Football : l’Espagne convoque plusieurs championnes du monde espagnoles grévistes mais pas Jenni Hermoso

C’est une liste inédite et surprenante que vient de présenter Montse Tomé, la toute nouvelle sélectionneuse de l’équipe féminine d’Espagne. Pour sa grande première, l’ancienne milieu de terrain nommée le 5 septembre en remplacement de Jorge Vilda, a dû composer avec le boycott de 21 des 23 joueuses sacrées lors du dernier mondial.
Au total, 39 joueuses professionnelles avaient réaffirmé dans un communiqué publié le 15 septembre qu’elles ne joueraient pas en sélection tant que les changements à la tête de la Fédération espagnole de football resteraient « insuffisants ». Parmi elles, on retrouve logiquement Jennifer Hermoso, victime du baiser forcé de la part de Luis Rubiales ou encore Alexia Putellas, double lauréate du Ballon d’Or. La première n’a pas été appelée ce lundi, le seconde si. Au final, 15 championnes du monde grévistes sont pourtant convoquées. Explications sur une situation de plus en plus complexe.
Quelle équipe pour affronter la Suède vendredi ?
Jusqu’au dernier moment, la Fédération espagnole de football (RFEF) a tenté de faire revenir ses joueuses en sélection. À un peu plus d’une heure de l’annonce de la liste, elle a été jusqu’à publier un communiqué assurant, à nouveau, aux joueuses que des changements auraient lieu. Une manière d’officialiser publiquement que la Fédération a entamé son « renouveau nécessaire ».
Mais surtout, la RFEF les a invitées à « se joindre à ce changement mené par la Fédération, en comprenant que les changements qui doivent se poursuivre doivent être solides et équitables », et de fait à sortir de leur boycott. Reste qu’aucune mesure concrète n’a été annoncée, ce que réclament les joueuses.
L’annonce de la sélection pour la saison inaugurale de Ligue des nations féminine a finalement eu lieu à partir de 16h30. Après une présentation officielle du nouveau staff de l’équipe, la première liste a été dévoilée. Et, surprise : plusieurs grévistes ont été convoquées. C’est notamment le cas d’Olga Carmona, d’Alexia Putellas ou encore d’Irene Paredes. En revanche, Jennifer Hermoso, victime du baiser forcé n’a pas été appelée. « Nous comptons sur Jenni, mais nous pensons que c’est la meilleure façon de la protéger », a-t-elle justifié.
Un choix surprenant qui a logiquement interpellé les journalistes présents sur place. Questionnée sur d’éventuelles garanties, Montse Tomé a indiqué : « J’ai parlé avec les joueuses mais je ne dévoilerai rien, ce sont des choses qui restent entre nous ». « J’ai toute confiance dans les joueuses appelées », a-t-elle finalement ajouté.
Comme attendu, Athenea del Castillo, 22 ans, fait partie des joueuses retenues. Le 16 septembre, l’attaquante du Real Madrid avait expliqué vouloir prioriser le jeu. « Nous avons passé des semaines horribles après avoir réussi l’un des exploits les plus importants du football espagnol, a-t-elle regretté. Et je veux aller au football, voir du football et surtout jouer au football », avait-elle indiqué dans un long communiqué sur les réseaux sociaux, tout en continuant de « dénoncer tout ce qui s’est passé avec Jenni Hermoso ».
Les Espagnoles doivent jouer deux matchs de la première Ligue des nations féminine : le 22 septembre contre la Suède et le 26 septembre contre la Suisse. On ignore pour l’heure si Tomé pourra compter sur l’ensemble des joueuses convoquées.
Que réclament les joueuses ?
De pouvoir évoluer dans un endroit « sûr ». « Les changements qui ont eu lieu ne sont pas suffisants pour que les joueuses se sentent dans un endroit sûr, où on respecte les femmes, où on parie sur le football féminin et où nous pouvons donner le meilleur de nous-mêmes », écrivent les joueuses de la Roja dans leur communiqué du 15 septembre.
Ainsi, elles réclament notamment : une « restructuration de l’organigramme du football féminin », la « démission du président de la RFEF », « la restructuration du département communication et marketing », la « restructuration de la gestion de l’intégrité » et une « restructuration du cabinet de la présidence et du secrétariat général ». Plus concrètement, et comme indiqué par le média espagnol El Confidencial, les joueuses réclament notamment le départ d’Andreu Camps.
Véritable bras droit de Luis Rubiales, les joueuses se sont par le passé déjà heurtées à son immobilisme. Il avait notamment refusé que les joueuses aient leur nom inscrit sur leur maillot, comme c’est le cas pour leurs homologues masculins, justifiant que cela représentait une dépense trop coûteuse…
Luis Rubiales écarté mais pas de décision judiciaire dans l’immédiat
Ecarté mais pas condamné. Le désormais ex-patron du football espagnol Luis Rubiales a présenté sa démission de la tête de la fédération espagnole de football. « Je vais le faire, oui, parce que je ne peux pas continuer mon travail », avait-il affirmé dans un entretien avec le journaliste britannique Piers Morgan le 10 septembre dernier.
À l’issue de l’audience à huis clos, où Luis Rubiales a continué de nier avoir réalisé ce baiser sans le consentement de la joueuse, le magistrat chargé de l’enquête lui a interdit de s’approcher à moins de 200 m de Jenni Hermoso. Il n’a également pas le droit de rentrer en contact avec l’attaquante, qui avait fait état de pressions au début de l’affaire. Mais pour l’heure, l’instruction se poursuit et aucune décision supplémentaire n’est attendue à court terme. Surtout, certains des dirigeants de la Fédération espagnole de football toujours en poste ont été nommés par Rubiales. C’est notamment ces derniers que les joueuses visent.