Bronca contre un débroussaillage à la Bastille de Grenoble


Une grande cicatrice balafre désormais la forêt de la Bastille, célèbre complexe fortifié de Grenoble (Isère), construit au XIXe siècle sur une montagne surplombant la ville. Deux hectares de végétation y ont été rasés, ne laissant que des copeaux de bois sur le sol et quelques arbres épars. « Ça fait moche », lance sans détour Théo, 8 ans, qui se promène en contrebas sur les quais de l’Isère avec sa maman. « Il y avait une belle forêt, bien verte au printemps, abonde-t-elle. Maintenant, une partie a été coupée, c’est visible depuis toutes les rues de la ville ».

« C’est un carnage pour la biodiversité »

Sur ces parcelles appartenant à l’État, ce débroussaillage sévère doit prévenir les risques d’incendies. Mais il n’a pas tardé à susciter le courroux des associations environnementales. « C’est un carnage pour la biodiversité, reproche Julien Perrier, administrateur de France Nature Environnement en Isère. On a récemment parlé de la diminution des oiseaux, et là, on détruit directement leur habitat, en pleine période de reproduction. Une soixantaine d’espèces sont présentes à la Bastille, dont certaines quasi menacées comme le pouillot véloce. »

Même indignation à la municipalité verte de Grenoble : « On bafoue cet espace naturel qui est un des symboles de la ville. Ce débroussaillage est trop extrême. Sans les racines, on risque des éboulements », déplore Gilles Namur, adjoint à la nature en ville, qui déploie pendant ce temps des chèvres sur d’autres zones de la Bastille pour justement débroussailler de manière plus douce.

« Ce débroussaillage nous a pourtant été expressément demandé par le maire Éric Piolle en août dernier, dans un contexte d’incendie aux portes de la ville, à Voreppe. Et c’est une obligation légale », insiste Jean-Luc Jacquet, responsable régional de la politique immobilière de l’État. « On a sollicité une entreprise spécialisée qui intervient dans les régions méditerranéennes et qui a donc l’habitude de faire ces travaux. » Coût de l’opération : 250 000 euros.

Face à la bronca des associations et de la mairie, le débroussaillage est suspendu depuis début mai. Des concertations auront lieu avant une reprise à l’automne sur encore 2,5 ha.



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