Tournoi des Six Nations : historique, dingue, inouï… le XV de France marche sur l’Angleterre à Twickenham


Ils ont profané le temple du rugby. Renversés les idoles locales. Marqué les lieux de leur empreinte. Les Bleus ont surclassé, écrasé, malaxé l’Angleterre dans sa citadelle de Twickenham, et ça valait presque le coup d’atteindre dix-huit ans et d’endurer son lot de défaites pour assister à une telle démonstration de force. Le XV de France de 2005, vainqueur sur un étriqué 17-18 possède enfin un héritier : celui de 2023, venu à Londres pour mettre une énorme fessée au XV de la Rose et entretenir l’espoir de conserver son titre dans ce Tournoi des Six Nations.

Quitte à franchir la Manche, Antoine Dupont et sa troupe en ont profité pour dépoussiérer d’autres records. La France ne s’était jamais imposée de plus de huit points, depuis un riquiqui 3-11 en 1951, dans l’impressionnante enceinte de l’ouest londonien ? L’écart a fini à 43 points. Les Bleus n’avaient jamais inscrit plus de 35 unités sur ce gazon ? Barre dépassée avant même l’heure de jeu, quand on a commencé à voir des supporters anglais filer pour fuir la déculottée.

On savait l’Angleterre dans le dur, plus que poussive depuis plusieurs mois. On a vu une équipe moribonde, complètement à la ramasse et molle de chez molle, hormis sa courte rébellion du début de seconde période où elle a profité d’un temps faible tricolore pour inscrire un essai (48e). Celui de l’illusion. Car en face, ces Bleus sont forts, bien trop pour une équipe en plein doute rincée sous la pluie.

Alldritt retrouvé, Flament magistral, Dupont inspiré

Les Bleus voulaient « frapper fort » dans ce Crunch ? Ils ont assommé leurs adversaires. La recette : une entame à toute berzingue pour passer une première fois la ligne par Thomas Ramos (2e), dont le pied a encore rendu de précieux services, une gestion en vieux routards du rugby des quelques naïves incursions anglaises de la première période, et une propension presque sadique à saisir à la gorge leurs hôtes pour méduser Twickenham.

Les hommes de cette démonstration sont à chercher un peu partout dans ce XV français. On a aimé le retour de flamme de Grégory Alldritt, pas convaincant jusqu’à présent dans ce Tournoi et qui s’est acquitté de sa mission de mettre sur les fesses tout Anglais se pointant en face de lui. On a adoré Thibaud Flament, deux essais au compteur (40e, 60e), un match de mammouth et dont le passeport comme titulaire à la Coupe du monde semble avoir été définitivement tamponné par la démonstration de Twickenham. On s’est réjoui de la vista de Damian Penaud, discret pendant 70 minutes avant d’inscrire deux essais en sifflotant.

Les Bleus guettent un faux pas de l’Irlande

Beau joueur, le public anglais a même fini par ovationner Antoine Dupont, auteur d’un match impressionnant, à sa sortie de la pelouse. L’une des images de ce samedi parfait des Bleus qui vont pouvoir se caler dans le canapé avec le sentiment du devoir accompli et espérer un revers des Irlandais, ce dimanche, en Ecosse (16 heures) pour encore rêver de conserver leur titre dans une semaine face au pays de Galles à domicile. « On a un peu de mal a réaliser. 53 points dans l’antre du rugby : c’est historique, déclarait Dupont au micro de France Télévisions. On est très contents de notre match et de son contenu. On voulait jouer notre carte à fond, ne pas rendre le trophée facilement. »

Mais gardons les calculs pour plus tard et profitons de ce moment de bonheur simple. On répète souvent qu’un Tournoi réussi pour la France, c’est un Tournoi où elle bat l’Angleterre. Mais alors, qu’est-ce qu’on peut dire d’un Tournoi où elle colle une correction au rival héréditaire et où les Bleus finissent par un tour d’honneur face à leurs supporters ravis à Twickenham ? On dit merci, et que l’on s’en souviendra pour très longtemps.

ANGLETERRE-FRANCE : 10-53

Mi-temps : 3-27.

Angleterre : essai de Steward (48e) ; pénalité de Smith (34e) ; transformation de Smith (49e).

France : essais de Ramos (2e), Flament (26e, 57e), Ollivon (40e, 60e), Penaud (72e, 75e) ; pénalités de Ramos (7e, 36e) ; transformations de Ramos (4e, 27e, 40e+2, 59e, 61e, 73e)



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