Budget 2024 : Bruno Le Maire vante « une première marche » vers le désendettement


Publié le 27 sept. 2023 à 12:23

C’est avec une certaine gravité que le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a présenté ce mercredi matin le projet de loi de Finances pour 2024. Son septième depuis qu’il est entré à Bercy en 2017, mais dans des conditions qui s’annoncent particulièrement périlleuses. Le déficit public devrait certes revenir de 4,9 % à 4,4 % de PIB l’an prochain, mais cet objectif s’appuie sur des hypothèses jugées optimistes par le Haut Conseil des finances publiques , à la fois sur la croissance (attendue à +1,4 %), et l’évolution des recettes et des dépenses.

« Nous devons répondre à un triple défi, a souligné Bruno Le Maire. La crise inflationniste la plus grave depuis les années 1970, l’impératif catégorique de désendetter le pays, et la nécessité d’investir dans les missions régaliennes, l’écologie et l’éducation. » Et le ministre de l’Economie de « lancer un appel à notre majorité de revenir à l’esprit de 2017. La maîtrise des dépenses publiques est un choix politique et un marqueur de notre majorité », a-t-il martelé, pointant le contraste avec des oppositions qui proposent surtout des dépenses supplémentaires. « Ce budget est la première marche vers le rétablissement ambitieux de nos finances publiques », a-t-il ajouté.

« Des revues de dépenses nécessaires mais pas suffisantes »

Le budget 2024 prévoit 16 milliards d’euros d’économies sur les dépenses de l’Etat, mais elles proviendront essentiellement (14 milliards) de la fin de dispositifs exceptionnels (boucliers énergie, guichets aux entreprises énergivores). Cela permettra de ramener les dépenses de l’Etat de 496 à 491 milliards l’année prochaine, tout en « réarmant les services publics », a souligné le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave (+3,3 milliards pour la Défense, +500 millions pour la Justice, etc.).

Pour les années suivantes, et le retour sous les 3 % de déficit en 2027, Bercy entend s’appuyer sur la poursuite des revues de dépenses publiques afin de dégager 12 milliards d’économies nouvelles par an. « Ces revues sont nécessaires mais pas suffisantes », a néanmoins reconnu Bruno Le Maire, annonçant le lancement l’année prochaine « d’une réflexion globale sur les missions de l’Etat et le périmètre de l’action publique », qui associera l’ensemble des forces politiques.

Le pilotage des finances publiques sera de fait particulièrement sous tension, avec des émissions de dettes qui atteindront le niveau record de 285 milliards d’euros en 2024, après 270 milliards cette année, alors que les taux français à 10 ans atteignaient mercredi 3,37 % et que les agences de notation financières doivent à nouveau statuer sur la dette hexagonale d’ici à la fin de l’année. Le déficit de l’Etat devrait déraper à 172,1 milliards cette année, avant de revenir à 144,5 milliards en 2024.

La facture de l’inflation

Si Bruno Le Maire insiste sur le rétablissement des finances publiques, il « refuse en revanche toute politique d’austérité ». Ainsi l’indexation des prestations sociales (+5,2 % pour les retraites au 1er janvier) et du barème de l’impôt sur le revenu représenteront un coût de 25 milliards d’euros l’an prochain. « L’inflation coûte cher à l’Etat », insiste le ministre.

Et le nombre de fonctionnaires va de nouveau augmenter sensiblement : +8.273 en 2024, après +10.790 en 2023. Ce qui rend quasiment caduc l’engagement de stabilité sur le quinquennat, même si l’objectif n’est pas formellement abandonné. Le ministère de l’Intérieur bénéficiera en particulier de près de 2.700 postes supplémentaires, +1.961 pour la Justice.

Le budget alloué à la Transition écologique augmentera comme prévu de plus de 7 milliards d’euros, avec un effort particulier sur la rénovation des logements. Côté fiscal, les concessions autoroutières et aéroportuaires seront bien taxées à hauteur de 600 millions d’euros, afin de financer le rail. Et le malus auto va être fortement durci, avec l’abandon du plafond à 50 % du prix de vente, et l’abaissement du seuil de malus au poids à 1,6 tonne.

Les contraintes budgétaires obligent par ailleurs Bercy à étaler la baisse de 4 milliards de CVAE des entreprises sur quatre ans , et la baisse d’impôt de 2 milliards pour les classes moyennes est toujours prévue pour 2025 .

Recul sur les franchises médicales

Du côté de la Sécurité sociale, les comptes s’améliorent en 2023, avec un déficit de 8,8 milliards d’euros, mais ce déficit va de nouveau se creuser l’année prochaine à 11,2 milliards d’euros. Le gouvernement ambitionne pourtant de réaliser 3,5 milliards d’économie sur les dépenses d’assurance-maladie , en limitant leur hausse à 3,2 %, via notamment une baisse des prix des médicaments.

Mais sur le doublement de la franchise évoqué depuis des mois, l’exécutif semble bel et bien reculer. « Ce n’est pas une mesure législative, a expliqué Thomas Cazenave. Il y a un travail qui continue d’être mené actuellement. La question est de savoir comment mieux réguler les dépenses de médicaments, mais ce sujet doit être traité de manière plus large. Ce travail doit être notamment mené avec les professionnels de santé. » Qui ont déjà fait part de leur opposition au projet…



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