Prison de Meaux-Chauconin : un détenu décède dans l’incendie de sa cellule, cinq agents à l’hôpital


Un incendie dans une cellule s’est soldé par la mort d’un détenu qui l’occupait seul, ce jeudi en fin de matinée, au centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne). Examinés par des médecins du Samu, cinq agents pénitentiaires ont été conduits à l’hôpital, dont quatre par mesure de prévention et un en urgence relative, leurs jours ne sont pas en danger.

Le feu s’est déclaré vers 11 heures, dans une des 328 cellules du « quartier maison d’arrêt droite ». « Alertés par des fumées et avant l’arrivée des pompiers, des agents ont pu pénétrer, équipés d’appareils respiratoires isolants (ARI), dans la cellule », confirme le ministère de la Justice, qui précise que la procédure dans un tel cas a été respectée. Les surveillants ont procédé à l’évacuation des détenus de l’étage de cette aile de la prison où les fumées s’étaient propagées. Ces derniers ont été placés en lieu sécurisé pendant la suite de l’intervention afin de prévenir toute tentative d’évasion à la faveur de la confusion. L’un des détenus a été, dans un premier temps, « porté manquant » par l’administration de la prison.

Avant que les sapeurs-pompiers arrivent — une quarantaine en tout, à bord d’une dizaine d’engins d’intervention — accompagnés d’équipes médicales du Samu, les agents pénitentiaires ont éteint l’incendie. Dans la cellule d’où sont parties les flammes, le détenu qui l’occupait avait barricadé la porte en y entassant un matelas, un réfrigérateur et divers meubles. Le tout étant calciné. Le corps sans vie du détenu a été découvert gisant sur un lit, selon le ministère de la Justice.

Il s’agit d’un homme de 37 ans, en détention provisoire dans le cadre d’une affaire du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) « pour des faits de participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime et infraction à la législation sur les stupéfiants », confirme le ministère de la Justice.

Tous les détenus évacués ont regagné leur cellule

Les soldats du feu ont alors réalisé les opérations de reconnaissance, ventilation et mesure du monoxyde de carbone. Avec les équipes médicales du Samu, ils ont dressé le bilan de santé de 25 personnes, quinze agents pénitentiaires légèrement incommodés dont cinq ont été conduits à l’hôpital et dix détenus « sans qu’aucune extraction médicale ne soit nécessaire », ajoute le ministère. Ces derniers ont réintégré leur cellule en fin de matinée.

Une enquête sur les causes de cet incendie est ouverte. Un magistrat du parquet du tribunal de Meaux est resté une bonne partie de la journée sur place pour superviser le début des investigations. « Aucun élément ne laisse penser à un accident », souligne le procureur de Meaux qui évoque « à ce stade, un incendie volontaire en vue d’une autolyse [NDLR : un suicide] ». Le magistrat a ordonné une autopsie du corps du détenu. Ses troubles psychologiques avaient été signalés à l’administration pénitentiaire, c’est d’ailleurs pour des raisons de sécurité qu’il était incarcéré seul.

Selon nos informations, l’incendie et l’intervention des agents pénitentiaires, des sapeurs-pompiers et des médecins du Samu n’ont pas entraîné de troubles au sein de l’établissement. Les derniers sapeurs-pompiers ont quitté les lieux en début d’après-midi. Le ministère de la Justice a fait savoir qu’« une cellule psychologique d’urgence a été mise en œuvre au bénéfice des personnes détenues et des agents ».

En octobre 2016, un incendie avait éclaté au sein de la même prison. Vingt-cinq détenus et quinze surveillants avaient alors été incommodés par les fumées. Un prisonnier et un fonctionnaire, légèrement intoxiqués, avaient été transportés à l’hôpital de Meaux. L’incendie avait nécessité l’intervention de 26 sapeurs-pompiers. Les flammes avaient été rapidement éteintes et la cellule d’où était parti le feu complètement détruite.

Selon l’Observatoire international des prisons (OIP), la population carcérale du centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin – qui comprend une maison d’arrêt et un centre de détention pour hommes mis en service en 2005 – s’élevait à 910 détenus au 1er janvier 2022. A cette date, la densité carcérale de l’établissement atteignait les 170,9 % dans la maison d’arrêt, d’une capacité opérationnelle de 385 places mais accueillant 658 personnes écrouées, contre 97,9 % dans le centre de détention. D’ici à 2027, le Programme immobilier pénitentiaire piloté par l’État prévoit la création de 15 000 places de prison supplémentaires sur le territoire métropolitain et en outre-mer.



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