Direct. Le maire de Sérent Yves Hutter explique sa démission


Yves Hutter élu maire de Sérent en mars 2020, faisait partie des nouveaux maires siégeant à l'OBC, dont il était 3e vice-président.
Yves Hutter élu maire de Sérent en mars 2020, faisait partie des nouveaux maires siégeant à l’OBC, dont il était 3e vice-président. (©Les infos pays de Ploërmel)

Il n’était pas question pour le maire de Sérent de la jouer solo, car son crédo est la solidarité. Si pour lui l’idée était noble, concernant les modalités d’attribution des indemnités de compensation, liées au déficit des équipements aquatiques de l’OBC, il n’a cependant pas réussit à imprimer la posture au reste de son équipe. Presque seul contre tous puisque 16 voix se sont prononcées contre la proposition de la commission locale d’évaluation des charges transférées (CLECT), 5 voix pour et un vote blanc, poussant le maire à démissionner car il ne se sentait plus légitime de porter sa ville.

Le communiqué du maire démissionnaire Yves Hutter : 

La démission d’un maire n’est pas chose anodine dans une commune. Elle mérite explication en dehors de toute rumeur ou interprétation.
Depuis le départ, dans le contexte actuel et à venir de la répartition des compétences, j’ai la conviction qu’une commune ne peut se développer sans être impliquée et prendre sa place dans la communauté de commune. Réciproquement, une communauté de commune ne peut pas agir sans un large consensus des communes la composant pour avancer. Le service à la population dépend de cette synergie.
Les 16 nouveaux maires élus parmi 26 il y a 3 ans, sous l’impulsion du président qui avait la volonté de dépasser les clivages historiques d’une fusion « au forceps » de trois communautés de communes en 2017, ont eu un regard neuf pour se tourner vers l’avenir. Ils ont donné un nouvel élan avec l’acceptation des 10 maires renouvelés dans leur fonction. Le vote d’un pacte de solidarité qui redistribue 220 K€ sur neuf communes qui en ont le plus besoin en est la traduction concrète.
Avec la 3ème vice-présidence et l’implication dans plusieurs instances communautaires, Sérent a pu jouer un rôle positif pour préparer l’avenir. Bien qu’ayant été le seul des quatre conseillers communautaires de la commune à voter pour des programmes structurants, nous avons été acteur d’un collectif ambitieux sur plusieurs projets. Je n’en citerai que deux : La mobilité, projet financé et aujourd’hui concret pour les habitants avec des lignes intercommunales, et l’homogénéisation imposée de la collecte des ordures pour trouver un compromis avec un équilibre de services rendus aux habitants entre les zones de La Gacilly et de Malestroit.
Avec le soutien actif de l’OBC qui en a la compétence, par vote communautaire et une présentation en préfecture de dossiers construits en professionnel, Sérent a pu obtenir deux projets structurants :  L’ouverture de la seconde maison « France Services » sur le territoire après Guer et, suite au refus de Malestroit, le titre de lauréat pour les « Petites Villes de Demain ». Rien n’était gagné d’avance sur ces deux sujets. D’autres retombées comme des subventions de la région qui demandait le filtre de l’OBC pour hiérarchiser les projets en fonction de différents critères ont été validés.
 
Mardi 7 mars, le vote du conseil municipal concernant la contribution des communes au déficit des piscines avait deux volets : un aspect financier et un aspect d’adhésion à ce projet commun de solidarité. Toutes les communes ont fait preuve de cette solidarité, en premier lieu celles de notre ancienne communauté de commune d’appartenance (CCVOL) qui ne payaient rien. Sérent ne contribuant historiquement que très peu. Les deux autres anciennes communautés de communes de l’OBC couvrant déjà la charge du déficit des piscines de Guer et de La Gacilly. Pour mémoire, la piscine de Malestroit a été décidé par la CCVOL avant la fusion des trois communautés.
Notre dernière proposition concertée, qui portait la contribution de Sérent à 27 418 € au lieu de 34 847 €, avec un autre calcul de répartition, a été refusée par vote à la Commission Locale d’Evaluation des Charges Transférées (CLECT). Elle remontait la contribution de toutes les communes.
La conséquence du vote négatif de Sérent sur l’aspect financier est que Sérent va payer beaucoup plus car la piscine va lui être dé-transférée, pour dire simple : rendue. Pour ma part, je n’appelle pas « chantage » ce qui relève d’un vote démocratique à 25 contre 1.
La conséquence de ce vote est que l’esprit de solidarité évoqué plus haut a été brisé par Sérent. La photographie politique de l’OBC à ce jour peut se résumer à 25 communes solidaires et une commune solitaire. Je souhaite sincèrement que cette situation puisse être levée rapidement.
Pour faire avancer les choses, quand c’est difficile, j’ai toujours en tête un dicton de ma grand-mère : « Il est plus facile d’exister en étant contre qu’en étant pour »… Mon expérience et mon sens de la politique ont fait de moi un homme de compromis pour faire avancer les choses au service des habitants. J’ai le même dictionnaire intime que le Petit Larousse : compromis et compromission sont sur deux lignes qui se suivent mais qui n’ont pas la même définition. Il n’y a qu’une seule personne avec qui je ne fais jamais de compromis, c’est moi-même. Etant mis en porte à faux avec le conseil municipal et ne pouvant plus être un porteur positif de Sérent au conseil communautaire, j’en tire la conclusion qui s’impose à moi.
Ma grand-mère disait aussi : «Être adulte, c’est considérer que ce qui t’arrive n’est pas la faute des autres». Je prends donc bien sûr ma part de responsabilité. Je n’ai pas su convaincre l’ensemble de l’équipe municipale que le réflexe d’une culture anti-communautaire, ancrée depuis longtemps, était contreproductif. Je n’ai pas su faire comprendre que l’OBC n’était pas une structure opaque qui conduisait 26 communes mais que c’était aujourd’hui 26 communes qui conduisaient l’OBC par l’implication des élus dans les dossiers, par la prise de parole libre et, au final, par le vote démocratique, tout simplement.
Avec un pincement au cœur, mais fier de mon action positive et de mon bilan sur un mi-mandat, je souhaite à Sérent et à ses habitants le meilleur pour l’avenir. 

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