« Il n’y a rien au-dessus de Roland-Garros… » : à Paris, Caroline Garcia espère gommer des mois de doute

À l’heure d’entamer son 13e Roland-Garros, le quatorzième même si on remonte à une élimination au premier tour des qualifications en 2010, Caroline Garcia se souvient de son premier souvenir du tournoi. « J’avais moins de 10 ans, raconte la tête de série numéro 5. Je rentrais de l’école, je prenais mon goûter et je m’installais devant la télé. Le rituel durait ainsi chaque jour devant deux semaines. Je rêvais devant les filles qui jouaient et je me disais qu’un jour, je serai à la place. Je pensais qu’un jour, moi aussi je soulèverai ce trophée. » Quand elle avait 10 ans, c’est la Belge Justine Henin qui dominait le circuit.
Porter à bout de bras le 10 juin la coupe Suzanne-Lenglen, Caroline Garcia en rêve toujours. « Roland-Garros est mon tournoi favori, poursuit la Lyonnaise. C’est en France, devant le public français, devant mes proches qui sont dans les boxes. Il n’y a rien pour moi au-dessus d’une victoire ici en finale. C’est en haut de ma liste, au-dessus des Jeux olympiques. »
Pour y parvenir, le chemin est encore long. Il commence ce week-end face à la Chinoise Wang Xiyu, numéro 78 mondiale. « J’avoue, je ne la connais pas, reconnaît Garcia. Je sais juste que c’est une gauchère en confiance car elle sort d’un bon tournoi à Rome. Pour le reste, je vais juste essayer de bien entrer dans le tournoi. »
Hommes et femmes confondus, Caroline Garcia est la seule tête de série bleu-blanc-rouge. C’est sur elle seule que reposent les espoirs d’un bon parcours, le plus loin possible en deuxième semaine. « Sur le papier, Caroline Garcia est évidemment le fer de lance des Français sur cette édition, dit Amélie Mauresmo, la directrice du tournoi. Elle arrive en étant 5e mondiale, avec certes peu de repères et pas beaucoup de confiance très certainement. Il va falloir à mon avis pour elle voir match après match, ici ça prend tout son sens quand il y a une période avec un peu moins de confiance. » Confiance : le mot est lâché. Vainqueur du tournoi en double avec Kristina Mladenovic, Caroline Garcia avait entamé sa folle année 2002 ici même il y a 12 mois. Elle se souvient en passant aujourd’hui qu’en début de quinzaine à l’époque, personne ne s’intéressait à elle. Seulement, 2022 n’est plus qu’un joli souvenir. Caroline Garcia débarque porte d’Auteuil en étant mal dans ses baskets.
« Depuis quelques semaines, j’ai des mauvais timings »
Après un début de saison moyen, depuis début février Garcia a perdu dès son premier ou son deuxième match dans six des huit tournois qu’elle a joués. Seules exceptions : une finale (perdue contre Vekic) à Monterrey (Mexique) et un huitième de finale à Indian Wells. Sur terre battue en 2023, elle affiche un triste bilan de trois victoires et trois défaites. « Depuis quelques semaines, et même depuis le début de l’année, j’ai des mauvais timings, je lis mal les trajectoires, regrette-t-elle. Sûrement un problème de concentration, de lecture du jeu, j’ai du mal à l’expliquer. Il y a des phases comme ça où je fais la faute alors qu’il ne se passe rien, constatait-elle. Je fais des fautes qu’on peut mettre dans la catégorie bête. »
Et après son entraîneur Bertrand Perret, parti soudainement juste avant le Masters – avant de revenir début avril -, c’est sa kiné et préparatrice physique Laura Legoupil, l’autre personne clé de son renouveau, qui a fait beaucoup pour la remettre sur pied et lui reconstruire un physique paré pour le haut niveau, qui a brutalement dit stop fin mars.
« Je ne pronostique rien »
Il y a une dizaine de jours, après son élimination dès le troisième tour du tournoi par la 100e joueuse mondiale (6-4, 6-4 par Osorio), elle avait quitté Rome en pleurant. Un résumé des tourments qui triturent son cerveau depuis des mois. « Parfois, c’est dur. Je fais les efforts mais ça ne marche pas, disait-elle à Rome. Ça m’affecte de faire ce que je fais sur le terrain, de ne pas bien faire en fait, tout simplement parce que je suis concernée par ce que je fais, que je fais les efforts, que j’ai l’impression de faire les choses bien, et que j’ai envie d’aller jusqu’au bout. Sauf que quand j’arrive sur le court, tout ce que j’ai bien fait (à l’entraînement), je ne le fais plus… »
La terre ocre de Paris lui a heureusement redonné le sourire, celui qu’elle affiche depuis qu’elle s’entraîne sur le court Philippe-Chatrier. Décontractée ? Pas encore. Déterminée ? À coup sûr. Ce tournoi pourrait être celui d’une nouvelle résurrection. Ou pas. « Je ne pronostique rien, affiche-t-elle. Pour le moment, je n’ai qu’une ambition. Me concentrer sur moi-même et avancer tour par tour. » C’est souvent la bonne recette. À Roland-Garros, Caroline Garcia a joué un quart de finale en 2017. Elle n’est jamais allée plus loin. L’année dernière, elle avait perdu dès le 2e tour.