De Coignières à Maurepas : la marche blanche en hommage à Djibril réunit plus de 800 personnes


Le cortège s'est rendu du gymnase du Moulin vert à Coignières (Yvelines), le lieu du drame au stade du bois, à Maurepas (Tridim).
Le cortège s’est rendu du gymnase du Moulin vert à Coignières (Yvelines), le lieu du drame au stade du bois, à Maurepas (Tridim). (©Philippe Roudeillat / 78actu)

« C’est important d’être là aujourd’hui pour apporter notre soutien à la famille et montrer que nous sommes solidaires. On a des enfants et c’est horrible ce qui s’est passé. On espère qu’avec cette marche, plus jamais on aura ce genre de drame. Tout le monde a été choqué. »

Comme Samira, ils étaient plus de 800 à avoir bravé le froid ce dimanche 11 décembre 2022 pour participer à la marche blanche en hommage à Djibril Diallo.

Départ du lieu du drame

Le rassemblement organisé par la famille de Djibril, en lien avec les villes de Coignières (Yvelines) et de Maurepas, se voulait être « un moment d’union, de paix et de sérénité autour de la mémoire de Djibril » inhumé le 2 décembre. Ça a été le cas.

Les proches du jeune âgé de 14 ans, ayant perdu la vie après avoir reçu un violent coup de marteau dans la nuit du 26 au 27 novembre, avaient fixé le rendez-vous au gymnase du Moulin vert à Coignières.

Il s’agit du lieu où s’est déroulé le drame, lors d’une violente bagarre entre des bandes des quartiers des Friches de Maurepas et des Marchands de Coignières, en marge d’un gala de MMA.

« Djibril repose en paix »

Le cortège dont les participants portaient un tee-shirt blanc – les organisateurs en avaient confectionnés près de 600 pour les distribuer – s’est ensuite élancé derrière une grande banderole sur laquelle on pouvait lire « Djibril repose en paix ».

Direction le stade du bois, à Maurepas (Tridim). Situé à 2,5 km du gymnase du Moulin vert, le site est situé juste en face du quartier où vivait Djibril.

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Cette marche blanche organisée entre Coignières (Yvelines) et Maurepas pour rendre hommage à Djibril, a réuni plus de 800 personnes.
Cette marche blanche organisée entre Coignières (Yvelines) et Maurepas pour rendre hommage à Djibril, a réuni plus de 800 personnes. (©Philippe Roudeillat / 78actu)

À l’issue de cette marche blanche, qui s’est déroulée dans le plus grand calme et le recueillement, la banderole a été accrochée sur les grilles du stade pour permettre à sa maman, aux élus présents, dont les maires de Maurepas et de Coignières, aux proches, aux amis, mais aussi aux anonymes de déposer des fleurs en sa mémoire.

Cet hommage a été suivi par plusieurs prises de parole dont celle de la mère de Djibril.

« J’espère qu’il nous voit et nous entend »

Cette marche, c’est un hommage à Djibril, à un fils, mon fils unique. J’espère qu’il nous voit et nous entend. Il m’a été enlevé monstrueusement – et je suis tellement en colère – au nom de quoi ? Au nom de la rivalité de quartiers alors que vous avez grandi ensemble. Nous avons vécu à Coignières où Djibril a grandi. Il a des copains à Maurepas, à Trappes, à Élancourt, partout. Et je ne comprends pas, parce que vous vivez les mêmes galères, vous vivez les mêmes choses. Le quotidien, il n’est pas facile. Vous voyez vos parents lutter pour vous apporter ce qu’il vous faut pour avancer dans la vie. Et un jour, on vient chez vous et on vous annonce une nouvelle pareille. Je peux vous dire que je ne souhaite ça à personne.

Maman de Djibril

Expliquant toute la douleur ressentie depuis cette disparition et l’envie de vengeance qu’elle avait suscitée, elle a néanmoins ajouté que la colère était « aujourd’hui passée » et a lancé un vibrant appel au calme et à l’apaisement pour pouvoir « faire le deuil de Djibril ».

