« Ce que j’ai dit sur l’homophobie, je n’aurais pas pu le dire avant… »


Après son passage dans l’émission « Quelle époque ! » sur France 2, où elle a dénoncé l’homophobie latente du cinéma, la comédienne martèle son message auprès du « Point ».






Par Katia De la Ballina


Muriel Robin vient de presenter au Festival de la fiction de La Rochelle << Les Yeux grands fermes >>, une fiction sur l'inceste tournee pour TF1.
Muriel Robin vient de présenter au Festival de la fiction de La Rochelle « Les Yeux grands fermés », une fiction sur l’inceste tournée pour TF1.
© Laurent Vu/SIPA / SIPA / Laurent Vu/SIPA

Ce samedi 16 septembre, Muriel Robin a jeté un pavé dans la mare du cinéma français. Invitée par Léa Salamé et Christophe Dechavanne dans l’émission Quelle époque ! pour évoquer la pièce de théâtre Le Lapin (de Samuel Benchetrit), dont elle partage l’affiche avec Pierre Arditi, la comédienne a affirmé que son coming out lui avait fermé les portes du 7e art : « Si on est homosexuel[le], on n’est pas désirable, on n’est pas pénétrable et quand on n’est pas pénétrable dans le cinéma, on ne vaut rien, a-t-elle asséné. Si vous êtes vieille, vous n’êtes plus pénétrée, si vous êtes moche, vous n’êtes plus pénétrée, “pénétrée”, “désirée” c’est le même mot, je dis un mot fort pour bien comprendre de quoi on parle. »

Une intervention qui a déclenché des milliers de réactions sur les réseaux sociaux (l’extrait vidéo de la séquence a touché 22,3 millions de personnes sur Twitter et 2,3 millions sur Instagram) et sur laquelle elle est revenue à l’occasion de la promotion de sa prochaine fiction Les Yeux grands fermés, qui abordera le délicat sujet de l’inceste le 2 octobre prochain sur TF1. L’actrice et humoriste a notamment expliqué pourquoi elle a attendu 30 ans avant de dénoncer ce qu’elle estime être une mise au ban des comédiens homosexuels : « Je n’aurais pas pu le dire avant comme je le fais aujourd’hui, en allant bien. Il n’y a pas très longtemps que les larmes se sont arrêtées. C’était cette année ! a-t-elle confié au Point. Mais les larmes, c’est fini, et je pense que ça se voit. Là, il ne s’agit pas de moi, car cela aurait été… vulgaire. Il n’est pas question de dire : Oh là là, je suis la pauvre comédienne à qui on ne donne pas de rôle. Ce qui est important, c’est le message. »

Au-delà de la dénonciation, Muriel Robin souhaite surtout alerter la jeune génération : « Aujourd’hui, on parle beaucoup de transparence. Les jeunes homosexuels veulent être transparents et ne pas cacher leur homosexualité. Je veux leur dire que cela ne se passera peut-être pas très bien, pas comme ils le veulent… J’aimerais que mon expérience serve ! » nous a-t-elle déclaré. La comédienne espère ainsi également susciter un débat plus large sur le sujet, qui convoquerait « des réalisateurs, des producteurs qui parleraient vrai ». Pour autant, elle ne se fait guère d’illusions quant à son résultat : « Comme c’est un peu violent, est-ce qu’ils avoueraient que lorsque le nom de Muriel Robin est arrivé sur leur table, ils ont dit non ? Non, personne ne dira ça », a poursuivi celle qui peut en revanche se prévaloir d’une belle carrière à la télé.

Muriel Robin appelle à l’organisation d’un débat sur l’homophobie au cinéma

Depuis Marie Besnard, l’empoisonneuse, qui lui a valu l’Emmy Award de la meilleure actrice en 2006, Muriel Robin a en effet enchaîné les rôles marquants sur le petit écran. On citera notamment celui de Jacqueline Sauvage, dans la fiction Jacqueline Sauvage, c’était lui ou moi (2018, TF1), ou encore Agnès Bauer, une journaliste dont le mari est accusé d’agressions sexuelles dans le téléfilm Doutes (2021, Arte) : « On notera que mon homosexualité ne pose pas de problème à la télévision, alors même qu’on n’a pas intérêt à y prendre des risques en termes d’audience… » pointe-t-elle.

De fait, Muriel Robin rassemble des millions de téléspectateurs à chacune de ses prestations télé : plus de 11 millions pour Marie Besnard, 7,7 millions pour Jacqueline Sauvage, ou encore 5,7 millions en moyenne pour la série Mon Ange diffusée en janvier 2022 sur TF1 : « C’est donc un vrai sujet, continue-t-elle. Il y a beaucoup de choses à dire là-dessus. Il y a un état des lieux et on ne peut pas le contredire. Je l’ai vécu, continue-t-elle, avant d’appeler à l’organisation d’une « conversation croisée dans un journal. J’aimerais avoir des retours, comprendre pourquoi on en est arrivé là ». L’appel est lancé !




Lien des sources