Dordogne. Ils veulent abattre à la ferme


Accompagner leurs animaux du début de leur vie jusqu’à la fin est l’un des sujets de préoccupation des éleveurs.
Accompagner leurs animaux du début de leur vie jusqu’à la fin est l’un des sujets de préoccupation des éleveurs. (©LR/Réussir le Périgord)

Dans le cadre du Mois de la bio, proposé par Agrobio Périgord et la Chambre d’agriculture de Dordogne, une rencontre a été dédiée à l’abattage à la ferme, le 17 novembre, à Bergerac. Après la mise en place de la loi EGalim, qui a permis l’expérimentation de plusieurs projets d’abattoir à la ferme dans tout le pays, des producteurs ont sollicité Agrobio Périgord pour travailler sur un projet en Dordogne.

Une première consultation, fin 2020, a recensé une vingtaine d’éleveurs intéressés par la démarche, pour un potentiel de quelque 3 100 animaux, toutes espèces confondues (bovins, ovins, caprins et porcs). Lorsque l’abattoir de Ribérac a connu des difficultés, début 2021, la problématique est revenue sur le devant de la scène.

« Pour un meilleur ancrage de l’alimentation dans les territoires, on a développé les circuits courts, de proximité, mais ceux-ci butent sur le nœud de l’abattage, qui échappe aux paysans », note Nicolas Decome, animateur pour la Confédération paysanne, qui voit l’abattage à la ferme comme une « démarche d’autonomie pour les éleveurs ».

Et pour des producteurs qui s’attachent au bien-être de leurs bêtes tout au long de leur vie, il s’agit aussi de s’inscrire dans un processus d’abattage respectueux de l’animal, permettant d’obtenir une meilleure qualité de viande. Les participants à la réunion ont insisté sur le fait qu’il n’était pas question de se substituer aux abattoirs locaux mais plutôt de créer de nouveaux outils qui répondraient à des besoins insatisfaits à ce jour.

Aujourd’hui, on se dit que l’abattage à la ferme est utopique mais il y a 10 ou 15 ans, on ne pensait pas qu’il y aurait un jour des restaurations collectives 100 % bio. Alors pourquoi ça ne se ferait pas ? Il faut travailler là-dessus.

Gérard GiesenEleveur de bovins viande à Issac et référent élevage d’Agrobio Périgord

Le problème de l’agrément sanitaire

Différents modèles existent : du caisson mobile, qui permet de mettre à mort l’animal avant de le transporter à l’abattoir le plus proche pour la mise en carcasse, au camion tout équipé dans lequel l’intégralité des opérations sont réalisées. Dans un premier temps, Agrobio Périgord a envisagé l’option du caisson mobile pour gros bovins pour une expérimentation. L’investissement pour ce type d’équipement se situe entre 10 000 et 30 000 euros, selon le modèle. Une simulation économique a été réalisée, considérant qu’un salarié de l’abattoir de Bergerac, partenaire du projet, pourrait être mis à disposition.

Cette solution se heurte aujourd’hui à la problématique de l’agrément sanitaire nécessaire. Le cadre de l’expérimentation prévue par EGalim est arrivé à échéance. Le projet périgourdin nécessiterait donc que l’abattoir municipal de Bergerac partage son agrément pour permettre au caisson mobile de fonctionner.

Laurent Lenoury, directeur de la structure, a affiché ses réticences, face aux contrôles drastiques auquel il est soumis quotidiennement. « Cinq personnes nous surveillent constamment, de la minute où l’on ouvre à celle où l’on ferme. Déjà avec des salariés expérimentés, on arrive à avoir des procès, des mises en demeure… » Avec le partage d’agrément, la moindre erreur dans une ferme pourrait mettre en danger l’équilibre déjà précaire de l’abattoir municipal ; le directeur se refuse à prendre ce risque.

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« Nous espérions pouvoir faire un agrément séparé pour l’abattage à la ferme, mais ce n’est pas possible », a précisé Céline Lacoume, éleveuse de chèvres à Ribagnac et membre du groupe de travail sur le projet. L’autre solution envisageable serait alors celle du camion abattoir, qui disposerait de son propre agrément. Mais cette option change la nature de l’investissement, qui serait alors compris dans une fourchette de 400 000 à 600 000 euros.

La piste du camion reste donc à creuser, de manière à pouvoir présenter prochainement aux bailleurs de fonds un projet chiffré, tant au niveau de l’investissement que des coûts de fonctionnement. Toutes les échelles de collectivités locales seront sollicitées.

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