Sans repreneur, le seul pressing de Bernay fermera ses portes fin février


Situé sur la rue Thiers, le Pressing de la Charentonne fait partie des commerces emblématiques du centre-ville.
Situé rue Thiers, le Pressing de la Charentonne fait partie des commerces emblématiques du centre-ville. ©Lina Tran

Nul besoin de compter les « bonjours » depuis le début de notre interview pour savoir que Brigitte Martel, propriétaire du Pressing de la Charentonne à Bernay (Eure), est une figure incontournable des commerçants et artisans du centre-ville. « Si d’ici fin février, je n’ai pas de repreneur, je ferai une cessation d’activité », rappelle avec amertume la propriétaire du seul pressing de la ville. En effet, malgré l’indication « pressing toujours là » placardée sur sa vitrine, elle fermera bien à la fin du mois de février. Brigitte Martel a 63 ans, c’est l’heure pour elle de partir à la retraite.

Quand j’ai fait mon plan de retraite, je pouvais partir à 60 ans. Initialement, j’avais aussi prévu de partir fin décembre. 

Brigitte Martel, propriétaire du Pressing de la Charentonne.

Avant de racheter le fonds de commerce en 2011, elle était salariée au sein même du pressing. Après 35 ans dans le commerce et huit ans de travail effectué à l’usine, chez Caroline-Rohmer, oui, il est temps pour elle de profiter pleinement de sa retraite.

Mais sans solution de reprise, elle se désole du futur de son commerce. « Je trouve cela dommage »

Le métier n’attire pas

Depuis un an, elle prépare donc son grand départ, mais seules trois personnes ont répondu à l’annonce et les démarches n’ont pas abouti. Et on ne peut pas dire qu’elle n’a pas tout fait pour que quelqu’un reprenne son commerce. « Ma belle-fille a mis l’annonce sur le bon coin, je l’ai affichée auprès de trois agences immobilières et un client notaire en parle aussi », énumère-t-elle.

Comme elle rappelle, elle est la seule de la ville à proposer ce service, donc elle possède « une clientèle fidèle ». Son fonds de commerce, elle l’a mis à 40 000 euros « sachant que j’ai un chiffre d’affaires de 80 000 euros et il peut monter à 100 000 euros, précise-t-elle. Et j’ai une clientèle fidèle ».

Une situation qui semble pourtant être le bon filon. « Pour moi, le problème vient du métier. Il est trop physique donc il fait peur, pense-t-elle. De façon générale, on a du mal à trouver du personnel. »

Sur les trois personnes intéressées, je sais que ce n’était pas une question de financement. Je suis convaincue que le problème reste le boulot.

Brigitte Martel, propriétaire du Pressing de la Charentonne.

Impossible pour elle de se tourner vers des écoles de formation et de futurs professionnels. « Il n’existe pas vraiment de formation spécifique. On apprend sur le tas, comme j’ai fait », explique-t-elle.

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À ses côtés, une repasseuse est avec elle à mi-temps. « Elle serait plus jeune, elle l’aurait repris, mais on a presque le même âge », constate-t-elle.

Des commerces liés entre eux

Malgré son affiche, le pressing sera bien fermée en février si aucun repreneur ne se manifeste.
Malgré cette affiche, le pressing sera bien fermé en février si aucun repreneur ne se manifeste. ©Lina Tran

« Certains clients m’ont dit qu’ils sont déboussolés par cette décision. « Où va-t-on aller ? », c’est la question qui revient le plus », raconte-t-elle. Réponse pratique, mais qui reflète la vie des centres-bourgs du territoire : à Brionne, où se situe le pressing le plus proche de Bernay. « Le boulanger d’en face m’a dit qu’il était triste que je ferme. Il a fait remarquer qu’ils voyaient des clients qui viennent acheter son pain ou le goûter pour leurs enfants passer aussi par le pressing avant. Et c’est vrai, il y a un lien entre nous tous. Une personne passe par le pressing, puis le boulanger, prend son journal à côté et un rendez-vous chez le coiffeur. »

« Est-ce que vous pouvez mettre un mot de remerciement pour mes clients qui ont été fidèles dans votre article. Enfin, vous serez mieux le formuler que moi », rigole-t-elle. Ma plume ne pourra pas transcrire sa gratitude et sa bienveillance envers ses clients. Ils le savent déjà.

Il n’est pas trop tard pour sauver le pressing. Elle attend toujours un repreneur. Informations : 02 32 46 22 57 ou sur place (74 Rue Thiers, 27300 Bernay). 

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