Au Brésil, Google retire ce « simulateur d’esclavage » après une vague d’indignation


Un jeu vidéo dans lequel l’utilisateur se met dans la peau d’un maître d’esclave. Cette invraisemblable application, mise à disposition des utilisateurs du Play Store depuis le 20 avril, a provoqué une véritable levée de boucliers au Brésil.

Le Parquet a ouvert une enquête pour « discours de haine » contre cette application en portugais qui avait été téléchargée par plus d’un millier de personnes en milieu de semaine. Les joueurs étaient invités à « utiliser les esclaves pour s’enrichir » ou à « faire en sorte d’éviter l’abolition de l’esclavage pour accumuler de l’argent ».

Google réagit

Les consignes d’utilisation de l’application expliquaient que le jeu avait « été conçu uniquement à des fins de divertissement » et que ses créateurs « condamnaient tout type d’esclavage ». Après avoir retiré le jeu de sa plateforme Play Store, Google a assuré dans un communiqué que « les applications qui promeuvent la violence ou la haine contre des groupes de personnes ou des individus en raison de leur couleur de peau ou leur origine ethniques » y étaient proscrites. L’entreprise a par ailleurs invité les internautes à dénoncer tout contenu illicite.

Le ministère de l’Égalité raciale a dit dans un communiqué avoir réclamé auprès de Google « des mesures efficaces pour filtrer les contenus comportant des discours de haine, d’intolérance et de racisme », et « éviter qu’ils se disséminent aussi facilement, sans modération ».

Le racisme est encore très présent au Brésil, dernier pays d’Amérique à avoir aboli l’esclavage en 1888, et où plus de 56 % de la population est composée d’afro-descendants. « Le Brésil est un des pays qui compte le plus de consommateurs sur les plateformes de Google, et on y trouve cette application qui remémore l’époque de l’esclavage, avec des bonus pour ceux qui torturent le plus », a fustigé Renata Souza, députée régionale de gauche de Rio de Janeiro.

« Absence de régulation des réseaux sociaux »

« C’est non seulement du racisme, mais aussi du fascisme. Ici au Brésil, nous avons un mouvement néofasciste qui n’a pas peur de se montrer (…) en raison de l’absence de régulation des réseaux sociaux », ajoute cette parlementaire noire.

Google était déjà au cœur d’une polémique au début du mois, en critiquant ouvertement – avec des liens s’affichant sous son moteur de recherche – un projet de loi visant à réguler les contenus sur Internet. Le géant américain a fini par retirer ces liens, mais un juge de la Cour suprême a ordonné l’ouverture d’une enquête pour « campagne abusive » contre ce projet de loi qui devrait être voté prochainement au Congrès.

Les insultes racistes proférées dimanche en Espagne contre l’international brésilien Vinicius Jr sous le maillot du Real Madrid ont suscité une vague d’indignation dans tout le Brésil.



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