« On doit voir une aurore boréale tous les dix ans » : pourquoi le phénomène a été observé en France


Elles n’ont été visibles qu’une poignée de minutes par certains chanceux. Des aurores boréales ont été aperçues dans la nuit de dimanche à lundi, créant la surprise dans plusieurs régions de France. En pleine nuit, des voiles lumineux orangés et violacés ont été immortalisés dans le Nord, le Pas-de-Calais, le Poitou ou encore en Bourgogne. Un phénomène particulièrement rare sous nos latitudes. Pourtant, de nouveaux éclats lumineux pourraient encore apparaître ce lundi soir dans le pays, selon les spécialistes. Comment explique-t-on ce phénomène ? Pourquoi la couleur d’une aurore boréale peut-elle changer ? Comment mieux les observer ? Le Parisien fait le point.

Comment se forme une aurore boréale ?

Il s’agit d’un phénomène naturel lumineux lié à l’activité du Soleil. Accrochez-vous, l’explication relève de la physique. D’un côté, le Soleil émet un flux constant de particules chargées (composées d’électrons et protons), appelé vent solaire. De l’autre, la Terre dispose d’un champ magnétique qui protège sa surface, à l’image d’un bouclier. « Lorsque le Soleil provoque des éruptions, certaines de ses particules chargées parviennent, malgré ce fameux bouclier, à pénétrer dans l’atmosphère terrestre, où elles vont entrer en collision avec les gaz en présence », développe Éric Lagadec, astrophysicien à l’Observatoire de la Côte d’Azur (OCA).

Pour résumer, la matière du Soleil interagit avec l’atmosphère de la Terre. Lors de cette collision, les électrons et les protons présents dans le vent solaire vont exciter les atomes qui constituent les gaz de l’atmosphère terrestre. Une charge électrique va être transmise à ces atomes. « Puis, lorsqu’ils reviennent à leur état initial, ces atomes terrestres vont libérer des particules de lumière », poursuit le scientifique. Ces milliards de particules forment alors des voiles lumineux verts, orange ou mauves, visibles la nuit à l’œil nu.

Est-ce fréquent d’en voir en France ?

Le phénomène est particulièrement rare en France, selon Éric Lagadec. « On doit voir une aurore boréale tous les dix ans », estime le scientifique. Habituellement, ces arcs teintés s’observent dans les régions qui encerclent les pôles magnétiques de la Terre. C’est le cas notamment des pays scandinaves (Norvège, Suède, Islande, Finlande) situés dans l’hémisphère nord, ou des régions situées à la pointe méridionale du continent sud-américain comme la Patagonie (partagée par le Chili et l’Argentine) dans l’hémisphère sud. On parle dans ce cas précis d’aurores australes.

Pourquoi cela s’est-il alors produit en France ? « Le Soleil a produit une importante éruption il y a deux jours. Autrement dit, l’astre a émis un gros nuage de gaz excité en direction de la Terre. Ce nuage a ensuite été dévié par notre champ magnétique, mais une partie des particules solaires sont parvenues à pénétrer dans l’atmosphère terrestre. Quand il y a des tempêtes solaires de la sorte, des aurores peuvent alors se former à des latitudes plus basses que d’habitude. Voilà pourquoi certaines ont été observées en France mais aussi en Allemagne, en Écosse… », ajoute l’astrophysicien.

Pourquoi les aurores boréales changent-elles de couleur ?

Ces lumières célestes n’ont pas la même couleur d’une région à l’autre. Celles que l’on contemple le plus souvent affichent un vert assez vif. Mais il n’est pas rare d’observer, comme dans la nuit de dimanche à lundi, des traînées orangées, voire mauves dans le ciel. L’explication est simple : les couleurs émises varient selon l’altitude à laquelle se produit le phénomène.

À faible altitude, soit en dessous de 100 km, l’oxygène est moins dense dans l’atmosphère. Des particules d’azote vont alors produire des éclats lumineux entre bleus et mauves, précise Éric Lagadec. À l’inverse, des lueurs vertes ou jaunes peuvent se former entre 100 et 200 km d’altitude, après une collision entre les particules solaires et des molécules d’oxygène.

Comment les observer ?

Une aurore boréale dure en moyenne quelques minutes. Pour tenter d’en apercevoir une, chacun peut regarder vers l’horizon nord, après s’être éloigné de toute source de lumière afin que les yeux s’habituent à l’obscurité. « Vous pouvez aussi choisir de faire des photos en pose longue, tout en augmentant la sensibilité ISO de vos appareils », conseille le scientifique, qui ajoute que de nouvelles lumières pourraient « apparaître en France dans la soirée de lundi, vers 21 heures ».

« Tentez de les apercevoir et, dans le pire des cas, si vous n’êtes pas trop exposé à la pollution lumineuse, vous pourrez observer une superbe nuit étoilée, avec Jupiter et Vénus qui brillent particulièrement ces dernières nuits. »





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