Beyoncé au Stade de France : hommage à Tina Turner, Blue Ivy sur scène et parterre de stars


Soirée de gala vendredi au Stade de France. Les chapeaux argentés, les masques, les robes longues, les strings léopards sont de sortie pour le retour de la reine. Beyoncé n’est pas venue en solo à Paris depuis sept ans. Le stade de Saint-Denis est rempli à ras bord. Les fans sont plus de 75 000 – 15 000 places ayant été remises en vente jeudi – lorsque les membres de son crew viennent faire les derniers réglages au pied de l’immense scène qui traverse le parterre quasiment dans sa largeur. Eux aussi sont stylés, l’un d’eux se ventile avec un éventail, pendant que les spectateurs vont remplir leur verre d’une bière sans alcool. Une consigne de l’artiste, dit-on dans les bars.

Beyoncé se fait un peu attendre. On l’annonçait à 20 heures, on commence à s’exciter à 20h30. Quand on aperçoit les danseurs arrivant derrière la scène. Les VIP s’installent. Le couturier Jean-Paul Gaultier dans la tribune, son confrère Olivier Rousteing dans le carré des invités. Les plus privilégiés ont des loges comme on n’en a jamais vu à Saint-Denis. Les plus exceptionnelles sont carrément sur scène, aux deux extrémités : deux fois cinquante personnes, qui ont payé leur billet 3000 euros. Les invités de la reine bénéficient d’une plate-forme dorée avec un bar installé sur pilotis au milieu du stade. Lenny Kravitz à qui Beyoncé souhaitera un bon anniversaire, et Pharrell Williams font leur petit effet en s’y rendant sous les applaudissements… Selena Gomez et Kylie Jenner sont plus discrètes. Jay-Z, lui, arrive au tout dernier moment.

L’hommage à Tina Turner

À 20h47, le stade explose de joie. L’immense écran prend vie et dévoile derrière un échafaudage le corps de Beyoncé allongée à demie nue. Elle nous regarde fixement, mais laisse vite la place à la vraie, qui surgit de sous la scène dans une robe scintillante. Elle s’adresse tout de suite à la foule : « Paris, France. Je vous aime. Je me sens si bien ici. Merci d’être là ce soir. Je vous aime tellement. ». Tout brille autour d’elle. Ses musiciens, ses danseurs, la scène en escaliers où ils jouent, ses premières vocalises, ses yeux lorsqu’elle rend hommage à Tina Turner. On espérait qu’elle ajouterait une reprise à son show deux jours après la mort de sa grande inspiratrice. Elle ne la chantera pas mais elle lui adressera ces mots : « si vous êtes fans de moi, c’est que vous êtes fans de Tina Turner. Je ne serai pas sur cette scène sans elle. Je veux que vous criiez pour qu’elle ressente votre amour. Je suis tellement bénie de l’avoir connue. »

Le show démarre en douceur. Les vingt premières minutes, qui correspondent au premier des sept chapitres du spectacle, sont assez « intimistes » et centré sur sa voix, qui impose sa puissance et sa majesté d’emblée. Tout sourire, elle s’approche de ses plus proches fans debout autour de l’immense proscenium qui avance jusqu’au centre du stade, chante « One + One » assise sur un piano à queue, puis une magnifique reprise du « I am going down » de Mary J. Blige. Chaque partie débute avec un petit film qui lui laisse le temps de se changer et installe l’ambiance. La deuxième est futuriste et baptisée « Renaissance », comme son dernier album.

Elle revient en body argenté et hautes cuissardes pour se lancer dans des chorégraphies robotiques avec une vingtaine de danseurs et danseuses habillés comme elle sur « Alien Superstar » et « Cozy ». Les gros plans sont millimétrés et les images somptueuses. Troisième tenue pour « Énergy » et son dernier tube « Break my soul », où elle bouge avec une trentaine de danseurs dans une ambiance de défilé de mode. Le cheval sur lequel elle posait sur la pochette de « Renaissance » apparaît sur scène. Il doit bien faire 10 mètres de haut. Des dizaines de ballons argentés sont agitées dans la fosse. « Vous êtes magnifiques », lance Beyoncé aux premiers rangs. « Je veux sentir votre énergie » dit-elle à tous les autres. La réponse est évidente. Tout le monde est debout, tout le monde danse. Le stade est une boîte de nuit géante.

