Covid-19 : hôpitaux sous tension, crématoriums débordés… la Chine face à une vague massive d’infections

Tout en jugeant inéluctable l’abandon de la politique Zéro Covid, experts et épidémiologistes s’attendaient à une vague épidémique massive en Chine. Ils ne se sont pas trompés. Une dizaine de jours après avoir mis fin aux confinements massifs, au dépistage généralisé et au traçage systématique des habitants, le deuxième pays le plus peuplé au monde fait face à une recrudescence des infections, dont le nombre avait commencé à augmenter fin novembre. On fait le point.
Énormément d’habitants infectés
Impossible de savoir, précisément, combien d’habitants attrapent le Covid en Chine chaque jour. Le dépistage souvent obligatoire tous les jours ou tous les deux ou trois jours dans de nombreuses villes a été abandonné, rendant impossible le suivi de l’épidémie sur la base des cas positifs. Mais tout porte à croire que les infections explosent.
D’après un sondage publié le 15 décembre par la revue The Beijinger auprès de 3000 expatriés à Pékin, relevé par Le Monde, plus de la moitié d’entre eux ont attrapé le Covid durant les deux dernières semaines. De nombreux habitants se contentent d’autotests, réalisés à la maison. Les ventes de kits de dépistage en pharmacie ont explosé, tout comme celles de médicaments contre la fièvre et le rhume et de remèdes traditionnels chinois.
Certains quartiers de différentes villes chinoises sont comme autoconfinés, les habitants restant chez eux car ils sont malades ou pour ne pas risquer de le devenir. « On a tous attrapé le virus au même moment, mais c’était souvent un petit rhume », témoigne auprès du Parisien un expatrié français habitant à Zhengzhou depuis cinq ans. Lui-même est en pleine convalescence… et se rend cet après-midi dans un bar d’expatriés pour voir la finale de Coupe du monde.
Personnel médical malade mais contraint de travailler
Énormément d’infections, et donc un afflux de patients à l’hôpital. Plusieurs photos et vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des files d’attente de plusieurs heures avant de pouvoir se faire soigner.
Les soignants n’échappent pas à cette vague épidémique. Un médecin basé à Pékin a raconté à l’agence Reuters que certains hôpitaux de la capitale avaient jusqu’à 80 % de leurs salariés infectés, mais que beaucoup d’entre eux devaient tout de même travailler en raison du manque de personnel. « Les personnes infectées ont été obligées de travailler dans les hôpitaux, ce qui crée un environnement favorable à la transmission (du virus) », a indiqué à la BBC Chen Xi, professeur chinois spécialisé dans les politiques de santé.
Crématoriums débordés
Officiellement, le dernier décès d’un patient atteint du Covid en Chine date du 3 décembre. En réalité, « nous incinérons vingt corps par jour, principalement des personnes âgées », car « beaucoup de gens sont tombés malades récemment », a confié à l’AFP un employé d’un crématorium. Une autre responsable a raconté au Wall Street Journal qu’il leur fallait procéder à des crémations avant l’aube et au milieu de la nuit, afin de faire face à l’afflux de corps.
La Chine est pénalisée par l’immunité relativement faible de sa population. Peu d’habitants avaient déjà eu le Covid depuis le début de la pandémie, et seuls 40 % des plus de 80 ans sont vaccinés avec une dose de rappel. Le pays risque ainsi un grand nombre de morts, comme Hongkong lorsque le territoire avait assoupli sa politique « Zéro Covid », il y a près d’un an.