France-Canada : de MMArena à Marie-Marvingt, comment le stade du Mans a pris le nom d’une pionnière du sport


En un an, tout a presque changé. Le 12 avril 2022, l’Équipe de France féminine affrontait la Slovénie en match éliminatoire de la Coupe du monde. À l’époque, les Bleues, dirigées par Corinne Diacre, s’étaient imposées 1-0 grâce à Delphine Cascarino au stade MMArena du Mans. Ce mardi 11 avril 2023, les joueuses du nouveau sélectionneur, Hervé Renard, reviennent dans la capitale sarthoise pour affronter le Canada au stade… Marie-Marvingt.

Non, la cité mancelle ne s’est pas dotée d’un nouveau stade en un an. L’enceinte construite en 2011 et d’une capacité de 25 000 places a simplement changé de nom. En effet, le 30 juin 2022, le groupe d’assurance du Mans a décidé de ne pas reconduire le contrat de naming qui le liait depuis 2011 avec Le Mans Stadium, filiale de Vinci, concessionnaire du stade, et la Ville du Mans représentée par son maire Stéphane Le Foll (PS).

Un manque à gagner pour l’ancien pensionnaire de Ligue 1, qui végète aujourd’hui en National, le troisième échelon national, puisque MMA contribuait à hauteur de 1,3 M d’euros par an. Les négociations entre la ville du Mans et MMA n’ont pas abouti, puisque le groupe d’assurance proposait de prolonger le contrat de six mois et ne mettant plus que 300 000 euros sur la table.

Inauguré le 29 janvier 2011 en présence du Premier ministre François Fillon, ancien maire de la ville (1983-2001), ce stade d’un coût de 102 millions d’euros devait permettre au Mans FC de consolider sa place en Ligue 1. Mais douze ans plus tard, et après un dépôt de bilan en 2013, le club n’a joué que deux saisons et demie en Ligue 2.

Marie-Marvingt, « la fiancée du danger »

Au Mans, c’est donc la fin d’une époque et d’un système. En sortant de terre, le Grand Stade de la ville du Mans avait ouvert la voie du naming, qui a ensuite largement été repris un peu partout en France, comme à Marseille avec l’Orange Vélodrome.

A la fin du contrat, Le Mans n’a pas tardé à effacer les lettres de l’assureur sur les murs du stade dès la mi-juillet 2022. Restait à trouver un nouveau nom au stade. Après avoir évoqué ceux de Le Mans Arena ou Le Mans Stadium, du nom du concessionnaire, la ville a opté pour Marie Marvingt le 27 juillet 2022, dont les initiales sont bien sûr les mêmes que celles de la MMArena.

« À l’heure où il est nécessaire d’accompagner le rayonnement du sport féminin, à la veille des Jeux olympiques de Paris et au moment de ces étapes de visibilité importantes qui médiatisent le Tour de France femmes et l’Euro de football féminin, Le Mans s’engage sur la reconnaissance des femmes sportives et de leurs talents », indique la Ville dans un communiqué. Depuis le nouveau stade Marie-Marvingt s’est doté d’un nouveau logo en début d’année 2023 et sera officiellement inauguré le 26 mai lors de la dernière journée de National entre Le Mans et Dunkerque.

En choisissant Marie Marvingt, une pionnière du sport féminin, Le Mans est devenu la première ville de France à donner le nom d’une femme à une enceinte sportive de plus de 20 000 places. Née en 1875, Marie Marvingt a connu une existence riche jusqu’à sa mort en 1963 à 88 ans. Elle est notamment la première femme à avoir terminé le Tour de France cycliste en 1908. Après le refus des organisateurs de la voir participer, celle qu’on surnommait la « fiancée du danger » a effectué le même parcours que les hommes en s’élançant quelques instants après eux.

Parmi les nombreux exploits qu’elle a réalisés, il y a eu la traversée de la Manche en 1909, ce qui était une première pour une femme. Elle a quasiment touché à tous les sports. À sa mort, elle était la femme la plus décorée de France avec 34 médailles et décorations.

Journaliste, Marie Marvingt s’est également déguisée en homme pour passer 47 jours dans les tranches lors de la Première Guerre mondiale avant d’être démasquée. Elle devenait alors infirmière et correspondante de guerre. Une vie riche qui aujourd’hui est remise en pleine lumière.





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