18 mois de prison ferme requis contre son patron Sadri Fegaier
Le parquet a requis ce mercredi une peine lourde de deux ans de prison dont 18 mois ferme à l’encontre de Sadri Fegaier, le dirigeant du groupe Indexia, basé à Romans-sur-Isère (Drôme), jugé avec six de ses sociétés depuis 10 jours par le tribunal correctionnel de Paris pour pratiques commerciales trompeuses, dans le cadre de contrats d’assurance pour téléphones portables et appareils multimedia.
« Sadri Fegaier est passé maître dans l’art de tromper sans véritablement mentir », a tancé la procureure Anne Proust dans son réquisitoire, évoquant « une fraude massive comme on en rencontre assez peu ». Elle a demandé un mandat de dépôt à son encontre, « pour le mettre hors d’état de nuire », mais aussi 300 000 euros d’amende. La magistrate a décrit une « stratégie d’entreprise émanant de la direction » pour mettre en place des circuits « opaques » visant à « garder le consommateur » pour « continuer à prélever » malgré leurs demandes répétées de résiliation et de remboursement. Des sommes souvent « modestes », mais mises en place à grande échelle et qui totalisent un préjudice de plus de 23 millions d’euros.
« Celui qui met en musique les pratiques commerciales trompeuses »
Au coeur du mécanisme, il y a les téléconseillers, chargés de livrer un « discours très rassurant » fait de nombreuses « astuces commerciales » : « Vous baladez le client, vous gagnez du temps, et vous ne remboursez pas », résume la procureure. En définitive, « des milliers de particuliers ont été dépouillés, abîmés par ces pratiques ».
« Sadri Fegaier est l’alpha et l’omega du groupe », estime encore Anne Proust. « Il est l’initateur et celui qui met en musique les partiques commerciales trompeuses et in fine, il en est le le bénéficiaire économique. » Il a « bâti sa fortune sur un business model frauduleux ». « Ce dossier est un puissant révélateur mettant en relief les drives des pratiquescommerciales », ajoute la représentante du ministère public, considérant que le dossier Indexia parle aussi « de notre rapport à la consommation ».
« Il n’a exprimé aucun regret »
Mardi, Me Emma Leoty, principale avocate de parties civiles de ce gigantesque dossier, avait fustigé dans sa plaidoirie une « volonté parfaitement établie de retenir le client pour mieux le ponctionner », et dénoncé un système volontairement mis en place par Sadri Fegaier, également poursuivi pour obstruction à l’enquête de la Répression des fraudes. À l’audience, « il n’a exprimé aucun regret », a-t-elle aussi souligné.
Des accusations rejetées la veille par le prévenu, lors de son interrogatoire, expliquant à la barre que « chaque cas est spécifique ». « À aucun moment, il n’y avait une stratégie pour ne pas rembourser les clients, assure l’ancien milliardaire. Je tiens à le dire. Le service qualité traitait la demande du client. C’était interdit chez nous de ne pas traiter. »