à quand un retour à la normale ?


Paris, Nantes, Le Havre… Les poubelles continuent de s’accumuler dans les rues, malgré des réquisitions et des services minimum.








Par Thibaut Déléaz


A Paris, plus de 9 000 tonnes de dechets s'entassent sur les trottoirs.
À Paris, plus de 9 000 tonnes de déchets s’entassent sur les trottoirs.
© MAGALI COHEN / Hans Lucas via AFP

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On connaissait les bancs Davioud et les colonnes Morris, mais voilà qu’un nouveau venu est en train de s’imposer comme un incontournable du paysage urbain parisien en cette fin mars : le tas de sacs-poubelle. Dans la capitale, comme dans plusieurs grandes villes de France, les déchets s’amoncellent depuis deux semaines, en raison de la grève contre la réforme des retraites qui mobilise notamment les éboueurs.

Un mouvement qui dure et dont on ne voit pas le bout. Entre l’usage du 49.3 pour faire adopter la loi à l’Assemblée, le rejet de la motion de censure et un Emmanuel Macron inflexible, l’heure n’est pas à l’apaisement. À Paris, la grève des éboueurs a été reconduite jusqu’au lundi 27 mars… Et pourrait s’étendre aux prestataires privés, soufflent les syndicats. À quand un retour à la normale ? On fait le point.

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  • Quelle est la situation ?

À Paris, après une hausse jour après jour des ordures accumulées dans les rues, jusqu’à passer la barre des 10 000 tonnes, la situation se stabilise, indique la mairie au Point. Ce jeudi 23 mars, 9 600 tonnes s’entassent sur les trottoirs. Cette collecte « très dégradée » concerne la moitié des arrondissements – ceux où la collecte est gérée par les agents municipaux – et le 15e, où des salariés du prestataire Pizzorno font également grève.

D’autres villes voient également leurs déchets s’accumuler, sans que l’on puisse chiffrer la quantité à ramasser. Nantes, Rennes, Saint-Brieuc, Le Havre… La plupart demandent même aux habitants de ne plus sortir leurs poubelles et de les garder le temps que les collectes reprennent.

  • Y a-t-il un service minimum ?

Dans la capitale, après une passe d’armes entre la maire Anne Hidalgo – qui soutient les grévistes et ne souhaitait pas les réquisitionner – et le gouvernement ainsi que l’opposition municipale, la préfecture de police a finalement ordonné des réquisitions. Ce jeudi matin, une centaine de bennes étaient sorties, selon la mairie. Tout juste pour éviter que la quantité de déchets sur les trottoirs n’explose, mais pas assez pour une amélioration.

C’est que les réquisitions doivent être limitées au strict nécessaire pour maintenir la salubrité publique pour ne pas entraver le droit de grève. Priorité est également donnée aux marchés, qui génèrent beaucoup de déchets. Les agents non grévistes dédiés au nettoiement des trottoirs s’assurent également que les sacs soient « bien rangés » en tas autour des poubelles, et pas éparpillés dans les rues ni éventrés.

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À Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), l’agglomération a trouvé un accord avec la CGT pour mettre en place un service minimum, explique Ouest-France. Trois tournées quotidiennes sur les 26 habituelles sont maintenues pour ramasser les entreprises et commerces les plus producteurs d’ordures.

À Rennes (Ille-et-Vilaine), ce sont des agents municipaux qui passent ramasser eux-mêmes, et ponctuellement, les sacs qui débordent des poubelles, notamment en centre-ville, indique France Bleu. Autre technique dans le 15e arrondissement de Paris : le prestataire privé Pizzorno fait appel à des volontaires parmi ses agents du reste de la France pour venir ramasser les déchets, relate Le Monde.

  • Combien de temps avant un retour à la normale ?

Si l’arrêt des grèves des éboueurs n’est pas à l’ordre du jour dans l’immédiat, un retour à la normale prendra du temps une fois que tous auront repris le travail. À Paris, par exemple, la mairie ne souhaite pas s’avancer officiellement, mais on évoque un délai de plus d’une semaine pour évacuer tous les déchets accumulés dans les rues. Il y en a plus de 9 000 tonnes à ramasser en plus du flux habituel, et le Syctom, qui gère les incinérateurs pour la capitale et de la petite couronne, a une capacité de traitement d’environ 6 000 tonnes par jour.

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D’autant que la situation est parfois tout aussi coincée du côté des incinérateurs. En Île-de-France, les trois sites du Syctom sont à l’arrêt depuis début mars. Les déchets collectés sont donc déroutés vers des sites alternatifs pour être incinérés, stockés ou enfouis, notamment vers celui de Romainville, à l’est de la capitale. Mais tout est absorbé et pourra l’être si les collectes reprennent, assure le Syctom, même si « la logistique n’est pas du tout optimale » et que plus de déchets se retrouvent enfouis que d’habitude.




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