Dordogne. Pour un beau jardin, laissez pousser


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Serge et Brigitte Lapouge ont prouvé, dans leurs jardins, que faire pousser toutes sortes de fleurs était possible sur un sol de causse ; du moment que l’on respecte l’existant et la biodiversité.
Serge et Brigitte Lapouge ont prouvé, dans leurs jardins, que faire pousser toutes sortes de fleurs était possible sur un sol de causse ; du moment que l’on respecte l’existant et la biodiversité. (©Jardins de l’Albarède/Réussir le Périgord)

Quand ils ont dit à leurs voisins ou leurs proches qu’ils allaient créer un jardin chez eux, sur cette terre pauvre et aride qui s’apparente à un rocher, tous ont pouffé. « C’est sûr qu’ils ont ri en disant “Vous ne ferez rien pousser ici !” », se souvient Serge Lapouge, alors paysagiste. Mais, avec sa femme, Brigitte, ils persistent, autant pour leur propre plaisir que pour faire mentir les plus sceptiques. « Nous aimons les belles choses, donc nous voulions de beaux jardins. Et nous les avons aussi créés pour montrer à mes clients de l’époque qu’il était possible de faire de l’esthétique sur un sol rebelle, avec très peu d’eau et un entretien réduit », ajoute Serge Lapouge.
« C’était de l’expérimentation. Nous testions des plantes, en partenariat avec les petits pépiniéristes du coin, et nous leur faisions des retours. La blague de tous c’était : “Si ça pousse chez Brigitte et Serge, ça pousse partout” », sourit Brigitte.

Reconnaissant aujourd’hui que « c’était une aberration de vouloir faire un jardin sur ce champ de cailloux », le couple a poussé sa curiosité du végétal jusqu’à finalement installer un jardin de deux hectares et deux potagers ; ou plus exactement “laisser s’installer”. Car « on ne peut pas imposer une plante à un sol ; il faut s’adapter à l’existant », insiste Brigitte Lapouge-Déjean. « Nous, tout ce que nous avons fait, c’est créer de l’humus, du compost et faire du paillage. Nous n’avons pas importé de terre extérieure. Nous avons simplement amélioré les sols plutôt que de les appauvrir. »

Livre de recettes… pour le jardin

En quelques années, les Jardins de l’Albarède sont devenus un exemple remarquable de jardin bio, cultivé en permaculture, où la biodiversité règne en maîtresse. « Nous l’avons pratiquée dès le départ en prenant soin du sol, des plantes et de tous les êtres vivants qui peuplent le jardin, qu’ils soient “jardiniers de l’ombre” en sous-sol ou petit peuple actif d’auxiliaires plus visibles, insectes et oiseaux », écrivent Brigitte et Serge sur leur site, afin de partager leur philosophie. Il en va de même pour les potagers, où les légumes sont élevés selon les cultures associées « afin de profiter des grands équilibres naturels ».

« On sème, on confie une graine à la terre, on arrose gentiment et ça germe. C’est fait pour  ça », résume simplement Brigitte, qui part du principe que « quelqu’un qui est nul en jardinage, ça n’existe pas ». De fait, depuis leurs débuts avec leurs “jardins de l’impossible”, elle a partagé leurs expériences à travers de nombreux ouvrages. Une trentaine en 35 ans de Jardins de l’Albarède, dont le dernier en date : “Jardiner pour pas un rond”.

Brigitte et Serge ont composé avec l'existant, sans ajout de terre. Ils ont ainsi laissé pousser de nombreuses plantes et légumes sur deux hectares.
Brigitte et Serge ont composé avec l’existant, sans ajout de terre. Ils ont ainsi laissé pousser de nombreuses plantes et légumes sur deux hectares. (©Jardins de l’Albarède/Réussir le Périgord)

« Le jardin est un poste de dépenses important. Le prix des plants a flambé. Ça vaut peut-être le coup de reprendre tout ce qu’on peut faire soi-même », a constaté Brigitte Lapouge-Déjean. À chaque printemps, un jardinier peut dépenser jusqu’à 500 € en outillage, équipements divers (clôtures, bordures…) et plants. « Alors qu’on peut remplacer tout ce qu’on trouve en jardinerie. On peut faire ses semis, échanger des graines, aller chercher ses outils en recyclerie, faire son terreau… » Il suffit, selon le couple, d’anticiper.

Comme toujours et depuis toujours, Serge et Brigitte ont expérimenté tout ce qu’ils préconisent dans ce livre qui fonctionne comme un livre de recettes, que l’on peut réussir puisque le couple l’a fait. Rien d’impossible.

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