SDF, il était mort anonymement à Saint-Malo : Jan a enfin un nom et une histoire


Yan Corens
Jan Corens n’avait pas donné signe de vie depuis 2019 à sa famille. Il est décédé à Saint-Malo en décembre 2022.  ©Henri Corens

Son prénom et son nom restaient inconnus le jour de son enterrement. Ce sans domicile fixe avait été enterré le 20 décembre 2022 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), sans identité.

Connu dans le quartier de la gare sous le pseudonyme de Yannick Briens, c’est ce nom d’emprunt qui figurait sur la couronne mortuaire, au cimetière de Paramé.

La municipalité et la police nationale ont cherché à retrouver son nom, en vain. Ses empreintes ne coïncidaient avec aucune personne de la base de données du ministère de l’Intérieur. 

Son enterrement n’avait pas laissé indifférent

Il aurait pu rester dans l’oubli, mais son enterrement anonyme n’avait pas laissé indifférent. À commencer par Jacques, bénévole de l‘Association Malouine d’Insertion et de Développement Social (Amids).

Un sans domicile fixe a été enterré sans connaître son nom.
Personne n’avait pu donner le nom de ce SDF.  ©Thomas SAVALLE

Le retraité a mené une enquête qui a permis d’identifier le SDF. « J’ai réussi à obtenir une information qui m’a permis de remonter jusqu’à sa famille », explique Jacques. Grâce à lui, l’association d’Assistance et recherche de personnes disparues (ARPD) a pris contact avec sa famille. 

À son enterrement, j’ai trouvé difficile de voir une tombe anonyme. Je suis content que nous ayons pu retrouver sa famille. 

Jacques. 

Né en 1952

Henri, le frère de cet homme sans identité, avait fait un test ADN en janvier dernier auprès de l’Institut français des empreintes génétiques. Les résultats confirment son nom à 99,999 %. Il s’agissait de Jan Corens, né le 29 avril 1952 à Louvain en Région flamande (Belgique).

« Nous étions cinq enfants dont deux filles, des jumelles », assure Henri Corens, son frère aîné qui vient de recevoir les résultats des tests ADN. 

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Je n’étais pas tellement surpris par son décès. Il n’y avait aucun mouvement sur son compte bancaire et il ne demandait pas sa pension de retraite. Il ne donnait aucun signe de vie.

Henri Corens, son frère. 

Disparu depuis 2019, l’homme habitait à Blajan dans le département de la Haute-Garonne. « On ne sait pas exactement quand il en est parti. La gendarmerie m’avait appelé en juin 2019, pour me dire que la porte de sa maison était grande ouverte. »

« Il ne donnait aucun signe de vie »

Depuis, peu de traces de lui. Son frère a toutefois obtenu des nouvelles grâce à plusieurs personnes. En quittant son domicile, il avait pris la route vers Cahors et l’île d’Oléron. « Mon frère vivait dans sa voiture avec ses deux petits chats. »

Le sans domicile fixe a ensuite pris la direction de la Bretagne. Un prêtre l’a pris sous sa protection. Il a séjourné un moment en psychiatrie et a été hospitalisé pour d’autres problèmes de santé à Rennes.

« Il a ensuite rejoint Saint-Malo pour aller en Islande, mais il n’y a aucun bateau au départ du port malouin vers cette destination », s’étonne Henri Corens.

Il souffrait d’un cancer

« Son départ s’expliquerait surtout par sa maladie. Il souffrait d’un cancer des poumons et ne voulait pas être à la charge de quelqu’un », croit savoir son frère qui décrit l’ancien sans domicile fixe « comme un homme très intelligent ». 

Même si on connaît son nom maintenant, sa vie reste très mystérieuse. « Je ne sais pas ce qu’il faisait. C’était surtout un artiste passionné par la peinture et la musique. Il jouait très bien de la guitare. C’était une personne très douce. Avec ses cheveux longs, il avait le profil hippie dans sa jeunesse. Il a toujours été célibataire et solitaire. » 

Henri Corens doit prendre contact avec avec la mairie de Saint-Malo, pour inscrire enfin un nom sur la tombe de son frère. 

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