Nucléaire. Commission locale d’information de Flamanville : pas d’expertise indépendante sur l’EPR


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Le Crilan, qui demandait depuis 18 mois une expertise indépendante sur l'EPR de Flamanville, n'a pas eu gain de cause.
Le Crilan, qui demandait depuis 18 mois une expertise indépendante sur l’EPR de Flamanville (Manche), n’a pas eu gain de cause. (©Archives Jean-Paul BARBIER/La Presse de la Manche)

On ne s’attendait pas, jeudi 25 mai 2023, lors de l’assemblée générale de la Commission locale d’information (Cli) de Flamanville (Manche), à un retournement de situation. Par 36 voix, 7 abstentions et 1 bulletin blanc, ses membres ont voté à bulletin secret contre la demande d’expertise indépendante sur le réacteur EPR formulée par le Comité de réflexion, d’information et de lutte antinucléaire (Crilan).

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Cette expertise, le Crilan la réclame depuis 18 mois. Le principe en avait été rejeté par le bureau de la Cli en janvier 2022 avant que ne soit finalement accepté un vote en assemblée générale.

Le Crilan émet de « sérieux doutes »

« Un chantier complexe et chaotique », « une situation industrielle inédite, avec un chantier toujours en cours alors que le décret d’autorisation de création expire en avril 2024 », a défendu le président de l’association André Jacques, qui émet « de sérieux doutes sur la capacité de l’EPR à fonctionner en toute sûreté ».

Depuis le ferraillage et le coulage des premiers bétons jusqu’aux piquages du circuit primaire à reprendre, en passant par les falsifications de documents au Creusot concernant la cuve du réacteur, ce chantier est pour le Crilan « une fuite en avant depuis le début de la construction en 2007. Mais la raison d’État ne saurait se substituer au droit de l’environnement », plaide André Jacques.

Le but de cette expertise, c’est d’apporter la preuve que l’EPR peut fonctionner en conformité avec les règles de sûreté et de prouver que les problèmes et les possibles interactions ont été réglés.

André JacquesPrésident du Crilan

Des contre-expertises, les commissions de la Manche en ont déjà diligenté par le passé, sur la stratification du centre de stockage de l’Andra à Digulleville (La Hague) par exemple. Mais l’EPR serait d’une tout autre ampleur, « un dossier gigantesque, pour lequel existent déjà de nombreuses expertises », fait valoir Yannick Rousselet pour Greenpeace.

Il y avait aussi la question du financement : sur le budget de la Cli (75 000 euros cette année) avait d’abord demandé le Crilan, avant d’essayer d’ouvrir la porte sur des financements de l’association nationale de ces commissions locales.

Synthèse pédagogique

André Jacques a eu beau protester sur la formulation de la question soumise au vote, l’assemblée générale a rejeté la demande au profit d’une synthèse historique privilégiée par le bureau et son président Benoît Fidelin. Avec cette fois une majorité de 36 voix, 5 contre et 3 abstentions.

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Cette synthèse « pédagogique et vulgarisée », qui coûtera 5 000 euros hors taxes, doit rappeler les grandes étapes du chantier, avec une bibliographie des expertises existantes. « C’est un ensemble documentaire qui permettra à chacun de se faire sa propre idée », convient Yannick Rousselet.

« Poudre aux yeux », rétorque André Jacques avant de quitter, peu après, la salle. Seul bémol, ce document va demander quatre mois de travail, et ne sera donc pas disponible pour le grand public avant la fin de la consultation que va lancer l’Autorité de sûreté nucléaire sur le démarrage de l’EPR.

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