Au Chili, l’extrême-droite chargée de rédiger la nouvelle Constitution 


Dimanche, les Chiliens ont voté en faveur des Républicains, un parti classé à l’extrême-droite. Ils auront la charge de remplacer l’actuelle Constitution héritée de Pinochet.






Par N.J. avec AFP


Les supporters du Parti republicain, classe a l'extreme-droite de l'echiquier politique, se rejouissent de la victoire de leur parti.
Les supporters du Parti républicain, classé à l’extrême-droite de l’échiquier politique, se réjouissent de la victoire de leur parti.
© JAVIER TORRES / AFP

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Au Chili, les urnes ont parlé et c’est finalement la droite ultra-conservatrice qui sera chargée de rédiger le nouveau projet de Constitution afin de remplacer celle héritée de la dictature d’Augusto Pinochet. Dimanche 7 mai, plus de 15,1 millions de Chiliens ont voté pour élire, parmi 350 candidats, les 50 membres qui formeront le Conseil constitutionnel

Après dépouillement des bulletins, c’est donc le Parti républicain, classé à l’extrême-droite et opposé depuis le début à une réforme de la Constitution, qui remporte les élections, avec 35 % des suffrages, soit 22 sièges. La coalition de gauche soutenant le gouvernement de Gabriel Boric a, elle, récoltée, 29 % des votes exprimés, soit 17 sièges, selon les données officielles. Enfin, la droite traditionnelle a obtenu 21 % des voix, soit 11 sièges.

Le Parti républicain, qui s’oppose à l’avortement et tient un discours anti-immigrés, « n’aura pas besoin de négocier avec qui que ce soit, il pourra écrire la constitution qu’il veut » et « aura le pouvoir d’opposer son veto à tout amendement », prédit Claudia Heiss, directrice de la faculté de sciences politiques de l’université du Chili. Il s’agira du deuxième processus de réécriture de la Loi fondamentale du pays.

Le projet soumit à un référendum le 17 décembre

Début septembre 2022, les Chiliens avaient rejeté à 61,9 % une première proposition de nouvelle Constitution. Celle-ci devait instaurer de nouveaux droits sociaux, notamment en matière d’éducation, de santé ou de logement, reconnaître des droits aux peuples autochtones ou encore le droit à l’avortement. Après ce rejet par les électeurs, les principaux partis politiques du pays avaient tout de même décidé d’entamer des négociations pour relancer le processus constitutionnel. 

Le Conseil, dont les membres ont été élus dimanche, recevra un avant-projet rédigé par un comité d’experts auquel ils devront apporter des ajustements et amendements. Le texte comprend douze principes essentiels qui ne pourront néanmoins pas être modifiés. Parmi eux, le fait que le Chili est une économie de marché. Le projet sera ensuite soumis à un référendum, le 17 décembre.

La Constitution actuelle, héritée de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), est considérée, malgré plusieurs révisions successives, comme un frein à toute réforme sociale de fond au Chili, théâtre en 2019 d’un grand soulèvement populaire. « J’ai toujours l’espoir que nous puissions avoir une nouvelle Constitution. Avec celle que nous avons, il y a des choses qui restent en suspens et qui privilégient certains plus que d’autres », a avoué Francisco Carrasco, un technicien aéronautique de 33 ans, après avoir voté dans une école de San Bernardo, au sud de Santiago.




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