Vendée : Dominique Beaulieu, le père des Mc Do vendéens, raccroche


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Dominique Beaulieu, créateur des premiers McDo à La Roche-sur-Yon, Les Sables-d'Olonne, Luçon et Chantonnay, a vendu ses restaurants.
Dominique Beaulieu, créateur des premiers McDo à La Roche-sur-Yon, Les Sables-d’Olonne, Luçon et Chantonnay, a vendu ses restaurants. ©Nicolas PIPELIER

A peine installé sur la banquette, son portable se met à vibrer. « Désolé, un coup de fil important », lâche Dominique Beaulieu. Depuis qu’il a vendu ses derniers Mc Do en avril dernier, le jeune retraité n’a plus une minute à lui.

Entre deux réunions au Lions club, le Sablais s’est mis en tête de mettre à profit les « 5 000 numéros » de son répertoire. Pour ça, il a lancé DB Sourcing. « Immobilier, voiture, bouteille de vin, billet pour un match… je m’occupe de mettre les personnes en relation. »

De l’entregent, l’ambassadeur de Ronald McDonald en Vendée n’en manque pas. Durant toute sa carrière, le Breton d’origine a su soigner ses contacts. Et saisir les opportunités.

Quand il s’installe à la table du Mc Do de Rennes dans les années 90 pour le « rituel du happy meal du samedi », c’est chez Mario Piromaldi que ça se passe. Le plus gros franchisé Mc Do d’Europe. C’est lui qui l’introduira en 1995 dans la maison aux arches dorées.

Promotion 1995

A l’époque, la boîte familiale de vente de matériel de travaux publics basée à Liffré (Ile-et-Vilaine) venait de couler. La faute à un surplus de matériel impossible à écouler après la guerre au Koweït.

Sans chômage et avec trois enfants à charge, l’ex-directeur a fini par enfiler la chemise jaune. Et plonger les mains dans les frites et les burgers. Passage obligé avant de présenter sa candidature chez Ronnie.

Dans la promotion 1995, 3 200 dossiers ont été acceptés et seulement 18 ont été retenus.

Dominique Beaulieu

Le profil du natif de La Bouëxière intéressait les Américains qui projetaient d’implanter 100 McDo en cinq ans. « En France, quand tu déposes le bilan, ça te marque à vie. En Amérique, ils aiment savoir que tu as vécu un ou deux échecs. Ça aide à avancer. »

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Le deuxième rendez-vous avec les pontes du fast-food sera le bon. « En me rasant le matin, je venais d’entendre que Mc Do avait fermé un restaurant. Je leur ai demandé si ce n’était pas le début de la fin. Ils ont adoré. »

« Un champ de patates »

Restait plus qu’à trouver un point de chute. « A l’époque, Mc Do marchait que dans des villes de 100 000 habitants. La Roche n’en avait même pas 50 000. » En arrivant aux Flâneries, « j’ai découvert un champ de patates ». Pire, les rares personnes qu’il croise dans le centre-ville lui conseillent de faire demi-tour « A La Roche, rien ne marche, me disait-on. »

Seul le père des Flâneries, Dominique Bénatier, y croyait. « Quand je suis rentré dans son bureau et que j’ai vu la maquette de ce qu’allait devenir le centre commercial, j’ai dit banco. »

Le 12 septembre 1995, le premier McDonald’s de Vendée (451e en France), installé dans un modulaire, ouvre ses portes. « Même Mc Do n’y croyait pas. »

La veille, les RG l’ont contacté pour lui signaler que la CGT, la Coordination rurale et la Cidunati avaient prévu un comité d’accueil musclé. L’ogre américain faisait peur.

Un couple est même venu lorgner à travers la vitre, tout étonné de nous entendre parler français.

Dominique Beaulieu

On ne pouvait pas rêver meilleure publicité. « Le lendemain, il y avait une queue pas possible. J’en faisais rentrer 100 et je fermais la porte. »

Les débuts sont ternis par l’épisode de la Vache folle en janvier 1996. « Des éleveurs ont déboulé et m’ont dit qu’ils allaient foutre le feu s’ils trouvaient de la viande de l’étranger. »

Après leur avoir servi une bière et passé un coup de fil à la direction, « on s’est aperçu que certains d’entre eux travaillaient pour nous. » Ils se rabattront finalement sur le voisin Buffalo Grill approvisionné en bœuf argentin.

L’ouverture des Flâneries

Avec l’ouverture des Flâneries en novembre 1996, les visites bondissent de 20 %. De quoi aiguiser l’appétit de Dominique Beaulieu qui ouvre le Mc Do des Sables sur le parking du Géant Casino en avril 1998. Avec des chiffres record durant cet été où la France est devenue championne du monde de foot.

L’année suivante, La Roche accueille son deuxième Mc Do, zone sud. Mais « Quick venait d’arriver. » A la bascule des années 2000, la fréquentation plonge de 45 %. « Les gens de La Roche n’allaient jamais dans le sud. C’est là que j’ai eu l’idée de transférer tous les anniversaires là-bas. »

Il investit dans un Ronald land adossé au restaurant. La plateforme de jeux fait recette. « Dès l’année suivante, j’avais retrouvé mon chiffre d’affaires. » Le succès ne passe pas inaperçu.

La direction qui commence à lorgner sur les petites villes lui propose Luçon en 2001. Un pari audacieux. « Il m’a fallu quatre à cinq ans avant de trouver une certaine rentabilité, une bonne directrice et des partenaires locaux. »

Cinq restaurants

Après tergiversations sur l’ouverture d’un deuxième resto aux Sables, à Aizenay…, finalement la franchise l’oriente sur Chantonnay. Décembre 2014, son cinquième établissement voit le jour.

Là aussi, « on a mis du temps à trouver un bon directeur. Ça a été très dur. Il n’y a pas de flux de saisonniers ni de touristes. » Mais lui qui a compté jusqu’à 300 salariés a fini par bien s’entourer. Comme à chaque fois.

A mon pot de départ, tout le monde pleurait.

Dominique Beaulieu

Après avoir cédé son restaurant des Sables à Boris Polivka, l’actuel patron du McDo d’Aizenay, il a fini par lui vendre les deux de La Roche. « Il faut faire entrer des jeunes, m’a-t-on dit. Ce sont eux qui te permettront de prendre ta retraite. »

Luçon a été confié à un collègue de La Rochelle. Quant à celui de Chantonnay, Yannick Beaulieu, son fils, a repris l’affaire. Après cinq ans passés « chez Mario, mon parrain », une seconde génération de Beaulieu a repris le flambeau.

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