Du stade du bois, à Maurepas (Yvelines), la maman de Djibril et ses proches ont lancé un appel au calme et à l'apaisement pour pouvoir « faire le deuil de Djibril ».
Du stade du bois, à Maurepas (Yvelines), la maman de Djibril et ses proches ont lancé un appel au calme et à l’apaisement pour pouvoir « faire le deuil de Djibril ». (©Philippe Roudeillat / 78actu)

Je souffre, mes filles souffrent, leur père souffre et toute la communauté est affectée par ce qui est arrivé. Il faut que cela cesse. Il faut que chacun prenne ses responsabilités. On a tous un rôle à jouer. Les jeunes, ce sont nos enfants, c’est l’avenir. Il ne faut pas que quelque chose comme ça se reproduise.

Quatre des amis de Djibril ont ensuite pris la parole, à tour de rôle, pour lire un poème rendant un hommage poignant à celui qui « par-dessus tout » était « un gourmand ».

« Trouver des solutions pour la jeunesse »

Un représentant de l’association des jeunes des Friches a ensuite profité de sa prise de parole pour, entre autres, appeler au changement mais aussi interpeller l’assistance et notamment les élus présents.

On demande à ce que nous puissions être écoutés rapidement. Par rapport à ce qui s’est passé, est-ce qu’on continue dans cette direction, ou est-ce que l’on avance ensemble pour trouver des solutions pour la jeunesse ? L’association s’engage à travailler avec le personnel de la mairie pour l’évolution et l’émancipation des jeunes, pas seulement des Friches, mais de la ville de Maurepas. On est vraiment à votre disposition.

Membre de l’association des jeunes des Friches

« Qu’allons-nous faire de ce temps sans Djibril ? »

Les deux dernières interventions ont été faites par les élus des villes touchées par le drame : Didier Fischer, maire de Coignières, puis son homologue de Maurepas Grégory Garestier.

Djibril n’était pas seulement un enfant de Maurepas, il était aussi un enfant de Coignières. Aussi, vouloir réduire sa mort à un affrontement entre les quartiers de nos deux villes n’a pas le sens que certains aimeraient y voir. La réalité est toujours plus complexe que les images que nous nous en faisons ou que l’on prétend nous imposer. Que cette marche, partie de ce funeste gymnase, se termine au Tridim est tout un symbole… Qu’allons-nous faire de ce temps sans Djibril ? De notre réponse dépendra le monde que nous souhaitons construire pour y abriter sa mémoire. Si la responsabilité de sa mort incombe d’abord à son meurtrier, elle ne nous exonère pas pour autant de notre propre responsabilité.

Didier Fischer, maire de Coignières
Djibril a perdu la vie après avoir reçu un violent coup de marteau dans la nuit du 26 au 27 novembre.
Djibril a perdu la vie après avoir reçu un violent coup de marteau dans la nuit du 26 au 27 novembre. (©Philippe Roudeillat / 78actu)

Après avoir rappelé sa solidarité avec la famille et les proches de Djibril « qui vivent un deuil insupportable », Grégory Garestier a souhaité, lui aussi, livrer un message « d’apaisement et d’espoir ».

« Nous avons le choix de refuser la violence »

Je veux m’adresser aux plus jeunes. Vous étiez des amis de Djibril, des voisins, des camarades de classe ou d’activités sportives. Vous l’avez côtoyé au collège, ou il y a quelques années à l’école. Sa disparition vous a bouleversé et vous ne parvenez pas à l’accepter. Nous les adultes, vos parents, nous sommes, nous aussi, tous bouleversés. Personne ne peut comprendre ce qui justifie que l’on puisse mourir si jeune tout simplement parce que rien ne peut le justifier. Mais, si nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter le départ de Djibril, en revanche nous avons le choix de refuser l’acte qui a entraîné son décès. Nous avons le choix de refuser la violence.

Grégory Garestier, maire de Maurepas

Du côté de la procédure, l’adolescent de 16 ans qui s’est accusé du meurtre de Djibril, a été mis en examen le mardi 29 novembre. Il est actuellement en détention provisoire.

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