Magalie Démarest d’Airaines : « Je suis tatouée, j’ai une Harley et je fais du crochet »


Magalie Démarest a créé son autoentreprise de confection artisanale au crochet,
surprenant ceux qui la réduisaient à son image de fan de Harley aux nombreux tatouages.
Magalie Démarest a créé son autoentreprise de confection artisanale au crochet,
surprenant ceux qui la réduisaient à son image de fan de Harley aux nombreux tatouages. (©Le Journal d’Abbeville)

À Airaines (Somme), on la connaît surtout pour la passion qu’elle voue depuis toujours à la moto. « On me voit sur mon triker Harley, avec mes tatouages… Pour beaucoup, je suis juste la bikeuse tatouée », sourit Magalie Démarest. De ce sourire qui vous défie de l’enfermer dans une case.

Car si nous la rencontrons en ce début du mois de janvier, dans sa maison de la rue de l’abbé Perdu, c’est pour une tout autre passion, qui colle a priori bien mal avec son look de rockeuse et son goût pour les motos américaines : bientôt quinquagénaire, Magalie Démarest vient de créer son autoentreprise… de confection artisanale au crochet.

« C’est difficile de m’enfermer dans une case »

« Quand j’ai exposé au marché de Noël d’Airaines, beaucoup de gens qui me connaissaient du milieu de la moto ont été très surpris d’apprendre que je faisais du crochet », reconnaît-elle, avant d’ajouter…

« J’ai l’habitude. On a vite tendance à enfermer les gens dans des cases. Avec moi c’est compliqué, j’aime bien être là où on ne m’attend pas. »

Magalie Démarest

Le crochet : c’est sa grand-mère qui l’a initiée lorsqu’elle était adolescente. « Elle habitait Nantes, nous près d’Amiens. Quand elle venait chez nous, elle s’installait le soir devant la télé, avec son tricot. Un jour, je lui ai demandé de m’apprendre, c’est comme ça que ça a commencé, j’avais 12 ans. » Une pointe d’émotion transparaît à l’évocation de ce souvenir, et des relations privilégiées de l’ado avec sa grand-mère.

Déjà à cette époque, Magalie aimait apprendre, se remettre en question, et se lancer des défis. « Dès que j’ai maîtrisé la technique, j’ai voulu faire un pull », se souvient-elle.

Un long chemin pas tranquille

Et l’année suivante, c’est le crochet que la grand-mère a appris à sa petite-fille. « Ça m’a plu encore plus : il y a un côté moins répétitif, qui me convient mieux », estime-t-elle.

C’est que Magalie Démarest n’est pas très attirée par la routine… tout en reconnaissant être un peu casanière. Une ambivalence qui convient bien, finalement, à cette bikeuse-crocheteuse dont le parcours professionnel est un long chemin pas tranquille.

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Après dix ans dans l’industrie, les écueils de la vie l’incitent à rompre son contrat. C’était en 2012, et notre Airainoise est passée par bien des boulots par la suite : serveuse en restauration en bord de mer, veilleuse de nuit à la Maison Familiale Rurale, gérante d’un magasin de vêtements, sans oublier plusieurs missions en usine…

À un moment, j’ai eu besoin d’un peu plus de stabilité. Alors j’ai décidé de me lancer et de créer ma propre activité, avec cette passion pour le crochet qui ne m’a jamais quittée.

Magalie Démarest

Cette passion que beaucoup de personnes de son entourage ont longtemps ignorée, mais qui l’habite autant que la moto : deux facettes d’une même personne, dans toute sa complexité.

Quand elle décide de franchir le pas

Magalie s’est d’abord contentée de « crocheter » pour la famille, puis pour les amis : des bonnets, des couvertures pour sa petite-fille… Puis elle s’est rendu compte qu’il y avait un goût retrouvé pour les créations artisanales en général, et pour le crochet en particulier, avec son authenticité un peu à l’ancienne. Alors en mai dernier, elle s’est lancée.

Discrètement d’abord, en misant avant tout sur les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille. Qui commence à faire son effet : son groupe Facebook totalise déjà plus de 900 membres, Magalie a envoyé des commandes à Toulouse ou Perpignan, ou encore en Vendée, et compte de nouveaux clients chaque semaine… Et c’est sans compter avec la boutique en ligne qu’elle vient tout juste d’ouvrir.

Des envies plein la tête

Gants, bandeaux, écharpes, pulls… Magalie Démarest privilégie les créations uniques, « parce que c’est ce que recherchent les gens, et parce que je m’ennuie vite », explique-t-elle. D’ailleurs, elle déborde d’idées pour ses futures réalisations, anticipant le retour des beaux jours en imaginant des objets de décos, ou des vêtements plus légers en coton.

Et avoir une vraie boutique avec pignon sur rue ? « Ce serait un rêve, mais pour ça il faudrait que je vende vraiment beaucoup, tempère-t-elle. Mon objectif, ce serait plutôt d’avoir un van aménagé pour faire les marchés, pour aller au-devant des gens. » Dès 2023 ? « J’aimerais bien… »

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