Arrêtez de vous fixer des bonnes résolutions en janvier, elles sont quasi impossibles à tenir


En début d’année, après s’être remis du 31, il est de bon ton de se lancer dans la recherche de bonnes résolutions. Être plus attentif en cours, se mettre au sport, mettre de l’argent de côté pour un voyage, arrêter de craquer sur de la fast fashion, les pistes de réflexion ne manquent en général pas. Pourtant, non seulement la période n’est pas propice, mais en plus l’échec probable tant le moment est impersonnel. Résultat, c’est décourageant. On a rencontré Célia Belrose, psychologue clinicienne, qui vous aide à déterminer comment s’y prendre et quand.

Y a-t-il un intérêt à faire une liste de bonnes résolutions le 1er janvier ?

C’est mieux de faire un bilan de l’année écoulée plus qu’avoir de bonnes résolutions. L’idée c’est de savoir ce qui a fonctionné, ce qui a moins bien fonctionné et, surtout, ce qu’on veut mettre en place pour l’année à venir, à savoir des objectifs plus que des résolutions.

Le changement d’année peut être un point de départ, mais toute autre situation comme un anniversaire important ou un jour en fonction d’une religion peut être un autre point de départ pour mettre en place un nouvel état d’esprit.

Je préfère le terme objectif, car on vise un objet ou une situation clé à atteindre et pour laquelle on peut décomposer avec des stratégies et différentes étapes pour y arriver.

Résolution, étymologiquement, c’est défaire un nœud, ça veut dire que dans son esprit on se dit qu’il y a un nœud, on pense résolution de quelque chose qui ne va pas. On pointe ce qui ne va pas, comme « j’arrête de fumer », mais il faut savoir que l’inconscient n’a pas le sens du négatif. Quand on dit « je veux arrêter de fumer » ou « je ne veux plus fumer », le cerveau va juste penser « fumer ». Idem, quand on dit « ne pense pas à l’ours blanc », c’est l’image de l’ours qui nous vient en tête.

Aussi, se dire « j’arrête de fumer », « je vois plus ma famille », ça n’ouvre pas le champ des possibles, mais le restreint au point bloquant. Alors qu’en faisant le point, on voit ce qui a fonctionné, ou moins bien. Potentiellement, il y a aussi les choses positives qu’on a faites dans l’année, et l’année à venir se dessine bien autrement !

Changer le terme suffit-il ?

Non, car d’un point de vue de la nature et du cycle de vie, les mois de décembre et janvier ne sont clairement pas le meilleur moment, et notre organisme n’a pas l’entrain nécessaire pour changer. Les objectifs ou les bonnes résolutions sont des choses qui nous contraignent.

Or il fait froid, on perd en luminosité depuis un moment alors qu’on sait que la perte de luminosité altère l’état d’esprit et joue sur les dépressions hivernales et enfin on sort d’une période de fête qui peut être compliquée pour les personnes isolées ou les familles conflictuelles. Avec tout ça on dit à notre cerveau qu’il faut prendre des engagements pour sortir de notre zone de confort ! Si on n’a pas de bons starters pour démarrer, pour nous motiver, ça ne va pas le faire ! Le moment le plus encourageant pour avoir des objectifs et des résolutions, c’est quand on gagne en luminosité, les fleurs bourgeonnent, c’est le printemps !

Ensuite, le jour de l’an d’un point de vue personnel n’est pas motivant : en histoire personnelle, à moins qu’il se soit passé quelque chose pour nous, ça n’a pas d’impact émotionnel. Alors qu’à une autre date qui nous impacte, la promesse qu’on se fait aura plus de portée sur le long terme. Il y a plusieurs motivations dont celle intrinsèque, qui vient de nous, et extrinsèque, qui fait plaisir aux gens. La première aura plus de portée sur le long terme.

Comment fixer des objectifs qui soient atteignables ?

Déjà il y a une courbe de stress naturelle, car notre corps est physiologiquement réactif à l’environnement. Un des indices, c’est le stress, qui permet de mieux réguler notre mieux-être. Si nos objectifs sont trop élevés, ils engendrent un trop grand stress. On doit s’en fixer qui soient réalisables et pour le savoir, il faut simplement être honnête avec soi-même, se connaître et mettre des strates dans nos objectifs.

C’est se dire qu’en mars, je me fixe d’arrêter de fumer, j’essaye d’arriver à la moitié de ma consommation actuelle pour fin juin et un arrêt total pour fin août. Ça c’est ok, car on y est allé étape par étape. Si on arrive à la première étape, on passe à celle d’après ! C’est, à l’examen, viser le 10 ou le 8 pour avoir le rattrapage.

On n’a pas intérêt à viser bas dans ce cas ?

Non, car ça va nous cantonner dans un climat de médiocrité et nous mettre dans une illusion de réalité. Il vaut mieux se fixer des objectifs réalisables qu’une fourchette basse, sinon, on ne pousse pas ses performances et une fois au travail, la donne est toute autre ! On sera tenté de croire qu’on est hyperperformant alors que non. Si on rate ses objectifs, ce n’est absolument pas grave, le but étant d’avoir des objectifs et des étapes.

L’erreur nous permet d’avancer et c’est comme ça qu’on apprend : quand on a l’honnêteté de soi et de la situation, passée la phase d’apitoiement et de tristesse, on doit remonter en selle. Il faudra déterminer pourquoi ça n’a pas fonctionné : on se connaîtra mieux et on aura des outils pour s’en sortir dans un autre cas de figure.

Depuis tout petit on fait des erreurs, il suffit de regarder un enfant qui apprend à marcher… en tombant ! L’erreur est un besoin pour performer et il faut qu’elle soit analysée a posteriori d’une manière productive. Les bonnes résolutions qu’on voit c’est s’inscrire à la salle de sport le 1er janvier. Sauf que le 15 mars, on est au fond de la couette et c’est très délétère !



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