Depuis Brest, Océanopolis lance le premier programme de reproduction du poisson-scie
Avec son long rostre dentelé qui lui fait porter ce drôle de nom et sa taille impressionnante de 3,10 m, elle est, depuis 2001, l’une des stars des aquariums de préservation d’Océanopolis, centre de Culture Scientifique dédié à l’Océan, basé à Brest (Finistère).
Ce poisson-scie (Pristis pristis) femelle, âgé d’environ 22 ans, a été élevé très jeune en aquarium et y a passé toute sa vie. Pourquoi ? Car cette espèce que l’on trouve en océan Indien, Pacifique Ouest, Afrique de l’Est et Australie est inscrite sur la liste des espèces en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et figure à l’annexe 1 de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) depuis 2007. Ses ailerons, très convoités par les pêcheurs, pourraient avoir eu raison d’une grande partie de sa population…
« En Europe, il en existe quatre en aquarium : un à Brest, un à Montpellier et deux à Valence, en Espagne », explique Dominique Barthélémy, conservateur en charge du milieu vivant à Océanopolis. L’intérêt, à notre sens, était un transfert afin de former des paires et de laisser les choses se faire, plutôt que de faire des prélèvements, extrêmement difficiles à réaliser – avec son rostre puissant, l’animal est très dur à approcher pour les plongeurs – même pour réaliser des prises de sang ou une échographie. Il y en aura ainsi un couple reproducteur à Montpellier, qui a des bassins plus importants et permettrait des gestions de populations plus intéressantes ».
Au tour des requins-zèbres
Océanopolis, Planet Ocean Montpellier et Oceanogràfic Valencia en Espagne ont donc lancé ce programme ambitieux, pour l’instant sans nom, mais qui pourrait bien aider à mieux comprendre le poisson-scie pour, à terme, mieux le préserver dans son milieu naturel.
« C’est un animal vraiment méconnu, qui peut vivre très longtemps en captivité, et dont la maturité sexuelle pourrait correspondre à son âge actuel, dans le cas de notre poisson-scie brestois, poursuit Dominique Barthélémy. L’idée est maintenant de voir s’il peut se reproduire, toujours en aquarium, via ce nouveau programme de reproduction européen ».
Le départ de la demoiselle au rostre dentelé vers Montpellier est prévu pour le mois d’octobre 2023 et le transport se fera par camion. Ce camion sera équipé d’un bassin de six mètres de long et d’une contenance d’environ 20 000 litres d’eau de mer.
En attendant, les équipes d’Océanopolis se penchent sur un autre programme, d’envergure mondiale, via le projet StAR (Stegostoma tigrinum Augmentation and Recovery) qui a pour objectif de réintroduire dans le milieu naturel des requins-zèbres (Stegostoma tigrinum) issus d’œufs pondus en aquariums. Objectif : réintroduire cette autre espèce en danger dans la réserve naturelle des Raja Ampat en Indonésie.