais ne dispose pas, à ce jour, de la motivation pour faire un commentaire ».

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« C’est une bonne chose d’apprendre que l’affaire avance et qu’elle permettra de tirer au clair des questions qui se posent dans le temps », déclare Jean-Baptiste Soufron, l’avocat d’Anticor, partie civile dans ce dossier.

305 440 euros ont été versés « de manière occulte »

Au terme de l’enquête préliminaire menée, entre 2016 et 2019, par le procureur Jean-Yves Lourgouilloux, le PNF soupçonnait M. Ben Hammam, 74 ans, d’avoir tenté de « neutraliser un vote favorable aux concurrents du Qatar », le 2 décembre 2010, en payant les frais de défense de M. Temarii, suspendu pour « déloyauté » par le comité d’éthique de la FIFA, quelques semaines avant le vote.

Le PNF estimait que MBH a encouragé M. Temarii, qui n’avait plus le droit de vote, à faire appel de sa sanction, afin « de bloquer la nomination d’un nouveau représentant » de l’OFC, hostile au Qatar lors du scrutin d’attribution.

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Au total, 305 440 euros ont été versés « de manière occulte » pour les frais d’avocats de M. Temarii par MBH par le biais de deux compagnies qatarie et libanaise, en deux versements de février et avril 2011, sur le compte suisse de JCB Consulting International, société de Jean-Charles Brisard, consultant spécialisé dans l’intelligence économique et les filières terroristes.

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