à quoi servent les colistiers dans la campagne présidentielle aux États-Unis ?
Ils font aujourd’hui partie du paysage politique américain. Avant les conventions estivales, les candidats à la présidence des États-Unis font du speed dating pour déterminer leur partenaire idéal et choisir un colistier susceptible de les aider à remporter l’élection. Cette année, les aspirants à la vice-présidence sont J. D. Vance et Tim Walz, qui ont débattu devant les caméras, mardi soir.
Cela n’a pas toujours été ainsi. On l’oublie souvent, mais le bureau de la vice-présidence a failli ne jamais exister. Les pères fondateurs ne l’ont pas mentionné pendant les trois premiers mois de la convention de Philadelphie, et ont fini par l’ajouter dans la Constitution pour régler les problèmes de succession de la présidence.
Lors des premières élections, c’est un lot de consolation pour le candidat arrivé second. John Adams, qui perd face à George Washington, dira à sa femme qu’il a hérité du mandat « le plus insignifiant jamais créé par l’homme ». Mais la fonction se trouve à « une respiration » (ou un « battement de cœur ») du poste de commandant en chef.
Quand Dick Cheney s’autosélectionne
Qu’est-ce qui fait un bon « running mate » ? Les candidats cherchent avant tout un partenaire capable de combler leurs lacunes. JFK choisit Lyndon Johnson, du Texas, pour l’aider dans les États du Sud. Dick Cheney, chargé du processus de sélection d’un partenaire pour George W. Bush, réussit finalement à offrir directement ses services, notamment grâce à ses connexions sur la colline du Capitole et son expertise de la politique étrangère. Barack Obama fera, lui aussi, à 47 ans – dont seulement deux ans comme sénateur – le choix de l’expérience avec Joe Biden.
Kamala Harris, elle, a besoin de limiter la casse dans l’électorat blanc et rural, particulièrement dans l’ancienne « Rust Belt » (Pennsylvanie, Michigan, Wisconsin), trois États qui avaient offert la victoire à Donald Trump en 2016. Elle espère que Tim Walz, le gouverneur du Minnesota voisin, qui a des racines dans l’Amérique profonde, cochera cette case.
Donald Trump, enfin, connaît son plafond. Les électeurs l’adulent ou le détestent, et il a besoin de la participation la plus élevée possible de sa base. Il a donc choisi J. D. Vance, un représentant de cette Amérique oubliée, comme son bras droit MAGA.
Mais attention, les recherches montrent que c’est un leurre de penser que des ouvriers de Détroit ou de Pittsburgh vont voter pour Kamala Harris uniquement car elle choisit un type sympa du Midwest qui porte des chemises de bûcheron. Le rôle de Tim Walz, c’est d’expliquer à ces habitants en quoi la politique démocrate va leur être bénéfique. Et les électeurs, au final, choisiront entre Kamala Harris et Donald Trump.