Interview. Tara Polar Station : « Le plus efficace et le plus efficient possible »


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Romain Troublé est le directeur général de la Fondation Tara Océan. (©Fondation Tara Ocean)

Romain Troublé est le directeur général de la Fondation Tara Océan. Dans un entretien accordé à La Presse de la Manche, il explique en quoi le projet de l’entreprise CMN a plu à la fondation pour la réalisation du projet de la future Tara Polar Station.

Actu : Qu’est-ce qui vous a plu dans la proposition des CMN ?

Romain Troublé : CMN, c’est un gros chantier qui compte en France, où ils travaillent très souvent l’aluminium. Ils sont habitués à faire des bateaux compliqués et destinés à différents usages. Leur offre est intéressante face aux enjeux de faisabilité technique, de mise en forme, avec une épaisseur de tôle importante…

Les enjeux sont de taille, car Tara Polar Station est un prototype…

R. T. : CMN a bien compris notre envie d’innover dans la sobriété et les enjeux environnementaux d’aujourd’hui. Comme ils existent dans le bâtiment. On est dans une même vision, pour faire un bateau qui sera le plus efficace et le plus efficient possible pour assurer ses missions scientifiques.

Invitées à s’associer à l’aventure

Tara Polar Station ira donc au pôle Nord, un milieu extrême. A quelles conditions climatique le navire sera confronté ?

R. T. : Les conditions climatiques y sont des plus extrêmes, en effet, avec des températures moyennes de -20 à -30 °C l’hiver et des pointes allant à -50 °C. La station va devoir évoluer dans une glace de mer d’un mètre d’épaisseur et qui bouge. Il faut donc un bateau en aluminium et à forme particulière, avec une tôle de 16 à 18 millimètres d’épaisseur environ, pour résister à la pression de la glace. On a pris le même architecte que celui qui a conçu notre bateau Tara, qui a déjà fait un voyage en Arctique en 2006. Elle a prouvé que ce système fonctionne pendant sa dérive, accrochée à la glace, pendant dix-huit mois, 500 jours, se déplaçant de huit à dix kilomètres par jour, poussée par les vents.

Sur quels points faut-il donc innover pour Tara Polar Station ?

R. T. : C’est un bateau qui va également bouger avec la glace, mais Tara a servi au pôle pour faire des mesures du climat, avec des capteurs. L’enjeu aujourd’hui est de comprendre la biodiversité du pôle Nord, de faire des prélèvements d’eau et d’organisme. Il y aura un laboratoire à bord et un accès à la mer depuis l’intérieur, grâce à un puits d’un mètre cinquante, une ouverture sur l’océan au milieu de bateau par laquelle envoyer des sondes tout en travaillant dans des températures humainement confortables. Faire de la biologie et manipuler des pipettes avec des moufles par -30 °C, ce n’est pas possible, vous imaginez bien.

Le temps du chantier, la fondation va-t-elle être présente à Cherbourg ?

R. T. : On va venir tous les mois et sur place. Loïc Valette, un ancien capitaine de Tara, qui a construit d’autres bateaux dans sa carrière, va assurer le suivi avec l’aide de notre partenaire ingénieur et l’architecte, pour aider CMN dans la prise de décisions. On espère aussi convaincre la Région, l’Agglomération du Cotentin et la Ville de Cherbourg-en-Cotentin de nous aider sur ce projet au budget important. Et La Cité de la Mer (N.D.L.R. comme promis pour ses 20 ans) sera associée à l’expédition de Tara Polar Station.

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