Talc et cancer : Johnson & Johnson propose un accord faramineux pour cesser les poursuites


Le géant pharmaceutique américain Johnson & Johnson cherche à mettre un terme à des poursuites. Il a proposé mardi un accord de 8,9 milliards de dollars (environ 8,1 milliards d’euros) pour arrêter l’ensemble des poursuites le visant en Amérique du Nord. Ce dossier concerne la vente de talc accusé d’avoir causé des cancers.

L’accord, qui doit encore être approuvé par un tribunal, « va résoudre de manière équitable et efficace toutes les plaintes » accusant son talc de contenir de l’amiante et de provoquer des cancers des ovaires. Johnson & Johnson indique que cet accord ne constitue pas une reconnaissance de culpabilité et assure toujours que son talc est « sûr », même s’il l’a retiré du marché nord-américain. Dans les échanges après clôture à Wall Street, la Bourse américaine, l’action du groupe a pris plus de 3 % à la suite de l’annonce.

60 000 plaignants concernés

« L’entreprise continue de penser que ces plaintes sont infondées et manquent de fondement scientifique », a déclaré un responsable juridique de « J&J ». Mais cet accord va permettre « aux plaignants d’être dédommagés dans des temps raisonnables ». L’accord, dont les payements réalisés par une filiale pourront s’étaler sur 25 ans, doit « clore toutes les plaintes présentes et futures sur le talc ». L’entreprise précise que plus de 60 000 plaignants ont donné leur accord pour une telle résolution du différend.

En juin 2021, au terme d’années de procédure, Johnson & Johnson a été définitivement condamné à payer 2,1 milliards de dollars (1,9 milliard d’euros) de dommages-intérêts. Une cour d’appel du Missouri avait considéré que le groupe avait « sciemment vendu aux consommateurs des produits contenant de l’amiante », suscitant une forte « angoisse physique, mentale et émotionnelle ».

Une menace de contamination par l’amiante identifiée depuis les années 1970

Tout en maintenant son innocence, Johnson & Johnson a annoncé en mai 2020 qu’il arrêtait de vendre cette poudre à base de talc aux États-Unis et au Canada, pays où les ventes ont reculé en raison de l’évolution des habitudes et d’une méfiance vis-à-vis du produit.

Une synthèse d’études publiée en janvier 2020 et portant sur 250 000 femmes aux États-Unis n’avait pas trouvé de lien statistique entre l’usage de talc sur les parties génitales et le risque de cancer des ovaires. Quatre femmes sur dix aux États-Unis, particulièrement les plus âgées, ont utilisé du talc pour absorber humidité et odeurs, soit par application directe sur les parties génitales, soit en en mettant sur un sous-vêtement, un tampon hygiénique ou un diaphragme.

Dans les années 1970 est née une inquiétude sur la contamination du talc par de l’amiante, qui est souvent proche dans la nature des minerais servant à fabriquer le talc. Puis des études ont mis en évidence un risque plus élevé de cancer des ovaires chez les utilisatrices de talc, qu’on soupçonnait capable de remonter jusqu’aux ovaires via le vagin et l’utérus.



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