Voies cyclables : à Paris, le tronçon de l’avenue de la République plébiscité, mais «le maillage reste incomplet»


Une vaste et belle piste cyclable unidirectionnelle qui court sur 1,7 km, entre l’avenue de Ménilmontant et la place de la République (XIe). Qualifié par la Ville de « réalisation exemplaire », l’aménagement de l’avenue de la République, au cœur d’un arrondissement réputé « bon élève du vélo », vient d’être livré après un an et demi de travaux. Au fil des mois, cette ancienne « coronapiste » mise en place durant la crise sanitaire a été pérennisée, tronçon après tronçon.

La voie dédiée aux vélos, cargos, et trottinettes est en site propre et large de 2,50 m, soit un mètre de plus que sur un équipement classique. D’ailleurs, les amateurs sont au rendez-vous et plutôt satisfaits, pour ne pas dire enjoués. « C’est parfait, s’exclame ce vélotafeur, casque vissé sur la tête. Si l’on pouvait circuler avec la même sécurité partout dans Paris, ce serait génial. Mais tout n’est pas de la même qualité. Parfois, je me fais des frayeurs. »

Lancé il y a un an, le plan Vélo, doté de 250 millions d’euros, promet l’aménagement de 130 km d’axes nouveaux et la pérennisation de 52 km de « coronapistes », ces pistes cyclables nées au plus fort de la crise sanitaire. Ce qui permettrait de doter Paris, d’ici à 2026, de 450 km de pistes cyclables au total.

Une certitude : 16 chantiers de ce type sont en cours dans la capitale et 6 autres sont annoncés pour l’année 2023. Les prochaines réalisations prévues concerneront le boulevard Saint-Michel (Ve), le secteur Oberkampf (XIe), la rue du Renard (IVe), la Porte de Saint-Cloud (XVIe) et l’avenue d’Ivry (XIIIe).

« Certains endroits sont extrêmement contraints »

D’ailleurs, la Ville le martèle par la voix de Jacques Baudrier, son adjoint (PCF) en charge de la coordination et du suivi des chantiers, « l’intégralité de la capitale sera bientôt cyclable ». Paris compte pour l’heure 1 100 km de voirie ouverts aux cyclistes sur un total de 1 800 km.

Impressionnant ? Peut-être moins que les apparences le laissent à penser, car en réalité, il ne s’agit pas uniquement de couloirs fermés comme sur l’avenue de la République, mais bien souvent de simples marquages au sol sur la chaussée. Une configuration nettement moins confortable et sécurisante.

Avenue de la République (XIe). L'intégralité de la piste cyclable qui court entre Ménilmontant et la place de la République, sur 1,7 kilomètre, vient d'être livrée.
Avenue de la République (XIe). L’intégralité de la piste cyclable qui court entre Ménilmontant et la place de la République, sur 1,7 kilomètre, vient d’être livrée.

« Nous n’avons pas toujours la possibilité de créer de très beaux aménagements. Certains endroits sont extrêmement contraints, admet David Belliard, adjoint (EELV) à la maire de Paris en charge de la transformation de l’espace public. Mais, néanmoins, le monde entier a le regard tourné vers nos réalisations ».

Un planning mis en péril par les JO

Certaines associations d’usagers ne partagent pas totalement cette réflexion enthousiaste. À leur tête, Paris en Selle pointe la lenteur des réalisations. « Seuls 15 % des aménagements annoncés par la Ville ont été livrés », soutient l’association, qui a effectué un pointage précis via son « observatoire du plan Vélo ».

« Même si l’objectif d’un Paris cyclable est bien là, avec de très belles réalisations récentes comme sur l’avenue de la République, le maillage reste incomplet, avec de très fortes disparités entre l’est, bien doté, et l’ouest… Déficitaire, poursuit-on à Paris en Selle. Carences également sur certains grands axes qui permettraient justement, des aménagements cyclables, sur le boulevard Malesherbes (XVIIe), ou celui de l’Hôpital (Ve et XIIIe) notamment. »

La perspective des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 et leur corollaire, le coup d’arrêt inévitable qui sera ponctuellement mis aux aménagements cyclables, alarme particulièrement l’association. « Il reste en fait très peu de temps pour tenir le planning fixé dans le plan Vélo. »

À cela, la Ville objecte qu’il serait impossible de lancer simultanément tous les chantiers, au risque de paralyser la capitale. « Sans casser les trottoirs, il serait simple, et en une nuit, de poser des plots noirs, estime Paris en Selle. Ces aménagements légers, semi-provisoires, matérialisent très bien les pistes et offriraient de la sécurité aux usagers. À Malesherbes, ils seraient bienvenus… »



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