Qui était Michel Cabieu, le héros de Ouistreham qui repoussa les Anglais ?


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Philippe Vervaeke, membre de l'association les garde côtières normandes du 18ᵉ siècle, costumé en Michel Cabieu.
Philippe Vervaeke, membre de l’association les garde côtières normandes du 18ᵉ siècle, costumé en Michel Cabieu. ©Liberté

Qui était Michel Cabieu ? Il y a quelques années dans Liberté, Eric Le Nabour rappelait dans une chronique liée à l’histoire de la Normandie, le destin de ce sergent devenu général.

À l’occasion d’un week-end de reconstitution à Ouistreham (Calvados), nous revenons sur l’exploit et le destin de cet homme.

1762. Cela fait déjà six ans que la France est en guerre. Les côtes normandes et la Manche n’échappent pas à la surveillance et aux attaques de la marine anglaise. Autour de Ouistreham, petit bourg de pêcheurs et de paysans assez pauvres, on ne trouve guère que trois minuscules structures défensives.

Parmi ces hommes censés garder nos côtes, un sergent, fils d’instituteur, se distingue particulièrement. Il a trente-deux ans et s’appelle Michel Cabieu. Rémunéré six livres par an pour cette tâche, il est aussi ouvrier agricole et, à l’occasion, se fait maçon ou pêcheur.

Dans la nuit du 12 au 13 juillet 1762, Cabieu est brusquement réveillé par des coups de canon. Une escadre anglaise a mouillé non loin de l’embouchure de l’Orne et des goddons, des « habits rouges », ont profité de la brume pour débarquer. Lorsque Cabieu, empoignant son fusil, sort de chez lui, ils ont déjà pris la batterie de Sallenelles, tué sept de ses desservants et fait seize prisonniers.

En chemin, Cabieu rencontre quelques fuyards et s’efforce, en vain, de les retenir. Mais, ceux-ci refusent de le suivre. Cabieu s’enfonce alors dans les marais de Colleville et tombe sur un sacristain, Jean Lelièvre, ivre mort et qui, refusant de l’accompagner lui aussi, lui abandonne son tambour.

Seul, Cabieu sonne la charge

Constatant l’avance inexorable du détachement anglais, Cabieu se retourne contre l’ennemi et se met à battre la charge. Inquiets, les Anglais stoppent net. Autour d’eux, se déchaîne une troupe de guerriers. Dans l’obscurité, ils sont dix, ils sont cent. Des coups de feu éclairent la nuit, venant de partout.

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Des ordres sont aboyés, puis d’autres coups de feu suivis de roulements de tambour. En fait, c’est Cabieu qui, se déplaçant dans toutes les directions aussi vite que possible, joue tous les rôles à la fois.

Pris de panique, les Anglais finissent par rebrousser et réembarquent. Cabieu était-il vraiment seul ou étaient-ils trois ou quatre ? Peu importe, au fond. Sa stratégie a été payante. Le lendemain, il négociera la libération des seize prisonniers. 

Le général Cabieu

L’exploit sera vite connu.  Cabieu obtient du roi Louis XV une pension de cent livres. Puis, l’oubli retombe et la misère guette. Par chance, émus par son sort, les députés du Calvados à la Constituante et à la Convention, Cussy et Oudot, le rappellent au bon souvenir des députés. En 1794, une rente annuelle de six cents livres lui est accordée. Cette même année, il reçoit la visite de Hoche qui lui offre son épée et ses épaulettes. Le titre honorifique de « général Cabieu » lui est même octroyé par la Convention.

600 francs de Napoléon

Cabieu mourra en 1804, laissant une femme et deux filles. S’il avait pu payer ses dettes et finir sa vie à peu près dignement, il ne laissait rien derrière lui. Aussi, lorsqu’en 1811, de passage à Caen, Napoléon voudra inspecter les redoutes de Ouistreham, une femme en haillons s’efforcera maladroitement d’attirer son attention. Elle portait d’étranges épaulettes et une épée au côté. C’était la fille de Michel Cabieu. Renseignement pris, Napoléon lui fera donner six cents francs.

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