Lannion. Le plaquiste soupçonné d’enlèvement reste en prison


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Le tribunal d'appel de Rennes a décidé de laisser le prévenu en prison.
Le tribunal d’appel de Rennes a décidé de laisser le prévenu en prison. ©Archives actu.fr

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a maintenu en détention provisoire, vendredi 26 mai, un jeune plaquiste de Lannion soupçonné d’être impliqué dans la séquestration d’un dealer d’héroïne dans le but de lui extorquer l’argent de son coffre-fort.

« Ils lui réclamaient 60 000 euros »

La victime, A., avait en fait été enlevée le 23 janvier 2022 rue Saint-Tropez, à Vannes (Morbihan), après avoir été « attrapée par deux hommes dans une cage d’escalier ». Ces ravisseurs cagoulés l’avaient ensuite fait « monter dans son véhicule », lui réclamant « 60 000 € », avait-il été dit en octobre 2022 lors d’une précédente audience.

Le convoi avait poursuivi son trajet vers le bois de Saint-Avé, où l’homme enlevé, qui n’avait en fait « que 30 000 € », avait été « frappé avec des barres de fer » et « brûlé avec la flamme d’un briquet sous le pied » alors qu’il était entravé par du ruban adhésif tout en étant « filmé ».

Il avait ensuite été « abandonné sur place », « en caleçon » ; son visage était « tuméfié » et « en sang », et il avait « une dent cassée ».

Il avait aussi appris de ses agresseurs qu’ils l’avaient « tracé et suivi depuis deux mois ». 

L’homme enlevé avait pourtant « tenté de s’échapper » de la voiture, mais il avait été « frappé » de plus belle et il avait « perdu son téléphone portable » en tentant de s’extirper. Dans l’intervalle, son frère avait été « contacté par Snap [Snapchat, ndlr] pour qu’il apporte le coffre-fort » qui contenait la moitié de la somme requise par les ravisseurs.

Trahi par « un ami »

A. avait finalement reconnu « à la voix » ses ravisseurs cagoulés, a-t-il été expliqué ce jeudi 25 mai 2023 lors de l’examen de la nouvelle demande de remise en liberté d’un des protagonistes de l’affaire.

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Il avait admis sans difficulté se livrer au trafic de stupéfiants et pense avoir été trahi par un individu « qu’il considérait véritablement comme un ami » : celui-ci était « le seul » qui était au courant de l’existence de ce coffre-fort rempli d’argent.

Le chef de la bande ?

Aujourd’hui, les trois cousins soupçonnés d’être les ravisseurs du dealer et « l’ami » de ce dernier vont bientôt être fixés sur leur sort judiciaire : ils seront jugés devant le tribunal judiciaire de Vannes le 20 juillet 2023.

Soupçonné d’être « le chef de cette petite bande », selon les mots employés lors d’une précédente audience par la présidente de la chambre de l’instruction, Y. voulait donc être remis en liberté dans l’intervalle : il est en détention provisoire « depuis seize mois » et elle n’est « plus justifiée », avait répété son avocat.

« Pas un délinquant chevronné « 

« L’ami » du dealer enlevé a effectivement été « interpellé tardivement » fin décembre 2022 et a été « mis en examen », a fait observer Me Rabah Laraba. « C’est pour cela que nous ne sommes pas venus avant embêter la cour de façon incessante avec des demandes de mise en liberté… Mais aujourd’hui, le risque de concertation frauduleuse entre eux n’existe plus. »

Son client n’est aussi qu’un « consommateur très occasionnel » de cannabis : son casier judiciaire porte trace d’une mention pour un vol et d’une autre pour un simple « usage » de stupéfiants. Des délits réglés par le biais d’une ordonnance pénale et d’une Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), des procédures alternatives au procès public.

« Ce n’était pas un trafic lucratif, avec des sommes d’argent considérables », en a déduit l’avocat brestois.

Mon client est un jeune homme travailleur, et non pas un délinquant chevronné multi-récidiviste. Il veut aujourd’hui reprendre sa vie là où elle s’était arrêtée.

Me Rabah Laraba

Un retour à Lannion

Un retour à Lannion allait aussi lui « permettre de s’éloigner de la région vannetaise », avait positivé l’avocat.

Ce jeune plaquiste qui a « grandi dans les Côtes-d’Armor » avait aussi la possibilité d’y être repris par son employeur : il le considère comme un « bon employé« , a certifié à la cour Me Rabah Laraba.

Y. peut aussi compter sur un « soutien familial cadrant », comme en témoignent les « visites régulières » de sa mère en prison.

« Son père ne vient pas, mais uniquement parce que c’est trop risqué pour lui : il souffre de claustrophobie », a tenu à préciser l’avocat brestois.

Un « risque important » de « peine majeure »

L’avocate générale, pour sa part, avait demandé aux juges de maintenir le jeune homme en détention provisoire au vu de ses « dénégations jusqu’au-boutistes » alors que les faits sont « d’une particulière gravité » : cette « opération méticuleusement montée pour récupérer un coffre-fort » a été doublée d’une « disparition méticuleuse des traces de leurs agissements ».

« Monsieur dit qu’il veut reprendre sa vie d’avant, mais c’est justement sa vie d’avant qui l’a amené à commettre de tels faits : il a fait part, au cours de l’enquête, de ses difficultés financières », a insisté la représentante du ministère public.

Le plaquiste était en fait « en arrêt de travail » au moment des faits : il venait de se faire retirer son plâtre suite à une fracture du tibia.

Jugé le 20 juillet

Y. est enfin confronté à un « risque d’important » d’écoper d’une « peine majeure » quand il sera jugé devant le tribunal judiciaire de Vannes le 20 juillet 2023.

« Il y a des éléments qui vous mettent en difficulté dans ce dossier, la peine qui sera prononcée risque d’être largement supérieure à celle de la détention provisoire… Ne craignez-vous donc pas de reprendre une vie normale pendant quelques semaines avant d’être rattrapé par l’exécution de cette peine ? », avait également demandé la présidente de la chambre de l’instruction au jeune prévenu.

Finalement, ce dernier a été maintenu en détention provisoire.

GF (PressPepper)

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