Une prostitution «plus sournoise» : les réseaux sociaux, un obstacle pour la justice des Yvelines


Un an après le plan d’Adrien Taquet, les actions. En novembre 2021, le secrétaire d’État à la Protection de l’enfance, avait lancé un vaste de plan de lutte contre la prostitution des mineurs. Un plan de 14 millions d’euros qui a poussé la préfecture des Yvelines à se saisir, pour la première fois, de la situation de la prostitution dans le département.

En novembre dernier, la préfecture, le conseil départemental, la substitute du procureur de Versailles à la section mineurs et familles, l’Observatoire des violences faites aux femmes ainsi que l’association de lutte contre la prostitution l’Amicale du Nid (AdN) étaient présents à Vélizy-Villacoublay (Yvelines) pour échanger sur le sujet à l’occasion d’un colloque. Après cette rencontre, « des groupes de travail pour l’élaboration de préconisations » ont été formés et un rapport devrait sortir courant février.

Une activité de plus en plus itinérante

Entre le 1er janvier 2020 et la fin de l’année 2022, le parquet de Versailles a vu passer « 47 cas de proxénétisme, et 80 % d’entre eux ont fait l’objet de poursuites », commence par énoncer Stéphanie Autier, substitute du procureur de Versailles aux mineurs et à la famille. Difficile en revanche pour la juridiction de savoir si ces affaires concernaient des victimes mineures, puisque dans la majorité des cas, le tribunal ne reçoit que les proxénètes.

Selon Stéphanie Autier, deux autres éléments se posent comme des « obstacles à l’enquête ». « À l’âge d’Internet, le plus vieux métier du monde continue d’évoluer. Les contacts prostitutionnels se déroulent de façon plus sournoise, insidieuse, cachée via les outils numériques », dit-elle.

En d’autres termes, la prostitution se fait désormais principalement via les réseaux sociaux ou les sites Internet. À cela s’ajoute « le développement d’une prostitution itinérante et d’une prostitution logée de courte durée ». En témoigne cette récente affaire de salon de massage thaïlandais, à Versailles, où se cachait en réalité du sexe tarifé. Des exemples qui s’éloignent petit à petit de l’image traditionnelle du racolage en forêt de Saint-Germain.

Des clés pour reconnaître les signaux d’alerte

Face à ce phénomène, l’Observatoire régional des violences faites aux femmes a publié en juin 2022 un « guide pour accompagner et protéger les mineurs en situation prostitutionnelle ou en risque de l’être ». Ce document a pour objectif de s’adresser directement aux jeunes. Pour Imane Karzabi, chargée de mission pour cet observatoire, « il ne faut pas hésiter à être attentif à leur langage et à des termes comme michto (femme vénale ou prostituée), par exemple ».

Au-delà d’un rappel de ce qu’est la prostitution et de ce que prévoit la loi, ce dépliant de 19 pages propose des éléments très concrets comme des exemples de signaux d’alerte (hyperagressivité, apparition d’un langage particulièrement cru sur la sexualité, traces de blessures) et des conseils pour adopter une posture protectrice face à la victime de prostitution. Des phrases comme « tu n’y es pour rien, le coupable c’est lui », « je te crois », « tu as bien fait de m’en parler, c’est courageux » sont alors recommandées.



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