Bernard Cazeneuve veut incarner une gauche anti-Nupes




Invité samedi au congrès du Parti radical de gauche, Bernard Cazeneuve se pose de plus en plus en porte-étendard d’une gauche anti-Nupes en quête d’incarnation, même si l’ancien Premier ministre socialiste, qui vient de lancer son mouvement, revendique d’avancer à bas bruit.

« Je ne fais pas ça pour moi », a assuré samedi l’ancien ministre de François Hollande, devant les militants du PRG réunis à Labège (Haute-Garonne). Bernard Cazeneuve, qui a quitté le parti socialiste en 2022, juste après l’accord de la Nupes conclu entre le PS, LFI, EELV et le PCF, a annoncé cette semaine le nom de son mouvement, lancé il y a une quinzaine de jours pour fédérer les tendances de gauche hostiles à cette alliance : « la Convention ».

Son initiative, qui permet la double appartenance avec un parti, se veut la suite logique de son « manifeste » pour « une autre gauche », lancé en septembre, qui avait recueilli quelque 6 000 signatures. L’ancien ministre a invité tous ceux qui portent les mêmes valeurs que lui à se « rassembler, dans un esprit de concorde », fustigeant ceux « qui en politique procèdent par injures et violences », dans une allusion au tumulte provoqué notamment par LFI à l’Assemblée lors du débat sur les retraites.

Lui-même a été pris à partie samedi matin par des militants de gauche, dont LFI et NPA, selon Ladépêche.fr, lors de son déplacement à Foix pour soutenir une candidate PS dissidente dans la législative partielle de l’Ariège.

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Une ligne anti Nupes

« Je ne cherche pas à faire le buzz, ni à orchestrer le vacarme », a-t-il expliqué vendredi à l’Agence France Presse, en dénonçant « l’effondrement » politique actuel et en épinglant la stratégie de la Nupes « qui fabrique des votes d’extrême droite en quantité industrielle ».

Son objectif : la structuration « progressive » d’une « réflexion collective », explique-t-il, pour « fédérer une gauche humaniste » et « porteuse de solutions » qui soit « pour la justice sociale et le développement économique », « contre la croissance productiviste, mais aussi contre la décroissance », « pour une énergie décarbonée, mais pour moderniser le parc nucléaire ».

« Le mouvement est en train de se construire modestement », assure l’ancien locataire de Matignon, qui comptabilise déjà « près de 4 000 adhérents ». « Plus qu’un club, moins qu’un parti », souligne celui qui veut « aller partout sur le territoire et convaincre qu’il faut se reprendre ».

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Samedi, il a obtenu une nouvelle avancée : l’adhésion du Parti radical de gauche (3 500 militants) à La Convention, annoncée par son président Guillaume Lacroix, réélu sans surprise à la tête de son parti. « Face au risque d’une extrême droite au pouvoir, c’est notre devoir de construire une gauche crédible, qui donne confiance », a expliqué ce dernier, qui a refusé d’intégrer la Nupes.

Bernard Cazeneuve aspire aussi « à ce que le maximum de socialistes rejoignent le mouvement », a-t-il dit à l’AFP, précisant que « beaucoup, dans la sensibilité de Nicolas Mayer-Rossignol ou Hélène Geoffroy », tous deux hostiles à la Nupes, l’ont déjà fait. Mais « avec sa ligne, ni Macron, ni Mélenchon, on repart trois cases en arrière. En faisant ça, on n’est nulle part. Il faut assumer qu’on est dans la gauche, avec les Insoumis », estime un élu socialiste pro-Nupes.

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« Politesse d’un républicain »

« Personne n’a envie de se ranger derrière lui. C’est une bulle spéculative », ajoute un autre. Quand le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon critique en lui une gauche « notariale, polie et bien habillée », Bernard Cazeneuve s’étonne : « Aujourd’hui, quand vous avez la précision d’un juriste et la politesse d’un Républicain, vous êtes suspect ».

Pour lui, il serait « absurde » de défendre une quelconque ambition personnelle, « si on n’a ni force politique, ni projet ». « S’il y a quelqu’un qui incarne cette ligne en 2027, je soutiendrai cette personne, si on me demande de prendre mes responsabilités, je les prendrais », concède-t-il toutefois.

À Labège, il a d’ailleurs souligné que la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga, elle aussi anti-Nupes et présente au Congrès du PRG, avait « tant à apporter au pays ». Mais Guillaume Lacroix, qui « chemine avec lui » depuis plusieurs mois, ne cache pas qu’il verrait bien l’ancien Premier ministre s’engager. « C’est un homme d’État », insiste-t-il. « Il avance, il veut créer quelque chose, il est face à son destin ».




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