« Chronique sexiste et misogyne » : moquée dans « Quotidien », une influenceuse répond à Yann Barthès


« Les formes contre la réforme ». Ce slogan de deux influenceuses, Polska et Tootatis, leur a valu une séquence railleuse, vendredi soir dans l’émission « Quotidien ». Ce jour-là, le chroniqueur Nicolas Fresco diffuse la vidéo des deux amies, dans laquelle elles appellent leur communauté (839 000 abonnés sur Tik Tok pour Polska, 220 000 pour Tootatis) à manifester. « On est pour la France, pour la République, et contre la réforme », lance Polska. « Contre la réforme », répète joyeusement Tootatis.

La vidéo déclenche une vague de ricanements sur le plateau. « Polska et Tootatis, une influenceuse avec un nom de vodka et une autre avec celui d’une attraction du Parc Astérix, sont notamment célèbres pour s’être fait recaler d’un restau à cause de leur décolleté plus profond que le trou de la Sécu, se moque le chroniqueur. Sans le son, on dirait plutôt qu’elles vont voir un match au Stade de France. »

Choquée par ces propos, Polska a répondu à Yann Barthès dans une vidéo publiée sur TikTok. « Au début j’ai été naïve, je pensais qu’ils allaient faire une chronique sur le fait que deux influenceuses, qu’on n’attendait pas forcément, manifestent, donc je pensais qu’ils allaient plutôt dire du bien de nous », avoue la jeune femme, avant de contre-attaquer.

« Je vais m’adresser directement à toi Yann Barthès, parce que je ne connais pas le nom de ton chroniqueur aux cheveux gras. Toi à 48 ans, tu trouves ça toujours normal qu’en 2023 on puisse faire des chroniques hyper sexistes et hyper misogynes ? » interroge Polska. « Ce n’est pas parce que c’est couvert d’humour que ça passe mieux. »

« Vous vous êtes arrêtés à des faux ongles et à un décolleté »

L’influenceuse dénonce ensuite l’hypocrisie de l’émission. « La France se veut super ouverte d’esprit, mais elle ne l’est pas du tout. Parce que là, au lieu de parler de l’acte en lui-même, vous vous êtes arrêtés à des faux ongles et à un décolleté. »

Puis elle défend son slogan : « Chacun manifeste comme il veut. (…) S’arrêter à notre slogan, c’est hyper bas. Le but c’était de trouver un slogan un peu parlant, qui reste dans la tête, qui est un peu marrant, pour influencer les jeunes à manifester. »

Pleine d’ironie, Polska apparaît ensuite une tenue sobre, avec un col roulé noir, « vu qu’on ne peut pas manifester dans la tenue qu’on veut en France sans se prendre de remarque misogyne ».

« Condescendance »

Les jeunes femmes ont été soutenues par des élus, militantes féministes et journalistes. « Les ricanants à nouveau à la manœuvre pour dénigrer le mouvement social contre la réforme des retraites. Insupportable bourgeoisie de plateau télé avec leur habituelle arrogance sexiste et classiste », fustige la députée (France Insoumise) de Seine-Saint-Denis Nadège Abomangoli.

« À 19 et 22 ans, Polska et Tootatis s’engagent publiquement contre la réforme des retraites. Pour en parler, Quotidien choisit le ricanement misogyne et classiste (discrimination fondée sur la classe sociale) », critique aussi la journaliste Rokhaya Diallo.

« Ça serait chouette qu’on n’arrête une bonne fois pour toutes de parler des influenceuses, candidates de téléréalité avec condescendance et sexisme en 2023 », remarque aussi la journaliste Constance Vilanova.



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