Emploi : l’optimisme règne pour (re)trouver un travail, malgré la prudence des entreprises


Est-ce deux visions qui vont commencer à s’entrechoquer ? Peut-être, même s’il est encore un peu tôt pour le dire. Dans un sondage exclusif réalisé en ligne par LinkedIn actualités en partenariat avec Le Parisien – Aujourd’hui en France, les internautes montrent qu’ils ont une belle confiance dans le marché du travail. À la question : « Quand pensez-vous retrouver un emploi ? » (pour les personnes en recherche), la réponse est moins de trois mois pour 35 % des répondants, de trois à six mois pour 30 % et plus de six mois pour 35 %.

« Penser avoir un nouvel emploi dans les six mois à venir démontre un véritable optimisme », lance Tiffany Blandin data reporter à LinkedIn actualités, qui a piloté cette étude.

90 % se disent prêts à quitter leur emploi en cas d’opportunité

« Ce sont des réponses hyperéquilibrées, note pour sa part Vincent Binetruy, directeur France du Top employers institute. Pour moi, ça démontre que les gens sont un peu désemparés et ne savent pas trop de quoi demain sera fait. D’ailleurs, en discutant régulièrement avec des DRH, je sens monter une certaine forme de fébrilité par rapport à l’environnement économique pour 2024. »

Pour autant, à travers la seconde question : « Seriez-vous prêts à quitter votre emploi si une opportunité se présentait ? », vu le contexte actuel, on sent là encore une confiance sans faille chez les membres de LinkedIn. 40 % ont répondu oui sans hésiter, 50 % oui, après avoir bien réfléchi, et seulement 10 % non. « Avoir un taux global de 90 % sur les deux premières, c’est énorme. Cela montre qu’en dépit des situations économique et internationale, nos membres croient encore en leurs chances, même si on s’attend à un renversement de la situation sur l’emploi salarié dans les prochains mois, après une hausse très forte ces deux dernières années », reprend Tiffany Blandin.

« C’est positif et même rassurant, analyse Vincent Binetruy. Les réponses démontrent de façon évidente que les collaborateurs ont foi dans les entreprises françaises. Qu’ils les jugent capables de passer à travers cette période compliquée, de surmonter cette zone de turbulence. Maintenant, je m’interroge. On remarque, notamment chez les jeunes — surtout ceux qui sortent d’école —, qu’ils n’ont pas encore intégré que le rapport de force candidat-recruteur est en train de se modifier. Ils ont été, ou sont encore, biberonnés au fait qu’ils ont le pouvoir de choisir et décider. Mais tout change et le discours des écoles ne l’a pas encore intégré. »

Il semblerait donc que nous attaquions une phase dans laquelle nous serions bel et bien à la croisée des chemins. D’autant plus que la croissance tournerait autour de + 0,6 % en Europe pour 2023 et serait de + 1,2 % pour 2024 selon la dernière communication de la Commission européenne. D’un côté, il existe donc toujours un véritable optimisme dans les différentes possibilités de trouver un emploi, en changer, voire d’imposer ses conditions, et de l’autre, côté recruteurs et services ressources humaines, une volonté d’avancer désormais pas à pas en se montrant davantage prudent.

Dossier spécial : Emploi les opportunités sont là !

Toujours des métiers en tension

Les derniers chiffres du chômage valident cette hypothèse attentiste. « Au troisième trimestre 2023, le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail augmente de 64 000 par rapport au trimestre précédent, à 2,3 millions de personnes. Le taux de chômage augmente ainsi de 0,2 point, à 7,4 % de la population active en France (hors Mayotte). Il monte de 0,2 point sur un an et retrouve son niveau du deuxième trimestre 2022 », écrivait d’ailleurs l’Insee dans sa publication de la semaine passée.

« Cette variation est une vaguelette. Il ne faut pas y faire attention et ne pas créer une situation de défiance qui n’a pas lieu d’être, estime le directeur du Top employers institute. Si nous étions à + 0,5 %, là je dirais OK, attention. Maintenant, il est vrai que pour 2024, les choses vont évoluer. Ceux qui ont beaucoup embauché ces dernières années vont attendre un peu plus. Personne ne souhaite devoir mettre en place des plans de restructuration comme Alstom vient de l’annoncer par exemple. Mais surtout, les métiers qui sont en tension aujourd’hui le seront toujours demain. On va continuer à rechercher en nombre des développeurs web, des data analystes… Ça ne changera pas. »

Métiers de la main, de la tech, opportunités avec les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, secteurs de la santé, de la cybersécurité ou encore de l’hôtellerie-restauration recrutent encore et toujours en masse. De belles opportunités pour dénicher un nouvel emploi.

Sondage réalisé auprès des personnes inscrites sur LinkedIn à partir du 7 novembre pour la première question (4 133 votants) et du 10 novembre pour la seconde (9 065 votants), jusqu’au 16 novembre.



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