Reims : quand le street art rend hommage aux donneurs d’organes


Un an après son inauguration, en mai 2022, le Mur de Reims dont l’objectif est de promouvoir le street art et ses artistes, s’associe au CHU de Reims pour rendre hommage aux donneurs d’organes au travers d’une fresque éphémère. Outre sa vocation artistique, ce projet incite à lever le voile sur un geste encore mal perçu, mais qui sauve de nombreuses vies chaque année.

Installé rue Gerbert, à quelques mètres de la cathédrale, le Mur de Reims, concept dupliqué sur le mur d’Oberkampf à Paris, a permis depuis son inauguration de laisser carte blanche à 4 artistes. Si les œuvres éphémères, visibles pendant 3 mois, ont permis tour à tour de rendre visible une pratique artistique urbaine, ce projet trouve aussi aujourd’hui un écho particulier.

Aussi, la nouvelle fresque, peinte entre le 8 et le 13 mai, et visible jusqu’au 4 août prochain, rendra hommage aux donneurs d’organes. Contactées par le CHU de Reims, Marjorie Tocqueville et Maryline Mathevet, alias MAT & ZEKKY, duo de plasticiennes rémoises, à l’origine du projet du mur, entendent gommer les préjugés, souvent accolés aux dons d’organes : « Quand nous avons été appelées par le CHU, nous ne nous doutions pas du niveau de préjugés que nous avions à ce sujet, même personnellement, comme par exemple avec le don de corné où on s’imaginait un retrait du globe oculaire alors qu’il s’agit simplement d’une membrane. »

« La rue nous semble le meilleur endroit pour en parler »

Mais comment rendre visible – et sensibiliser sur un geste qui sauve des vies mais dont 33 % des Français y restent opposés ? (Baromètre de l’Agence de Biomédecine – 2022) Marlyne Sevrain-Hiribarren, infirmière coordinatrice pour le don et la greffe au Centre Hospitalier de Reims, qui a imaginé ce projet aux côtés de Mathilde et Maryline, revient sur les raisons qui l’ont poussée à s’associer au Mur. « Ce premier mur visible de tous en centre-ville de Reims rendra hommage aux donneurs ainsi qu’à leur famille mais il nous permettra aussi de remettre le sujet au cœur de la Cité. Il y a beaucoup de tabous à lever, que ce soit sur le don lui-même, mais également sur la libération de la parole, qu’elle soit au niveau des donneurs encore vivants, des familles de donneurs ou même des greffés. Il faut dédramatiser le sujet et la rue nous semble le meilleur endroit pour en parler ».

Depuis le 8 mai, sous une pluie battante, avec quelques rares moments d’accalmie, l’artiste WILLIANN, rencontré lors d’un festival à Strasbourg en 2022 par les deux Rémoises, s’empare de cet espace de 8 m sur 3. À l’aide de bombes, les personnages teintés de vert au centre de ses compositions apparaissent comme des figures de porcelaine brisées et réparées portant tour à tour des cicatrices et sparadraps qui représentent les blessures, visibles ou invisibles. « On a tous des bobos, des fêlures, des craquelures et c’est ce que représente aussi le don d’organes, il s’agit de réparer un humain avec un autre humain », explique l’artiste.

Une cagnotte pour une œuvre pérenne

En parallèle de cette œuvre qui sera inaugurée le 13 mai, Le Mur de Reims lance une cagnotte en ligne du 8 mai au 22 juin (journée nationale du don d’organes) via la plateforme Hello Asso pour aider au financement d’un mémorial pérenne au sein du CHU dont le déménagement est prévu en décembre 2023.

Une demande qui répond au Code de la Santé Publique qui stipule que dans les établissements de santé titulaires d’une autorisation, est créé un lieu de mémoire destiné à l’expression de la reconnaissance aux donneurs d’éléments de leur corps en vue d’une greffe ». Si le lieu exact n’est pas encore connu, il sera, en revanche visible de tous, installé à l’extérieur de l’enceinte du nouvel hôpital.

La fresque éphémère sera inaugurée ce samedi 13 mai en présence de l’Agence de biomédecine et des porteurs du projet. (Réservée aux membres de l’association et aux partenaires)



Lien des sources