Loire. Il y a 60 ans, des gangsters chassés à la mitraillette autour de Saint-Just-en-Chevalet


Mardi 28 mai 1963. Dans le Massif-Central, le printemps s’installe paisiblement. Mais ce jour-là, le long des routes du Forez, le chant de la mitraille va couvrir le gazouillis des oiseaux… Une chasse à l’homme vient de s’engager.

Une voiture volée à La Monnerie (Puy-de-Dôme)…

Tout commence vers 11h30, dans le bourg de La Monnerie (ancien canton de Saint-Rémy-sur-Durolle – Puy-de-Dôme). La femme d’un coutelier stationne sa voiture sur la place de La Gare, le temps de faire une course dans un magasin. Au moment de ressortir, elle a tout juste le temps d’apercevoir la DS noire qui file pour prendre la RN89 en direction de Noirétable.

Quelques instants plus tard, les gendarmes de Saint-Rémy-sur-Durolle sont mis en alerte. Des barrages routiers sont mis en place à Ambert, Olliergues, Courpière, Vichy, Noirétable et Montbrison. « Partout, des gendarmes aux carrefours attendaient le passage de la DS », rapporte nos envoyés spéciaux dans La Tribune – Le Progrès du mercredi 29 mai 1963. 

… et deux barrages forcés à Noirétable et Saint-Just-en-Chevalet

Ce sont les gendarmes de Noirétable, dans la Loire, qui les premiers aperçoivent la DS noire. Le véhicule file à très grande allure et ne peut être arrêté. Les gendarmes constatent, en revanche, que la Citroën était suivie de près par une Peugeot 403 beige, immatriculée dans le Rhône.

Très vite, l’étau se resserre. « Un système de verrouillage avait été rapidement établi sur les routes du Roannais et de la plaine du Forez ». C’est du côté de Saint-Just-en-Chevalet que les deux voitures en fuite sont aperçues : elles forcent un barrage mis en place par les motards de la gendarmerie. Ces deniers font usage de leurs mitraillettes et tirent une salve dans les pneus.

Cernés, les deux malfrats traversent la Loire à la nage

L’affaire rebondit quelques minutes plus tard dans la commune de Juré où les malfaiteurs abandonnent la DS noire pour poursuivre leur fuite à bord de la 403 en direction de Balbigny. Ils arrivent jusqu’à Nervieux, sur les berges de la Loire, avec toujours les gendarmes à leurs trousses. « Se sentant pris, les deux voyous se jetèrent dans le fleuve, profond de trois mètres ». Ils parviennent alors à s’échapper… pour quelques minutes.

Vers 13h30, en effet, des motards de la gendarmerie retrouvent les deux fuyards en train de faire de l’auto-stop. Trahis par leurs vêtements encore ruisselants, les deux hommes sont arrêtés et placés en garde à vue. 


Robert H. (à gauche) est considéré comme le principal instigateur de cette série de méfaits. Se sentant grillé à Lyon, il avait teint ses cheveux blonds en brun. Bernard V. (à droite) était, quant à lui et comme son acolyte, déjà connu pour vols. Photo archives La Tribune - Le Progrès


Robert H. la petite frappe à l’origine d’un scandale dans la police lyonnaise

Le premier gangster, Robert H., est âgé de 29 ans et demeure à Vaulx-en-Velin (Rhône). Il est considéré comme le principal instigateur des faits. Le second gangster, Bernard V., est âgé de 31 ans et demeure à Villeurbanne (Rhône).

Les deux hommes se sont connus en détention où ils purgeaient leurs condamnations pour vol. Remis en liberté moins d’un mois avant leur interpellation rocambolesque, les deux hommes ont eu le temps de se livrer à une série de méfaits : l’attaque de deux pompistes à Lyon (Rhône) et à La Côte-Saint-André (Isère), le vol de quatre voitures (dont une à Cannes dans les Alpes-Maritimes et l’autre à Grenoble dans l’Isère), un cambriolage à Nîmes (Gard), un vol de chèques à Lyon (Rhône)… « Une vie errante, joyeusement menée à coups de chèques sans provision et de vols de voiture », relate La Tribune – Le Progrès dans son édition du jeudi 30 mai 1963. Une invulnérabilité à laquelle ont mis fin les gendarmes de la Loire.

L’affaire du Fétich’Club

Quelques années plus tard, en décembre 1968, Robert H. sera tué par balles dans un bar à prostituées de Neuville-sur-Ain (Ain). Sa mort sera à l’origine d’une affaire monumentale qui mènera un commissaire lyonnais à la case prison.

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