Un important trafic de drogue démantelé dans un quartier de Caen


Résine de cannabis Illustration
Un point de deal avait été démantelé, en mars 2022 à Caen (Calvados). Trois hommes ont été condamnés pour trafic de drogue, mardi 14 mars 2023. Illustration ©Adobe Stock – Aaron Tamarit

Mardi 14 mars 2023, trois jeunes hommes ont été jugés devant le tribunal correctionnel de Caen (Calvados) pour trafic de stupéfiants (acquisition, transport, détention, cession et usage). Kamel* (21 ans), Moïse* (22 ans) – tous deux en détention provisoire depuis mars 2022 – et Rayanne* (19 ans) placé sous contrôle judiciaire en décembre 2022 après trois mois de détention préventive. Ce dernier a comparu libre tandis que les deux autres ont été extraits de la maison d’arrêt. Le dernier mis en cause est Romuald* (36 ans) qui n’est poursuivi que pour usage. Les faits recouvrent la période de janvier à mars 2022 à Caen et dans le Calvados.

Une véritable caverne d’Ali Baba

Les services de police, ayant remarqué le manège aux abords d’un immeuble de la rue des Frères Lumière dans le quartier de la Grâce-de-Dieu, soupçonnent la présence d’un point de deal. Une surveillance est mise en place et de nombreuses allées et venues sont repérées entre le parking et le hall d’un immeuble. Des transactions semblent avoir lieu entre des jeunes à pied ou en trottinette et des automobilistes sur le parking de l’immeuble. Plusieurs individus qui entrent et sortent du bâtiment sont connus de la police et vont être identifiés par des « clients habituels ». Une femme a acheté 1 g de cocaïne pour 60€, un habitué pour 100€ d’héroïne…

Pris en filature, Rayanne va amener les enquêteurs à un appartement dans lequel ils vont trouver Kamel en compagnie de Moïse. À la palpation, Kamel a sur lui 20 g de cocaïne et 5 g de résine de cannabis.

Dans l’appartement, 30 000 € de drogue et 20 000 € en liquide

Une chambre de l’appartement est comparée par le procureur, à l’audience, à une « véritable caverne d’Ali Baba ». Des stupéfiants, il y en a partout : résine de cannabis, cocaïne, héroïne. Des téléphones portables prépayés, des produits emballés dans des sacs plastiques, des balances de précision, des carnets avec des comptes, des sacs de billets… Estimation : 30 000€ de produits et 20 000€ d’argent liquide. Il y a même des armes, dont une carabine 22 long rifle avec des munitions.

Romuald, le locataire des lieux, en avait confié la clé à un homme sans domicile fixe durant son absence. Ignorant que son appartement pouvait servir de dépôt, il affirme subir, depuis, des menaces. Les enquêteurs le considèrent comme crédible.

Ils contestent tous leur implication

En dépit des éléments à charge, les trois autres affirment qu’ils n’ont rien à voir dans ce trafic. Rayanne n’est allé qu’une fois dans l’appartement « pour une relation sexuelle », selon ses dires. Si ses empreintes apparaissent sur une balance, c’est qu’elle lui a appartenu « mais il l’a cédée ». Les deux autres s’y sont rendus pour y fumer un joint « peinards ». S’ils s’y sont croisés, ils ne se connaissent pas, assurent-ils. Le téléphone de l’un d’eux sur les lieux ? Il l’avait perdu dans la rue. Leurs ADN sur des sacs de produits ? Ils ne savent pas. L’enquête de voisinage sur des allées et venues ? « On se balade, les gens se baladent dans la vie », rétorquent-ils. L’identification par des clients ? « Ils se trompent ».

Rayanne vit chez ses parents. En 2021, encore mineur, il a été interpellé en tant que consommateur de cannabis. Kamel cumule huit mentions dans son casier, tandis que Moïse en présente deux.

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Peines de prison ferme

Le procureur estime bien difficile de donner un quelconque crédit à leurs explications.

On imagine les « véritables dealers » les laissant seuls au milieu de leur « magasin » ? Est-il besoin de rappeler les conséquences sociétales du commerce de ces produits hautement toxiques ?

Le procureur, à l’audience

Excepté pour Romuald, il requiert des peines de prison ferme. Ce dernier écope donc de quatre mois de prison avec sursis. Kamel est condamné à 30 mois de prison dont 18 mois avec sursis. Moïse, à 24 mois dont 12 mois avec sursis. Rayanne, lui aussi à 24 mois dont 12 mois avec sursis. Il pourra purger cette peine au domicile de ses parents sous bracelet électronique. Tous trois ont également un sursis probatoire de 24 mois avec obligation de soins, de formation ou de travail, interdiction de contact, interdiction de détention d’arme. Enfin, les scellés ont été confisqués.

*Prénoms d’emprunt.

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