Dans le Calvados, le coûteux curage du bassin de l’écluse de Vire relance le débat sur la nécessité de reconstituer le bocage


Cette fois, ce n’est pas la canicule qui met à nu le fond du bassin de l’écluse de Vire (Calvados), comme lors de l’été 2022. La retenue a été vidée sciemment, mardi 17 septembre, en vue de son curage. Alors que le fleuve continue de serpenter le long de son lit originel, les habitants voient sécher quelque 5 000 m3 de vase (selon les estimations), accumulés depuis 2011 et le dernier grand nettoyage.

« Il y a jusqu’à deux mètres de boue par endroits », glisse Virginie Le Sourd, directrice générale adjointe chargée de l’aménagement à Vire-Normandie. Un fort épisode pluvieux, les 31 décembre et 1er janvier derniers, avait d’ailleurs fait craindre que l’eau puisse déborder et inonder les maisons en aval. « On redoutait que la vase colmate les vannes du bassin », ajoute la maire Nicole Desmottes. Il fallait agir. Les services de l’État ont validé l’opération. Après la vidange du bassin, mi-septembre, il faut… faire sécher les boues, avant l’intervention d’une pelleteuse à la mi-octobre. 2 000 m3 de sédiments sont retirés.

Le bassin, situé dans le centre-ville de la capitale du bocage, s’apprête à respirer un grand coup. « Avec cette vase, c’est autant d’eau en moins. En vidangeant, on n’a d’ailleurs découvert aucun poisson », relèvent Nicole Desmottes et Virginie Le Sourd. Le curage sera donc un plus pour la faune et la gestion de l’eau puisque le bassin retient la Vire et ses affluents du bassin-versant, aux sols granitiques qui épongent peu.

Sur l’autre côté de la balance, un curage prend du temps et de l’argent. Pour cause de marché public en cours, on n’en connaît pas encore le montant. « Moins de 100 000 euros », glisse-t-on cependant à la mairie de Vire. Une somme tout de même rondelette à débourser dès que la retenue d’eau se charge de trop de vase, soit « tous les cinq à dix ans ». Si 13 ans se sont écoulés depuis le dernier curage, la municipalité ne cache pas qu’elle préférerait espacer ces interventions.

Replanter pour éviter le ruissellement

La maire, Nicole Desmottes, évoque « une réflexion sur un projet global pour faire moins de curage, en concertation avec tous les acteurs ». « En sachant, dit-elle, qu’on ne peut pas supprimer l’écluse en raison de la production d’hydroélectricité, aujourd’hui protégée par la Loi. » Un barrage est évidemment propice à l’accumulation des sédiments mais les deux femmes ont aussi un œil sur « le ruissellement en amont ». « Les pratiques agricoles ont évolué, constatent-elles, il y a par exemple moins de talus qui retiennent l’eau de pluie et les sédiments ». Le paysage bocager est en recul ces dernières années : la sécheresse et ses terribles effets dans le pays virois ont déjà attiré l’attention sur l’urgence de replanter des haies et ériger des talus. Le lit de la Vire et le bassin de l’écluse verraient aussi de tels travaux d’un très bon œil.



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