Vitolio Kavakava, l’âme calédonienne en mission



« Je suis là avant tout pour apprendre. » Après sa septième place obtenue lors de la finale de lancer de javelot (catégorie F57), samedi 31 août, Vitolio Kavakava, 29 ans, joue les modestes. L’homme, qui dispute ses premiers Jeux paralympiques, rêve en douce d’une médaille à l’arrivée. À nouveau en compétition le vendredi 6 septembre pour le lancer de poids, le sportif souhaite encore goûter au doux parfum d’un Stade de France en ébullition. Derrière ses yeux rieurs, « Vito » sait que sa présence à Paris symbolise à elle seule la résilience et l’abnégation dont font preuve les sportifs de haut niveau en para-athlétisme.

Sportif un jour, sportif toujours

En 2019, ce grand gaillard de 1,93 m a vu sa vie basculer après un accident de moto qui le privera de sa jambe gauche. Sportif depuis sa tendre enfance, celui qui évoluait alors dans l’univers du volley-ball, à un bon niveau, confie : « Je n’ai pas redouté de devoir dire au revoir au sport, après mon accident. À l’hôpital, j’ai senti que je ne pourrais plus faire de volley, mais je savais que, en dehors de ma jambe, j’avais le reste. Avec 90 % du corps, je pouvais viser d’autres choses. » Cette aptitude à surmonter les difficultés du monde du handicap, le sportif la doit à son enfance aux côtés de son père, chargé de transporter des personnes à mobilité réduite, matin et soir, à l’école. « J’ai vu de quoi étaient capables ces personnes-là. »

Du volley-ball, sport collectif par excellence où il évoluait à Mérignac (Gironde), il passera au javelot, sport individuel où l’on « ne peut s’en prendre qu’à soi-même ». « C’est ironique car, quand j’étais petit, j’évitais à tout prix l’athlétisme car il faisait trop chaud au stade, je préférais me réfugier dans des salles climatisées », s’amuse-t-il.

Visage d’une terre oubliée

Résident depuis sa scolarité en Nouvelle-Calédonie, il s’essayera un temps à la rame, mais devant le manque d’infrastructures en la matière pour les personnes en situation de handicap, il se tourne vers le javelot, au sein du Handi Club calédonien (HCC). Grand bien lui en a pris : en seulement quatre ans, le prodige français deviendra une référence, battant son propre record en juin 2024, à 46,63 m, quelques semaines seulement avant les Jeux paralympiques. Une percée soudaine dans le monde du para-sport et un ticket d’entrée pour Paris qui n’a pas été sans sacrifices.

Plongée dans une période trouble avec l’insurrection et les émeutes, sur fond de réforme du corps électoral, la Nouvelle-Calédonie n’a pas offert au sportif le cadre idéal pour s’entraîner. « Avec les événements récents, il a fallu s’adapter pour trouver des créneaux d’entraînement. C’était quasiment au jour le jour, en raison des mesures de sécurité, explique-t-il. C’est dur de se réveiller le matin en voyant que ton pays ne va pas bien. Puis quitter ses enfants, le matin, pour s’entraîner dans ce contexte, ça n’est jamais évident. »

« J’espère que ma présence aux Jeux apportera un peu de joie en Nouvelle-Calédonie, que ça pourra changer les idées de certains de mes compatriotes, souffle-t-il. Si le sport permet de remonter le moral des gens, c’est déjà une victoire. »



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