Voyage à travers la musique noire américaine

Pendant le prochain intermède, Jay-Z apparaît dans la fosse encadré de ses gardes du corps. Il avance dans le rond central, où sont installés les VIP à 1500 euros. On s’attend à ce qu’il monte sur scène. Surprise, c’est leur fille Blue Ivy, 11 ans, qui arrive aux côtés de sa mère au cœur de la troupe et qui prend même sa place pendant que Queen B grimpe sur un véhicule argenté, mélange de hummer et de petit tank. Debout sur le toit, elle enchaîne « Run the world (girls) », « My power » qu’elle finit le poing levé. Sa performance vocale sur « Before I Let Go » est particulièrement impressionnante, tout comme sur « Love on Top » qu’elle finit a cappella avec le public et qu’elle enchaîne avec l’irrésistible « Crazy In Love » pendant qu’une énorme boule à facettes grimpe au-dessus des fans.

Pendant près deux heures et demie, elle nous entraîne dans un formidable voyage à travers la musique noire américaine, du music-hall des années 30 à Prince en passant par les Jackson 5. On ne la surprend jamais en faute de goût ou en manque d’élégance. Les cheveux toujours dans le vent, comme dans une pub L’Oréal, Beyoncé peut tout se permettre : chanter dans un coquillage, au milieu d’une forêt de micros pendant la furieuse « Heated », qu’elle présente comme sa chanson préférée, jouer les abeilles, un clin d’œil à « Queen Bee », la reine des butineuses.

Dans la dernière partie, elle laisse la scène à ses vingt danseurs, en particulier ses deux chorégraphes français, les jumeaux Twins, qui dévoilent un drapeau tricolore barré de leur ville d’origine Sarcelles et bougent au bout de deux perches qui flottent au-dessus de la fosse. Au milieu de cette débauche d’effets et de tableaux millimétrés, on s’étonne autant qu’on s’amuse de voir qu’elle ne cache pas le gros prompteur où défilent des paroles de ses chansons. Il est au milieu du public, au pied des invités.

Dernière chanson, dernières sensations. L’arène s’illumine de milliers de lumières. La reine réapparaît dans sa huitième et dernière tenue et sur son cheval, s’envole au-dessus de ses fans et repart dans un déluge de cotillons argentés. Elle vole tout en remerciant une dernière fois ses musiciens, ses danseurs et ses fidèles : « merci encore une fois d’être une si belle audience ».

« C’est la reine »

Chapeau de cowgirl, cuissardes et chaînes dorées autour du cou, Janad, 20 ans, habillée comme son idole, quitte le stade avec des paillettes dans les yeux. « C’était incroyable ! Beyoncé, c’est mon modèle, une inspiration au quotidien, explique cette jeune directrice artistique de Nanterre. C’est la seule pour laquelle je suis prête à payer 200 €. Elle fait tout en grand mais elle a aussi un contact hyperfacile avec le public. »

Dans le carré or, Stanislas, Enrico et Sajith, qui travaillent pour la maison de couture Balmain – associée à Beyoncé pour une collection récente -, ont eux aussi trouvé « le show fantastique ». « C’est la reine, résument-ils. Elle fait aujourd’hui ce que Madonna faisait dans les années 80. C’est la seule qui chante et danse en même temps et va aussi loin en termes d’inclusivité, de mode et de musique. »

Sabine et Delphine sont venues spécialement d’Anvers et Courtrai, en Belgique. « Même si on regrette qu’il n’y ait pas d’effet waouh, cela reste énorme ! Enfin, son concert est énorme… Car elle, elle a perdu du poids. » La drag-queen Bilella Fierce et ses amis Darell Washington et Mason Rodriguez, eux, ont fait carrément le voyage de Los Angeles et New-York pour voir leur idole. « Beyoncé est la meilleure, celle qui me fascine et m’émeut le plus, qui est la plus fun tout en étant la plus politique. Et c’est elle qui pratique le plus grand nombre de genres musicaux différents, s’enthousiasme Bilella Fierce, du haut de ses talons aiguilles. Aujourd’hui, aucune popstar ne lui arrive à la cheville. »



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