« Même avec le pire des scénarios, j’ai pu décrocher l’or ! » : Mathieu Bosredon un ton au-dessus
Il est tellement au-dessus du lot qu’il avait malgré lui pris la peine de donner une seconde chance à ses adversaires ce jeudi lors de l’épreuve paralympique de para-cyclisme sur route H4 à Clichy-sous-Bois… Le handbiker Mathieu Bosredon s’est montré invincible face à la concurrence lors des derniers 24 heures. Malgré une crevaison et un dépannage ce jeudi qui avait permis à ses adversaires de revenir sur lui et même le dépasser, le Tricolore – subitement tombé à la 5e place – a remis ses bras en acier en action puis avalé une seconde fois tous ses adversaires pour triompher avec une minute et trente-cinq secondes sur son dauphin et compatriote Johan Quaile. Un véritable triomphe au lendemain de son succès lors du contre-la-montre. « C’est parfait ! Ce 2e titre paralympique représente la perfection. Je ne pouvais pas imaginer mieux, insiste l’intéressé. Même dans le pire des scénarios j’ai pu décrocher cette médaille d’or. J’éprouve beaucoup de fierté ! »
Cette crevaison qui aurait pu briser nette son rêve de doublé ne l’a pas déstabilisé. « En fait, je l’avais prédit, avoue le champion. Pour gagner il fallait rester sur le vélo. Aujourd’hui je n’avais qu’une crainte, c’était de tomber. Avec la pluie, il y a eu des accidents et j’ai voulu être très prudent. Je me suis dit pars devant, prends un maximum d’avance et s’il arrive quoique ce soit tu auras le temps de te retourner. Et c’est ce qui s’est passé… » Il ajoute en arborant un grand sourire. « J’ai l’impression que c’était calculé pile poile. Quand j’ai crevé j’ai juste eu le temps de remonter cette bosse et d’arriver au dépannage. Le staff a été très rapide. Je suis reparti dans les roues de mes concurrents, je n’ai pas fait de cadeau et j’ai réattaqué direct. » Ses adversaires n’ont pu que constater les dégâts. Comme vingt-quatre plus tôt sur le même parcours pour l’épreuve du contre-la-montre où il a repoussé tous ses adversaires à plus de deux minutes…
« Je ne mesure pas encore la portée de ces deux médailles d’or »
Après ce premier sacre, Mathieu Bosredon a su garder sa sérénité pour bien préparer sa 2e course. « Cela s’est passé très vite. On est rentré au village olympique à 21h30 puis on s’est couché à 23 heures, raconte-t-il. Ce matin on était debout à 8 heures J’ai reçu beaucoup de messages mais je n’ai pas pu répondre à tout le monde. Je voulais rester focus sinon j’aurais passé toute la nuit à répondre aux messages (rire). J’avais peur qu’on soit fatigué et finalement ça s’est plutôt bien passé… »
Âgé de 33 ans, Mathieu Bosredon vit les plus beaux moments de sa vie. Une vie qui n’a pas toujours été facile. À l’âge de 4 ans, il perd l’usage des membres inférieurs. Dix ans plus tard, il se tourne vers le sport et le para-cyclisme où il excelle. Il en devient même le premier handbiker de l’équipe de France. La route sera longue avant sa double consécration sous la pluie de Clichy-sous-Bois. Non sélectionné pour Londres en 2012, il termine à la 4e place à Rio, si proche de la médaille de bronze. Mathieu s’est toujours battu pour arriver où il est. Après Rio, il n’est pas sélectionné pour Tokyo. Cet échec, qui aurait pu être fatal à n’importe quel autre athlète, lui a permis d’être encore plus fort sur les routes de la Seine-Saint-Denis. Avec deux médailles d’or sur ces Jeux paralympiques de Paris, il rejoint dans le clan tricolore son collègue para-cycliste Alexandre Leauté.
« Je ne mesure pas encore la portée de ces deux médailles d’or, je suis pourtant le même garçon, lance-t-il avec humour. Peut-être que je m’en rendrais compte en revenant chez moi. Une chose est sûre, on va faire la fête ! » Avant les festivités prévues à Brive-la-Gaillarde, Mathieu Bosredon tentera d’aller chercher ce samedi une 3e breloque en or… Pour entrer encore un peu dans la légende du handisport français.
