Sécheresse : la pêche de loisirs est-elle déjà en danger dans le Lauragais ?


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Avec le manque de pluie, les poissons souffrent, en rivière comme en pisciculture.
Avec le manque de pluie, les poissons souffrent, en rivière comme en pisciculture. (©Image d’illustration / Pixabay)

Bientôt plus d’eau et plus de poissons ? Avec la sécheresse et les restrictions d’eau qui se profilent dans les mois à venir, les pêcheurs du Lauragais commencent à s’inquiéter pour leur loisir favori. Ils savent que les piscicultures ne seront pas prioritaires pour l’alimentation en eau et que les poissons vont souffrir avec l’assèchement des rivières.

Samedi 29 avril, un lâcher de truites organisé par l’association de pêche de Baziège a déjà été annulé. En cause : une « pénurie de truites », selon le président de l’association Cyril Gabriel. « On avait besoin de 50 kilos de truites, mais on n’a pas pu en trouver donc on a annulé le lâcher », explique-t-il à Voix du Midi Lauragais.

Les piscicultures sont alimentées par les ruisseaux, qui ont perdu beaucoup d’eau, et le manque d’eau est propice au développement de maladies chez les truites, ce qui augmente la mortalité. La fédération de Haute-Garonne a déjà du mal à trouver des truites : elle a dû en commander dans l’Aveyron et pour mai-juin, elle est en train de chercher encore plus loin !

Cyril GabrielPrésident de l’association de pêche de Baziège

Des piscicultures en difficulté

À Revel, l’association locale de pêche, qui gère aussi sa propre petite pisciculture, confirme que la situation est difficile. « Le débit est limité, on a déjà subi une perte pour plus de 7 000 € de poissons depuis un mois », assure Jean-Pierre Besombes, président de l’association.

Les truites manquent d’eau et d’oxygène. On travaille quand même avec du vivant, il faut le préserver… Le débit est limité et c’est bien normal que l’eau soit gardée pour la consommation, donc il faut faire avec. Mais ça va empirer…

Jean-Pierre BesombesPrésident de l’association de pêche de Revel

Alors que dans le département voisin des Pyrénées-Orientales, des opérations de sauvetage des poissons ont déjà commencé en mars, le président de la fédération de pêche de l’Aude, David Fernandez, soutient pour sa part que « pour l’instant, tout se passe bien » du côté des pêcheurs audois.

Pas de panique, mais une vigilance des pêcheurs

« On n’a pas de soucis au niveau des fournisseurs et on n’a pas commencé les pêches de sauvetage. Il y a quelques points par-ci par-là où c’est un peu plus compliqué, mais il suffit de quelques gros orages pour que la situation se règle », indique David Fernandez. Mais le pêcheur n’est pas complètement rassuré pour autant.

L’an dernier, on a dû commencer les pêches de sauvetage début mai, alors que d’habitude, c’est plutôt à partir de mi-juin. On en fait de plus en plus tôt… On sent bien qu’il y a un changement du climat et que la période sèche se rallonge. La situation peut basculer du jour au lendemain, ça peut aller très vite.

David FernandezPrésident de la fédération de pêche de l’Aude

Au niveau des rivières, Cyril Gabriel estime que pour le moment, les poissons ne sont pas trop affectés, en particulier en montagne, « car l’eau est encore froide ». Mais les niveaux d’eau sont déjà bas : « on est déjà à un niveau équivalent à ceux du mois d’août« , s’inquiète-t-il. 

« Sentinelles des rivières »

« S’il ne pleut pas dans les prochains mois, ça va être la catastrophe… », poursuit le président de l’association de pêche de Baziège. Alors que certaines fédérations en France commencent déjà à envisager des interdictions de la pêche cet été, comme l’an dernier, David Fernandez ne veut pour le moment pas y penser et rappelle que les pêcheurs ont aussi un rôle de surveillance des cours d’eau et de la vie aquatique.

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« Les pêcheurs sont les sentinelles des rivières, il vaut mieux qu’il y en ait toujours au bord pour surveiller les éventuelles pollutions. Ce sont souvent eux aussi qui donnent l’alerte lorsqu’il y a des pompages non réglementées », souligne-t-il.

Cyril Gabriel estime pour sa part que « la plupart des pêcheurs comprendraient » si la pêche devait être interdite. « Il vaut mieux sauver les poissons maintenant, mais de toutes façons avec le temps, les températures vont être de plus en plus chaudes et des rivières vont disparaître. Il va falloir réfléchir tous ensemble à une meilleure gestion de l’eau et tout le monde devra mettre sa pierre à l’édifice », soupire-t-il.

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