Eure-et-Loir : un ours débarque au zoo-refuge de la Tanière


L’oursonne au poil foncé, baptisée Tanie, est partie de Riga, la capitale lettone, avant de se poser à l’aéroport de Roissy ce jeudi soir. « Dans les deux trois jours qui viennent, il faut qu’on trouve un État, un pays quelque part, qui accepte qu’on puisse la relâcher… », déclare, le ton grave, Patrick Violas, fondateur du zoo-refuge. Fierté, pour avoir été choisi entre la Grèce et l’Italie, mais aussi tristesse et angoisse planent à La Tanière, à Nogent-le-Phaye (Eure-et-Loir)…

Il est 21h10, l’oursonne de 8 kg, baptisée Tanie sur la route entre l’aéroport de Roissy et La Tanière, vient tout juste d’arriver dans sa nouvelle demeure, après sept heures de voyage. Issu de la sous-espèce européenne de la souche de l’est, l’ursidé est le septième ours à intégrer le sanctuaire. Pas un bruit ne sort de la caisse de transport.

Venue de Lettonie, Tanie a débarqué à Roissy ce jeudi 25 mai. LP/Paul Guibal
Venue de Lettonie, Tanie a débarqué à Roissy ce jeudi 25 mai. LP/Paul Guibal

« Si dans les 72 heures qui viennent, nous avons une autorisation de la relâcher, c’est dans un enclos extérieur de 1 500 m2 que ça se passera », détaille Sébastien Muller, responsable zoologique du parc. En attendant, dans l’enclos actuel de l’oursonne, tout a été reproduit pour qu’elle se sente comme dans son habitat naturel. Feuillage, branchages, fleurs et fruits sont disposés. Les lieux sentent fort également la forêt et l’ours.

« On va pouvoir rétablir la situation si on met le protocole de réhabilitation en place. Autrement, elle devra apprendre la captivité… » Si un pays se prononce et accepte que l’ours soit relâché, Tanie sera alors entraînée, à l’abri des regards dans un enclos calfeutré, à pêcher, chasser, et manger seule. « Il ne faut pas qu’elle croie que c’est l’homme qui lui donne à manger… »

«On a été choisi pour notre savoir-faire»

Dans la cage posée au sol, on peine à imaginer qu’un bébé ours est dedans, tellement elle est silencieuse. « Il faut qu’elle soit libérée. Si c’est le cas, ce sera à l’automne, explique le fondateur. On la nourrira en fonction du pays qui l’accueillera, avec des aliments qu’elle trouvera dans la nature. » Le silence règne, la cage est placée devant l’entrée de l’enclos à la Tanière. Tanie ne sort toujours pas… « Quand on lui a donné à manger des fruits pour qu’elle s’hydrate, elle n’a pas bronché. Elle aurait dû grogner. J’espère qu’elle n’est pas déjà imprégnée par l’homme… », s’inquiète Patrick Violas.

L'oursonne est restée silencieuse lors de son arrivée à la Tanière. LP/Paul Guibal
L’oursonne est restée silencieuse lors de son arrivée à la Tanière. LP/Paul Guibal

« La cause animale est souvent mise en avant par les politiques, surtout lors des élections. Il faut prendre cette décision courageuse, à présent. Le temps presse », insiste le passionné. Petite lueur d’espoir pour l’équipe et Paolo, le papa ours du sanctuaire… « Elle est sortie de la caisse, elle a chargé Paolo, relate Sébastien Muller. Elle a essayé de l’attaquer. C’est une bonne nouvelle car si on veut la réintroduire en milieu naturel, ça veut dire que l’homme, elle ne l’aime pas du tout. »

Le responsable de l’atelier, avec son fort accent espagnol reste très prudent avec l’animal qui pèsera à l’avenir jusqu’à 250 kg. « Elle m’a attrapé le doigt avec sa gueule, elle ne l’a pas serré, je l’ai immédiatement enlevé. Elle est en forme. » « On a été choisi pour notre savoir-faire », assure le patron. La nuit fut courte pour les équipes. Une nuit d’observation grâce à des caméras disposées sur les grilles de l’ourserie.



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