Mégabassines : « Des radicaux préparent des actions violentes », prévient la préfète des Deux-Sèvres


Plus de 3 000 forces de l’ordre mobilisées d’un côté, 1 500 « activistes violents » attendus de l’autre par le ministère de l’Intérieur. La nouvelle manifestation contre les mégabassines, symbole des tensions autour de l’accès à l’eau, a débuté ce samedi en milieu de matinée dans les Deux-Sèvres, alors que de nombreux opposants avaient convergé vers les alentours depuis la veille.

Jusqu’à 10 000 personnes sont attendues autour de Sainte-Soline, où l’un de ces réservoirs dédiés à l’irrigation agricole est en construction, cinq mois après un précédent rassemblement émaillé d’affrontements. Une soixantaine de membres des forces de l’ordre avaient alors été blessés.

Le chantier, brièvement envahi par des manifestants fin octobre, est protégé par une double rangée de grillage de deux mètres de haut, et ses accès défendus par des barrages routiers. La préfecture a de nouveau interdit la manifestation, organisée par le collectif « Bassines non merci », le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne.

Des élus EELV et LFI ont prévu de se joindre au mouvement. La secrétaire générale d’EELV, Marine Tondelier, est notamment présente sur le site.

Des observateurs indépendants des pratiques policières mandatés par la Ligue des droits de l’Homme doivent également être sur les lieux pour « documenter le maintien de l’ordre » durant le week-end.

3 200 membres des forces de l’ordre sur site

Selon la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, « environ 1 500 activistes radicaux », venus de France et de l’étranger, pourraient se mêler aux manifestants, restés majoritairement pacifiques à l’automne.

Des dizaines de tracteurs et des « milliers » de manifestants, selon les organisateurs, sont arrivés vendredi, certains dans des véhicules aux plaques d’immatriculation dissimulées et de nombreux groupes cagoulés et habillés en noir, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Manifestement, il y a des appels de la part de certains à la dégradation et à la destruction. Comme à l’automne dernier, le risque de violences est fort », déclarait ce vendredi au Parisien le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau.

Dans un communiqué publié samedi matin, la préfète des Deux-Sèvres appelle « celles et ceux qui souhaitent manifester pacifiquement et avec des enfants » à faire preuve « de la plus grande prudence ». Elle les invite également « à se désolidariser immédiatement des fauteurs de troubles si des exactions venaient à être commises ».

Des armes ont été saisies en amont du rassemblement – boules de pétanque, frondes, lance-pierres, produits incendiaires, couteaux, haches, a détaillé le commandant régional de la gendarmerie, Samuel Dubuis. Le lieu précis de la manifestation était encore flou, les organisateurs ciblant la « bassine » de Sainte-Soline « et/ou » celle qui fonctionne déjà à Mauzé-sur-le-Mignon.

Un projet qui date de 2018

Ces deux bassines font partie d’un ensemble de 16 retenues, d’une capacité totale d’environ six millions de mètres cubes, qui doivent être construites dans le cadre d’un projet porté depuis 2018 par une coopérative de 450 agriculteurs, et soutenu par l’État.

Il vise à stocker de l’eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d’irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient. Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations agricoles face à la menace de sécheresses récurrentes.

« Accaparement » de l’eau par « l’agro-industrie

Les opposants dénoncent, eux, un « accaparement » de l’eau par « l’agro-industrie » à l’heure du changement climatique, et réclament un moratoire sur leurs constructions pour lancer « un vrai projet de territoire » sur le « partage de l’eau ».

Le raccordement aux bassines est conditionné à l’adoption de pratiques tournées vers l’agroécologie, mettent en avant les premiers, mais les seconds dénoncent de vaines promesses : le débat a tourné de longue date au dialogue de sourds.

« Alors que le pays se soulève pour défendre les retraites, nous allons simultanément faire front pour défendre l’eau », ont lancé vendredi les organisateurs, après avoir installé un campement à quelques kilomètres du chantier, sur un terrain privé situé en dehors du périmètre d’interdiction.





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