une unité psychiatrique ferme, des jeunes laissés sans accompagnement



Depuis un mois, le service psychiatrique des 16-25 ans a fermé ses portes au CH de Tourcoing, laissant des jeunes sans accompagnement.

Dans de nombreuses villes françaises, le manque de personnel hospitalier est pointé du doigt, alors qu’Emmanuel Macron a annoncé en avril vouloir “désengorger” les services d’urgence d’ici la fin de l’année prochaine.

Dans le Nord, cette carence de professionnels de la santé pourrait avoir de graves conséquences. Au centre hospitalier de Tourcoing, le service psychiatrique des 16-25 ans a fermé en mai, faute de soignants. Le service lié à l’EPSM (Etablissement psychiatrique de santé mentale) Lille-Métropole a dû transférer les soignants vers d’autres secteurs.

“Une équipe très douce”

Kenzo était suivi par cette unité depuis cinq ans. Il estime que la fermeture du service est “un danger”, alors qu’il se considère lui-même “sauvé” par les infirmiers. “J’en ai eu besoin plusieurs fois et je pense que sans cette unité-là, je ne serai pas là aujourd’hui pour parler”, confie le jeune homme à BFM Lille.

Il se rappelle avoir eu peur de rentrer dans l’unité la première fois, quand il avait 16 ans. Pour autant, c’est “une unité avec des gens d’à peu près votre âge avec une équipe très douce, très à l’écoute, ça aide”, assure Kenzo.

Les jeunes n’iront plus se faire soigner?

Après le transfert des soignants, les jeunes ont été redirigés en psychiatrie générale. Une situation compliquée pour Kenzo qui pense que les soins ne sont pas adaptés. “Les soins ne sont pas les mêmes donc les résultats ne seront pas les mêmes non plus”, estime le jeune.

Il va même plus loin en indiquant que les adolescents et les jeunes adultes “n’iront plus se faire soigner, se faire aider, se faire écouter”. C’est d’ailleurs son cas. “J’aurai besoin d’être hospitalisé, mais je ne veux pas l’être dans les services en place, parce que je sais que ça me fera plus de mal que de bien”, juge ce dernier.

“Quand les gens vont là-bas, ils n’ont pas un rhume, ils ont envie de mourir pour beaucoup”, alarme Kenzo qui concède que “cette unité leur donne goût à la vie”.

Une réouverture espérée pour la rentrée

La Direction de l’EPSM rappelle que cette fermeture est temporaire, le temps de trouver de nouveaux postes. Mais pour les syndicats, les jeunes patients sont mis en danger sans ce service.

“Etre dans un service d’adulte, avec des pathologies psychiatriques très lourdes, on a par exemple des psychopathes. C’est très lourd pour des jeunes”, explique David Meesman, délégué CGT EPSM Lille-Métropole.

Il regrette le manque de structures pour les jeunes dans la région. À Tourcoing, la réouverture de l’unité 16-25 ans est espérée pour la rentrée, si une nouvelle équipe est formée d’ici là.

Philippine Potentier et Clément Polyn avec Alicia Foricher



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