Comment mieux protéger les forêts du Lot ?


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Éviter les coupes rases
Coupes rases et reboisement en monoculture de résineux deux erreurs à ne plus commettre pour une gestion durable de nos forêts. ©Luc Gétreau

Les chiffres font mal : à l’été 2022, 66 000 hectares de forêt ont brûlé en France avec 291 incendies sur le territoire national et l’été 2023 s’annonce tout aussi dramatique au point qu’à la mi-mai on comptabilise déjà 207 incendies dans l’hexagone… 

Face à cette menace, le département du Lot, avec ses 244 000 hectares de forêts, se retrouve en première ligne. Pour tenter de limiter les risques de nouveaux feux géants, une proposition de loi émanant du Sénat est à l’examen depuis le 15 mai par les députés. Il s’agit d’instaurer plusieurs mesures visant à renforcer la prévention et la lutte contre les incendies.

Les forêts françaises subissent une évolution trop rapide du climat par rapport à leurs capacités d’adaptation, s’alarment les députés. Elles souffrent moins de la hausse des températures que des sécheresses à répétition qui les affaiblissent et les rendent vulnérables à des parasites. Les sécheresses provoquent également des incendies d’une ampleur croissante et touchant des zones où ils étaient rares auparavant. Cette menace est grave, car les forêts jouent un rôle multifactoriel, à la fois puits de carbone, réserve de biodiversité et source de matières premières et d’activités économiques. En outre, le dépérissement des forêts peut remettre en cause la politique de lutte contre le dérèglement climatique, dont elles sont un socle. Il s’agit d’assurer un équilibre environnemental vital tout en étant un acteur économique.

 Interdire sans délai les coupes rases

Cette lutte contre les incendies doit s’inscrire d’urgence dans la loi. Elle passera par le renforcement des obligations légales de débroussaillement pour les propriétaires de terrains proches de forêts, le durcissement des sanctions en cas de manquements et l’interdiction de fumer dans les bois en périodes tendues. Mais à l’examiner de plus près, cette proposition de loi, si elle est utile, reste pleine d’insuffisances, car elle n’incite pas assez à un changement radical dans le mode de gestion de nos forêts.

Les incendies de l’été 2022 dans les Landes et en Gironde ont montré combien la monoculture avec le profit à court terme comme seul horizon, favorise l’extension des feux et appauvrit la biodiversité. Le modèle actuel, bien que dépassé vu l’urgence climatique, privilégie la plantation massive dans le seul but d’augmenter la production de bois. Or la forêt est le domaine du temps long où la décennie et le siècle sont les unités de mesure, ce que beaucoup d’exploitants forestiers qui cherchent d’abord la rentabilité à court terme, veulent ignorer. Pourtant les conclusions de la Mission d’information sur l’Adaptation au Changement Climatique de la Politique Forestière et la Restauration des Milieux Forestiers de l’Assemblée Nationale présentées le 2 mai sont sans appel : il faut davantage diversifier les essences d’arbres au moment des plantations, pratiquer un mode de gestion de la forêt qui laisse plus d’espace à son renouvellement naturel et interdire sans délai les coupes rases. L’autre grand problème où la proposition de loi ne se dote pas de moyens suffisants pour répondre à l’ampleur de la menace, c’est le manque de moyens alloués par les pouvoirs publics à l’ONF pour recruter et pour que les sapeurs-pompiers puissent bénéficier d’une vraie reconnaissance. La sécurité civile manque cruellement de nouveaux volontaires qui devraient se voir garantir une meilleure gratification. La forêt manque d’acteurs pour la protéger.

La forêt lotoise, radiographie d’un trésor menacé

Avec 244 000 hectares de forêts (source Ifn Inventaire Forestier National), le Lot se signale comme le deuxième département forestier de la région Midi-Pyrénées après l’Ariège. La forêt lotoise possède un taux de reboisement de 47 %. Cette forêt est détenue à 99 % par des propriétaires privés, alors que la forêt publique n’en constitue qu’1%. Sur le Causse on trouve des taillis de chênes pubescents peu productifs en bois d’œuvre, et dont l’utilisation principale reste le bois de chauffage. Sur la zone de la Bouriane on retrouve le taillis de châtaignier, mélangé avec le pin maritime, ou le chêne pédonculé. La filière forestière dans le département est constituée de propriétaires forestiers, de pépiniéristes, d’entrepreneurs de travaux forestiers, d’exploitants forestiers, de scieurs, de conseillers en gestion forestière, etc…La Chambre d’Agriculture du Lot dispose des compétences nécessaires pour apporter un appui technique aux agriculteurs et propriétaires forestiers pour les aider à gérer de façon durable leurs forêts avec par exemple une visite diagnostic et des aides au reboisement.

Enfin, pourquoi la nouvelle loi fait-elle l’impasse sur la prévention sous la forme de mesures telles qu’une journée de sensibilisation à la prévention et à la sécurité civile dans les collèges et les lycées ? Ce serait pourtant un bon moyen de sensibiliser les jeunes et de faire naître des vocations.

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