EPR de Flamanville : le réacteur s’est arrêté automatiquement, annonce EDF
L’EPR de Flamanville (Manche) a connu mercredi un « arrêt automatique » au lendemain de son démarrage, accusant douze ans de retard, a annoncé EDF. Les équipes procèdent à des contrôles techniques et à des analyses avant de pouvoir relancer « la divergence du réacteur », c’est-à-dire la réaction nucléaire, a poursuivi le fournisseur d’électricité.
« Ce matin, le réacteur s’est arrêté automatiquement », a déclaré une porte-parole du groupe à l’AFP. « Les équipes procèdent aux contrôles techniques et aux analyses nécessaires, suivent les procédures habituelles, puis elles relanceront la divergence du réacteur », a-t-elle ajouté en soulignant que « le démarrage est un processus long et complexe (qui) nécessite de nombreux essais, de tests, et ça peut entraîner des arrêts de ce type ».
« Ça prouve que le système de sécurité fonctionne bien », a-t-elle encore indiqué. « On sait que ça peut entraîner des arrêts de ce type. »
« Mise en configuration inappropriée de l’installation »
Selon Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting, « il faut s’attendre à ce type d’aléas. C’est un démarrage de procédé industriel très complexe et c’est donc courant de rencontrer des aléas. »
L’expert souligne auprès de l’AFP que « sur l’EPR Finlandais, il y avait eu plusieurs déconvenues, notamment avec des pompes hydrauliques qui étaient défectueuses et qui ont dû être remplacées ». « Cela ne remet pas en cause le démarrage. Il faut juste être patient », relève-t-il.
« Selon les premiers éléments du diagnostic technique, cet arrêt pourrait être lié à une mise en configuration inappropriée de l’installation », a précisé la porte-parole d’EDF. Cette dernière « aurait conduit à l’arrêt automatique du réacteur conformément au dispositif prévu à la conception », a-t-elle ajouté.
Douze ans de retard
L’EPR avait connu mardi sa « première réaction nucléaire », une étape cruciale du démarrage de ce réacteur nucléaire de nouvelle génération, avait annoncé le groupe au lendemain du feu vert accordé par le gendarme du nucléaire, l’ASN, pour lancer cette opération. « Cette première réaction nucléaire marque le début de la montée en puissance, par paliers successifs, de l’EPR de Flamanville », qui doit encore atteindre les 25 % de puissance pour être connecté au réseau électrique « d’ici la fin de l’automne », expliquait EDF.
L’opération accusait 12 ans de retard sur le calendrier initial en raison de nombreux déboires et aléas techniques qui ont fait exploser la facture, désormais estimée à 13,2 milliards d’euros par EDF, soit quatre fois le devis initial de 3,3 milliards. Dans un communiqué, Greenpeace avait dénoncé « un faux démarrage ou plutôt un démarrage politique ».
L’EPR, un réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération, est le 4e de ce type installé dans le monde, le 57e réacteur du parc nucléaire français, et le plus puissant sur le territoire (1 600 MW) À terme, il doit alimenter en électricité environ 3 millions de foyers.