Allemagne : ce que l’on sait sur la fusillade mortelle près du consulat général d’Israël à Munich
Un homme a été abattu par la police, après avoir ouvert le feu sur des policiers près du consulat d’Israël et du centre de documentation sur le nazisme à Munich, ce jeudi 5 septembre, jour anniversaire de la commémoration de la prise d’otages aux Jeux olympiques de 1972 dans la capitale bavaroise. La police allemande a estimé jeudi qu’un « attentat terroriste » contre le consulat général d’Israël à Munich était en préparation.
Ce qui s’est passé
Vers 9 heures jeudi, un homme a ouvert le feu sur des policiers dans les environs du consulat d’Israël et du centre de documentation nazi à Munich, la capitale de la Bavière, une région au sud de l’Allemagne à la frontière avec l’Autriche. Il a utilisé une carabine ancienne munie d’une baïonnette, d’après la police de Munich.
Il a tiré spécifiquement sur cinq policiers, qui ont riposté, selon le ministre de l’Intérieur de Bavière, Joachim Herrmann. Le tireur est mort sur le coup. Aucun policier n’a été blessé. Rien n’indiquait en début d’après-midi qu’il y aurait un autre suspect. En fin d’après-midi, la police allemande a estimé qu’un « attentat terroriste » contre le consulat général d’Israël à Munich était en préparation. Les enquêteurs se concentrent particulièrement « sur la motivation du suspect ».
Le quartier a été entièrement bouclé à la circulation par la police pendant plusieurs heures, qui avait demandé aux habitants d’éviter le secteur. Les autorités locales ont mis en ligne un site pour aider les enquêteurs, sur lequel les témoins peuvent partager des vidéos et des photographies.
Le profil du suspect
La police a précisé que le tireur est un Autrichien de 18 ans. Il résidait dans la région autrichienne voisine de Salzbourg selon les informations de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel et du quotidien autrichien Der Standard. Mais selon les deux médias, le suspect abattu est un islamiste connu des services de sécurité.
La police avait enquêté l’an dernier le suspect vivant car il faisait de la propagande pour le groupe État islamique (EI). Mais l’enquête a ensuite été abandonnée, écrivent-ils. Il serait venu à Munich en voiture. Il avait garé son véhicule près de la scène de crime, selon la police.
Un lieu et une date bien particuliers
Le tireur semble avoir choisi le jour anniversaire de la commémoration de la prise d’otages sanglante du 5 septembre 1972, durant les Jeux olympiques qui se déroulaient précisément à Munich. Lors de cette attaque commise par un commando palestinien, onze athlètes israéliens avaient été tués, ainsi qu’un policier et cinq preneurs d’otages.
Lors de cette attaque commise par un commando palestinien, onze athlètes israéliens avaient été tués, ainsi qu’un policier et cinq preneurs d’otages. L’Autrichien a, par ailleurs, choisit de tirer à proximité du consulat d’Israël et centre de documentation sur le nazisme. Érigé en 2015, ce centre, appelé NS-Doku en allemand, se trouve dans l’ancienne « Maison brune », la centrale du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP).
Une multiplication des actes antisémites
Depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, la multiplication des délits antisémites inquiète particulièrement en Allemagne, pays qui, en raison de la Shoah, a élevé le soutien à Israël au rang de raison d’État. Plus de 5 160 délits de ce type avaient été enregistrés en 2023, contre 2 641 en 2022, selon les renseignements intérieurs.
L’une des attaques antisémites les plus marquantes de l’après-guerre en Allemagne s’est toutefois produite en 2019 : deux personnes ont été tuées après qu’un néonazi a tenté de prendre d’assaut une synagogue à Halle, dans l’ex-RDA, lors de la fête juive de Yom Kippour. Le Conseil central des juifs d’Allemagne estime à environ 100 000 le nombre de juifs pratiquants dans le pays et à environ 100 le nombre de synagogues.
Sur le réseau social X, le président israélien, Isaac Herzog, a « exprimé son horreur » sur ce qu’il a qualifié d’ « attaque terroriste ». Les autorités allemandes, elles, se montrent de leur côté plus prudentes en soulignant que « les motivations du suspect » doivent être encore clarifiées.
La ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, a parlé d’un « acte très grave » et assuré que « la protection des établissements juifs et israéliens est une priorité absolue ». En raison de la situation, une cérémonie commémorant les victimes de la prise d’otages de 1972 a été annulée à Fürstenfeldbruck, où les athlètes israéliens avaient été abattus.